WHITE, GEORGE, machiniste et manufacturier, né le 4 septembre 1834 à Shute, près de Colyton, Angleterre, quatrième des dix enfants de James White, forgeron, et de Charlotte Willmington ; le 2 avril 1857, il épousa à Honiton, Angleterre, Susan Baker, et ils eurent neuf fils, dont deux moururent jeunes, et trois filles ; décédé le 7 juin 1913 dans le canton de London, Ontario.
Membre d’une « famille qui travaillait depuis des générations dans le secteur de la machinerie agricole », George White apprit le métier de machiniste à la forge de son père dans le Devon. Au printemps de 1857, il immigra dans le Haut-Canada avec sa femme, Susan Baker, et s’installa à London, où dans la même année il s’associa à Emanuel, Edwin et Eli Pavey pour fabriquer des chariots, des voitures et de petites machines agricoles. L’entreprise fut dissoute en 1864, mais White continua dans ce domaine. En outre, il fit l’acquisition d’un lot agricole près de London, sur la rivière North Thames. Avant 1871, il y bâtit une petite usine hydraulique où il produirait « tous genres de boulons pour chariots[,] voitures[,] pont[s] ou tout autre usage ».
Comme il réussissait assez bien, White forma en 1875 la Forest City Machine Bolt and Nut Works avec Lucius George Jolliffe et William Yates, inventeur et machiniste qui s’intéressait aux machines à vapeur. Jolliffe quitta l’entreprise en 1876 et Yates fit de même deux ans plus tard, mais White continua d’exploiter la Forest City Machine Works qui se spécialisait dans la production de chaudières et de machines à vapeur stationnaires et portatives.
Dans les années 1880, les machines à vapeur commençaient à révolutionner la mouture et le battage dans les fermes ontariennes : achetée par un agriculteur ou un technicien entreprenant, une machine portative alimentée au bois ou à la paille pouvait fournir de l’énergie aux batteuses de plusieurs fermes. White et la Forest City Machine Works étaient prêts à approvisionner ce marché modeste mais prometteur. Par suite de l’adoption de règlements provinciaux sur l’exploitation des chaudières et de la machinerie à vapeur, auxquels s’opposaient la plupart des manufacturiers, White eut la bonne idée d’offrir aux fermiers de suivre une formation dans ses ateliers, moyennant des frais. Stimulé encore davantage par le développement de l’agriculture dans les Prairies, le boom des machines à vapeur, qui dura de 1885 environ à 1912, détermina l’orientation de l’entreprise de White. Les machines portatives et les machines autopropulsées ou tracteurs à vapeur, beaucoup plus gros, représentaient une proportion croissante de la production de son usine de la rue King.
Conservateur, ennemi de la controverse et manifestement aimé de ses employés, White entendait bien vivre de ses « propres ressources ». Cette détermination grandit lorsque, au cours d’un voyage en Angleterre en 1882, il vit dans quel marasme économique avait sombré son village natal. White était à la tête d’une famille très unie et, à mesure que ses fils grandirent, il les fit entrer dans son entreprise à London. En mars 1889 eut lieu la fondation de la George White and Sons ; Arthur William, James Henry Baker (Harry), Hubert John et Frederick John rejoignirent officiellement leur père à la direction de l’usine, qui employait alors une quarantaine d’hommes. Deux autres fils de White s’intégrèrent par la suite à la compagnie – Ernest Albert en tant que teneur de livres et George Edward à titre de directeur de la succursale de Brandon, au Manitoba.
Constituée juridiquement en 1897, la George White and Sons Limited faisait partie des quelques producteurs de machines stationnaires, de machines portatives et de tracteurs à vapeur établis dans le sud de l’Ontario, où était concentrée cette industrie canadienne. La compagnie n’avait jamais ambitionné de fabriquer toute la gamme des machines agricoles, et l’accès qu’elle avait à quatre chemins de fer à London favorisa sûrement sa spécialisation. En 1898, elle absorba une fonderie et une usine d’instruments aratoires, la MacPherson and Company de Fingal, au sud de London, ce qui lui permit d’acquérir en même temps une gamme réputée de batteuses portatives, la gamme Challenge.
Du point de vue technique, les machines à vapeur de White, simples mais robustes, ne se distinguaient guère de celles de ses nombreux concurrents, dont Case du Wisconsin et, en Ontario, Abell, Sawyer-Massey, Bell, Waterloo, Waterous, Goodis et Macdonald. L’entreprise de White n’était certainement pas novatrice. En fait, elle s’enorgueillissait de la « simplicité de construction » de ses machines et de sa capacité d’offrir « uniquement les articles soumis aux tests les plus rigoureux, et ceux de solide réputation, et absolument rien à caractère expérimental ». Cette fiabilité et de subtiles différences mécaniques – par exemple les chaudières à retour de flamme et les graisseurs à tourillon, deux articles pour lesquels elle faisait beaucoup de publicité – devaient convenir à bien des agriculteurs. L’entreprise avait aussi d’autres atouts : d’excellentes batteuses, de la machinerie conçue pour l’Ouest, un service de réparations, des machines d’occasion ou ayant fait l’objet d’une reprise de possession, un réseau d’agences, des liens ferroviaires et les témoignages un peu apprêtés mais simplement exprimés qui remplissaient invariablement son catalogue. Grâce à tout cela, elle détenait une part modeste du marché canadien et connaissait une croissance progressive. En 1911, les White ouvrirent une nouvelle usine à London.
En dehors de cette consciencieuse gestion familiale, on sait relativement peu de chose sur le fonctionnement de la George White and Sons ou sur la vie sociale de George White. Discret, attaché à sa famille, il avait une vaste résidence dans la rue Stanley. Il appartint au Bureau de santé et au Bureau de commerce de London ainsi qu’au London Gun Club. D’abord méthodiste wesleyen, il passa à l’église anglicane St James’ Westminster. Il mourut d’une pneumonie en 1913 dans son domaine rural qui donnait sur la North Thames, Springdale Farm ; il avait conservé cette « calme retraite » pour y passer ses étés. Il fut inhumé au cimetière Woodland à London. Sa succession, estimée à plus de 130 000 $, alla à sa femme. Son fils Arthur William lui succéda à la présidence de l’entreprise familiale.
Nous remercions Peter G. White, de Toronto, de nous avoir permis de consulter sa collection de papiers sur la famille White, ainsi que S. Lynn Campbell et David Hooton, de l’Ontario Agricultural Museum à Milton, Ontario, où l’on trouve de la documentation et des publications sur l’entreprise de George White et sur plusieurs de ses machines. [d. r.]
AN, RG 31, C1, 1871, London Township, div. 4, 1 : 55 ; 6 (mfm aux AO).— AO, RG 22-321, no 11387 ; RG 55-17-33, nos 331, 384, 1087, 1257, 1307, 1354 ; RG 80-8-0-496, no 21600.— Devon Record Office (Exeter, Angleterre), Shute, reg. of baptisms and marriages.— Middlesex East Land Registry Office (London, Ontario), Abstract index to deeds, London Township, concession 4, south half lot 5 (mfm aux AO).— London Advertiser, 9 juin 1913.—Annuaires, Canada, 1896–1897 ; London, 1893 ; Ontario, 1871.— I. M. Drummond et al., Progress without planning : the economic history of Ontario from confederation to the Second World War (Toronto, 1987).— History of the county of Middlesex [...] (Toronto et Londres, 1889 ; réimpr., introd. de D. [J.] Brock, Belleville, Ontario, 1972).— Illustrated historical atlas of the county of Middlesex, Ontario (Toronto, 1878 ; réimpr., Sarnia, Ontario, 1972).— J. E. Middleton et Fred Landon, The province of Ontario : a history, 1615–1927 (5 vol., Toronto, 1927–[1928]), 4 : 515s.— B. S. Scott, « The economic and industrial history of the city of London, Canada, from the building of the first railway, 1855, to the present, 1930 » (mémoire de m.a., Univ. of Western Ontario, London, 1930).— H. S. Turner et R. W. Irwin, Ontario s threshing machine industry : a short history of these pioneer companies and their contribution to Ontario agriculture (Guelph, Ontario, 1974).
David Roberts, « WHITE, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/white_george_14F.html.
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Auteur de l'article: | David Roberts |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
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