WHELAN, PATRICK JAMES, tailleur, reconnu coupable du meurtre de Thomas D’Arcy McGee, né en Irlande vers 1840, fils cadet de William Whelan et de Mary Sullivan, de Galway ; il épousa à l’église St Patrick, le 13 février 1867, Bridget Boyle, fille de Donald Boyle et de Catherine Twite, de Kerry (République d’Irlande), dont il n’eut point d’enfant ; il fut pendu sur la place publique, à Ottawa, le 11 février 1869.

Patrick James Whelan fut mis en apprentissage chez un tailleur à l’âge de 14 ans. Il vint au Canada vers 1865 et travailla pour un tailleur de la ville de Québec du nom de Vallin. Il s’inscrivit aussi parmi les volontaires de la cavalerie. Plus tard il fut employé comme tailleur par Gibb and Company, à Montréal, et, après novembre 1867, par Peter Eagleson, un tailleur d’Ottawa. Habile dans son métier, il était amateur de chevaux, de tir et de danse, et il aimait à boire.

Quand Thomas D’Arcy McGee fut tué par une balle de calibre .32, à Ottawa, le 7 avril 1868, on supposa immédiatement que l’assassin était un fénien. Les rumeurs d’autres actes de terrorisme se multiplièrent à ce point que l’on suspendit la loi de l’habeas corpus. Moins de 20 heures après le meurtre, Whelan était arrêté. Dans sa poche, la police trouva un revolver Smith and Wesson de calibre .32 chargé à bloc. Plus de 40 autres suspects furent emprisonnés, dont Patrick Buckley, le cocher de sir John Alexander Macdonald*. Le 9 avril, Whelan fut accusé du meurtre.

Son procès devant jury se déroula à Ottawa, en septembre, devant la Cour des plaids communs. Il dura huit jours et connut un retentissement international. John Hillyard Cameron*, grand maître de l’ordre d’Orange, défendait Whelan, et James O’Reilly* agissait pour la poursuite. Le juge en chef William Buell Richards* présidait ; à côté de lui, indifférent à la question de la séparation constitutionnelle des pouvoirs, siégeait le premier ministre, sir John A. Macdonald. Les journaux notèrent les moindres détails au sujet du « tailleur aux favoris rouges ». Lors de sa première apparition devant la cour, il portait une petite cocarde verte, un gilet blanc et des boutons de manchette grenat. Le dernier jour, toutefois, il arriva vêtu de noir, et, en entendant le redoutable verdict de culpabilité, il dit, du banc des accusés : « Voilà que maintenant on me tient pour un noir assassin, et mon sang se glace. Mais je suis innocent. Je n’ai jamais versé le sang de cet homme. »

On interjeta appel devant la Cour du banc de la reine de l’Ontario. Richards, qui avait entre temps été nommé juge en chef de cette cour, donna le vote prépondérant dans la décision du tribunal rendue au mois de décembre, par deux voix contre une, de rejeter l’appel. La cause fut portée plus haut, et, en janvier 1869, Richards donna encore le vote décisif quand la Cour d’appel de l’Ontario, qui comprenait les trois juges de la Cour du banc de la reine, rejeta l’appel par six voix contre quatre. Le 11 février, du haut de l’échafaud, Whelan s’adressa à plus de 5 000 spectateurs. Il alla au-devant de la mort avec courage et foi. Moins de cinq mois plus tard, la loi était amendée de manière à interdire les pendaisons publiques au Canada.

Les autres suspects furent tous relâchés ou rapidement acquittés, y compris Buckley qui retourna à l’emploi de Macdonald. On n’eut jamais la preuve que Whelan était un fénien ou qu’il avait eu un complice.

En octobre 1973, le revolver de Whelan fut retrouvé après avoir été perdu pendant un siècle. Les analyses balistiques, conduites par des experts, ne furent pas concluantes. Il est permis de douter que Whelan fût vraiment l’assassin. L’identification qu’on a faite de lui sur les lieux du crime peut être sérieusement remise en question, et son procès, de même que les rejets de ses appels, fut entaché par des vices de procédure. Il nia toujours avoir fait feu, mais il admit, sur le point d’être pendu, qu’il « connaissait celui qui avait tiré sur M. McGee ». L’affaire est encore entourée de mystère.

T. P. Slattery

Une liste complète des sources manuscrites, dossiers et rapports, des journaux, articles et livres relatifs à cette affaire, de même qu’une évaluation critique des sources, se trouve dans la bibliographie de l’étude que l’auteur a consacrée à Whelan : « They got to find mee guilty yet » (Toronto et Garden City, N.Y., 1972) et dans ses deux articles sur les analyses balistiques récentes dans la Gazette (Montréal), 3 nov. 1973, et dans le Ottawa Journal, 22 juin 1974.  [t. p. s.]

George Spaight, Trial of Patrick J. Whelan for the murder of the Hon. Thos. D’Arcy McGee [...] (Ottawa, 1868).

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T. P. Slattery, « WHELAN, PATRICK JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/whelan_patrick_james_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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