WILCOX, CHARLES SMITH, marchand et homme politique, né le 21 décembre 1852 à Windsor, Nouvelle-Écosse, fils de James Wilcox et d’Ellen Smith ; il épousa Emma Gertrude Thorn, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 11 octobre 1909 à Windsor.

Issu d’habitants du New Jersey qui s’étaient établis en Nouvelle-Écosse avant la vague loyaliste, Charles Smith Wilcox étudia à la King’s College School de Windsor. À compter de 1876, il exploita une quincaillerie dans la ville, d’abord avec son frère George H. puis avec son fils Percy, et fut aussi membre du conseil d’administration de la Windsor Foundry and Machine Company. Il participait activement aux œuvres de la congrégation anglicane de la Christ Church, et particulièrement au Laymen’s Missionary Movement. Il fut membre du conseil d’administration du King’s College, auquel il était très attaché, et maire de Windsor en 1894–1895.

Élu pour la première fois à la Chambre d’assemblée en 1894, en tant que représentant de la circonscription de Hants, Wilcox ne chercha pas à se distinguer et ne joua pas d’emblée un rôle de premier plan. Comme les 12 autres conservateurs, il préconisait l’épargne, s’opposant aux dépenses d’immobilisation « sauf en cas de nécessité absolue et urgente ». Les élections de 1897 furent désastreuses pour son parti et permirent aux libéraux de conserver l’hégémonie qu’ils exerçaient depuis longtemps. Le premier ministre George Henry Murray* y remporta la première de ses six victoires. Par contre le chef conservateur, John Fitzwilliam Stairs, le leader du parti en chambre, le docteur William MacKay*, et le meilleur porte-parole du parti, Charles Elliott Tanner, furent battus. Contre toute attente, Wilcox se trouva à diriger seulement deux conservateurs, dont aucun n’était particulièrement efficace dans les débats, jusqu’à ce que Tanner remporte une élection partielle, en 1900.

Au cours de ces années, Wilcox reprocha au gouvernement de prendre « exemple sur l’illustre [...] capitaine Jinks, qui [...] vécut toujours au-dessus de ses moyens ». Il s’opposa à ce qu’on engage de nouveaux bureaucrates, les antichambres étant déjà « remplies de messagers et de fonctionnaires qui tu[aient] le temps et [avaient] presque honte d’être aperçus en ces lieux ». Une fois, en 1899, il se montra si dur que le procureur général et commissaire des terres de la couronne James Wilberforce Longley* attira l’attention sur le fait que cet homme « extrêmement juste et tempéré d’ordinaire » s’était départi de son impartialité habituelle.

En 1898, Wilcox se lança dans la campagne qui allait faire de lui le censeur le plus tenace de la politique des terres de la couronne que le Parlement de la Nouvelle-Écosse ait connu. Il dénonça le fait que, en une vingtaine d’années, le gouvernement avait distribué des terres jusqu’à ce qu’il ne reste qu’environ 1,5 million des 2,5 millions d’acres dont il disposait. L’année suivante, apparemment en réponse à ses reproches, le gouvernement annonça la mise sur pied d’un régime de location plutôt que de concession, ce que Wilcox approuva. Cependant, il rappela à la Chambre que le Nouveau-Brunswick, grâce à l’imposition d’un droit de coupe, retirait chaque année 150 000 $ de recettes forestières alors que la Nouvelle-Écosse n’en touchait que 14 000 $, et il continua de condamner le régime en vertu duquel, en 18 ans, on avait concédé 701 268 acres à raison de 0,22 $ l’acre. « Voici, disait-il, un royaume quant à l’étendue et à la valeur, donné pour à peine plus que le prix d’un cheval. »

Pendant la même période, Wilcox déplora le sous-développement de la province et l’émigration constante de Néo-Écossais vers les « États de Boston ». La grâce accordée au « bon grit » et contrebandier d’alcool Michael McLean, de Baddeck, lui parut une grave faille dans l’administration de la justice. En 1901, avec Tanner, il proposa le suffrage universel masculin, mais le premier ministre Murray maintint les restrictions existantes en alléguant qu’un revenu de 250 $, même si c’était un cens électoral modeste, faisait vraiment une différence entre les individus. Wilcox était convaincu que les restrictions sur le droit de vote permettaient au parti gouvernemental de manipuler les listes électorales à son avantage.

Wilcox et Tanner furent défaits en 1901, mais tous deux et trois autres conservateurs remportèrent la victoire en 1906. En raison de l’expérience qu’il avait acquise, Wilcox avait davantage confiance en lui-même et s’affirmait plus aisément. Les finances de la province le préoccupaient encore beaucoup. En 1907, après des recherches approfondies, il démontra que la Strathcona Coal Company n’avait pas versé à la province toutes les redevances qui lui étaient dues. Il continuait de déplorer le départ des Néo-Écossais – au Massachusetts seulement, ils étaient 66 000 – et d’exiger des mesures qui « pourraient garder [ces] gens chez nous ». Chaque année, il intervenait fermement au sujet des terres de la couronne, concédant que s’il avait une manie, c’était bien celle-là. En 1908, il présenta une motion qui fut bien accueillie : elle demandait qu’on procède à un inventaire des terres avant d’adopter des plans d’utilisation et de préservation. L’année suivante, il fut exaspéré de découvrir que l’on avait encore concédé 25 000 acres. Il préconisait aussi une « loi [qui créerait] un système de récolte forestière au lieu de détruire [les forêts] ». Cependant, le commissaire des Terres de la couronne, William Thomas Pipes, affirmait que les concessionnaires des terres s’y opposeraient.

En 1908, Wilcox et Tanner s’en prirent à la « liste de patronage », soulignant, malgré les dénégations, qu’à partir de ce document « pervers », les libéraux se voyaient accorder la préférence dans les marchés gouvernementaux même lorsque leurs marchandises n’égalaient pas celles de leurs concurrents quant au prix ou à la qualité. L’année suivante, le commissaire des Travaux publics, Christopher P. Chisholm, dit à Wilcox que, tant qu’il serait en poste, il aurait une liste de ce genre sur son bureau. Wilcox remporta cependant une victoire, car le premier ministre Murray déclara que deux grandes institutions gouvernementales avaient adopté des listes plus complètes de fournisseurs potentiels et que les autres institutions s’en serviraient dans la mesure du possible.

Partisan enthousiaste de la tempérance, Wilcox appuya fermement en 1907 un projet de loi provincial en ce sens. L’année suivante, au premier ministre qui alléguait que cette question pourrait être tranchée seulement si l’Acte de tempérance du Canada était modifié, Wilcox répliqua qu’il fallait que la province légifère « jusqu’à la limite de son autorité » avant de « demande[r] l’assistance du Parlement fédéral ». En 1909, de nouveau chef de l’opposition parce que Tanner avait quitté son siège pour briguer les suffrages aux Communes, il s’entretint longuement de la tempérance avec le premier ministre. En attendant qu’Ottawa agisse, Murray estimait sage de s’en tenir à la prohibition locale ; selon lui, mieux valait laisser la question se régler « entre la population et le saloon que de la confier aux hommes politiques ». Indigné, Wilcox riposta qu’il était scandaleux que le pouvoir exécutif laisse la population se battre seule pour une grande cause morale.

La mort de Charles Smith Wilcox, en octobre 1909, chagrina ses adversaires politiques aussi bien que ses alliés. Le journal conservateur Halifax Herald loua chez lui « une délicatesse de goût et une noblesse d’idéaux, une douceur de caractère et de manières », qui en faisaient « un exemple précieux de gentleman chrétien et raffiné ». Pour les libéraux, il était fort différent de Tanner, qu’ils jugeaient amer, vindicatif et carrément déplaisant. Le Morning Chronicle de Halifax déclara que Wilcox, bien qu’il ait été « farouchement partisan », était « courtois dans les débats, attentif aux opinions d’autrui et modéré dans l’expression de ses vues ». Tous auraient convenu que, sans être un grand orateur, il se distinguait par sa persévérance, son intégrité, son caractère raisonnable et sa bonne volonté.

J. Murray Beck

On trouve un bref aperçu de la vie et de la carrière de Charles Smith Wilcox dans Legislative Assembly of N.S. (Elliott). La Christ Church (Anglican) (Windsor, N.-É.), RBMS, et les papiers de la famille Wilcox, PANS, MG1, 1176, no 19, renferment des détails généalogiques. Des renseignements sur ses liens avec l’Église d’Angleterre et le King’s College figurent dans les notices nécrologiques des journaux énumérés ci-dessous.

Nous traitons des faits marquants de la carrière politique de Wilcox dans le volume 2 de notre ouvrage Politics of N. S. Les Debates and proc. de la Chambre d’assemblée de la Nouvelle-Écosse pour 1895–1901 et 1907–1909, constituent la principale source ; les Journal and proc. de la Chambre d’assemblée pour la même période ont servi à déterminer le dénouement des délibérations législatives dans lesquelles il fut engagé. Pour obtenir des comptes rendus des élections auxquelles Wilcox a participé et des commentaires sur les réalisations de son parti au Parlement, nous avons examiné les numéros pertinents du Halifax Herald et du Morning Chronicle de Halifax. Les numéros du 12 et 14 oct. 1909, qui contiennent des articles sur la mort de Wilcox, des éditoriaux sur sa carrière et sa personnalité, ainsi que des comptes rendus de ses obsèques ont été praticulièrement utiles.  [j. m. b.]

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J. Murray Beck, « WILCOX, CHARLES SMITH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wilcox_charles_smith_13F.html.

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Auteur de l'article:    J. Murray Beck
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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