WEBB, WILLIAM HOSTE, avocat et homme politique, né le 24 novembre 1820 dans le Hampshire, Angleterre, fils d’Edward Webb et de Sarah Ann Whitcomb ; en 1846, il épousa Isabella, fille du lieutenant-colonel William Morris, et ils eurent sept enfants ; décédé le 19 décembre 1890 à Sherbrooke, Québec.

Le père de William Hoste Webb, commandant de la marine royale, immigra au Canada avec sa famille en 1836. À ce moment, s’intensifiait l’immigration britannique sous l’action de la British American Land Company, entreprise de colonisation formée à Londres dans le but d’organiser systématiquement le peuplement britannique des Cantons de l’Est. La compagnie avait ouvert un bureau à Sherbrooke en 1835. Edward Webb s’établit dans le canton de Brompton, sur la rivière Saint-François, où il entreprit l’exploitation d’une ferme qu’il nomma Hoste Farm en l’honneur de sir William Hoste, célèbre officier sous lequel il avait servi pendant les guerres napoléoniennes. Edward Webb faisait partie de l’élite britannique qui domina la vie politique et économique des Cantons de l’Est au xixe siècle. Mais, décédé prématurément le 22 novembre 1839, c’est par son fils William Hoste que la famille Webb exercera son influence dans la région.

Webb avait fait ses études à la Royal Naval School de Londres. Quelques années après son arrivée au Canada, de 1841 à 1843, il est secrétaire du conseil de district de Brompton et de la commission scolaire, et il représente Brompton à la nouvelle municipalité du canton en 1845. Ce n’est pourtant que dans les années 1850 que commence véritablement sa vie publique. Clerc dans l’étude Mack and Muir, de Montréal, il est admis au Barreau du Bas-Canada en 1850, et il occupe le poste de préfet des cantons de Melbourne et de Richmond de 1855 à 1857, et de nouveau de 1879 à 1883. À la suite des élections de 1857–1858, il fait son entrée à l’Assemblée législative du Canada-Uni comme représentant du nouveau comté de Richmond et Wolfe. En 1853, le comté de Sherbrooke avait été subdivisé afin de former les comtés de Compton et de Sherbrooke et Wolfe. D’après certains historiens, un tel remaniement de la carte électorale avait pour but d’augmenter la représentation anglophone en chambre. « L’invasion pacifique » des Cantons de l’Est par les Canadiens français au milieu du xixe siècle donne à cette hypothèse tout son poids. De toute façon, la fusion des comtés de Richmond (nom du comté de Sherbrooke depuis 1855), qui est d’après le recensement de 1861 à 85 p. cent anglophone, et de Wolfe, francophone à 82 p ; cent, a nettement marqué la vie politique de Webb. Élu sans opposition francophone en 1857 comme candidat ministériel, il est défait en 1861 par Charles de Cazes*, qui devient ainsi le premier député de langue française des Cantons de l’Est. Mais le groupe anglophone de Richmond prend sa revanche en 1863, et Webb revient au parlement où il appuie fermement le projet de confédération. En 1867, il conclut une alliance avec un candidat canadien-français, le notaire Jacques Picard, de Wotton. Webb appuiera Picard au provincial et Picard appuiera Webb au fédéral. En fait, Picard aurait préféré un mandat à la chambre des Communes, convaincu que les Canadiens français avaient « besoin de plus de membres de leur origine à Ottawa qu’au parlement de Québec ». Mais plutôt que de courir le risque de perdre « le membre auquel les Canadiens-français ont droit », les votants anglophones étant plus nombreux dans l’ensemble du comté, il accepte la scène provinciale. En retour, il exige l’alliance qui garantit la double victoire du parti conservateur et le partage du pouvoir politique entre les anglophones et les francophones du comté. Ce type d’alliance se généralisera dans les Cantons de l’Est jusqu’à la fin du xixe siècle. Elle sera même le plus sûr garant de la bonne entente entre les deux groupes ethniques.

Aux élections de 1874, qui suivent le scandale du Pacifique, Webb est défait, mais le parti conservateur le récompense de ses 15 années de service en le nommant conseiller législatif pour la division de Wellington. Il occupe ce siège de 1875 à 1887, date à laquelle le gouvernement d’Honoré Mercier* le nomme shérif du district judiciaire de Saint-François, à la suite d’un arrangement par lequel Webb démissionne en faveur du libéral Francis Edward Gilman. C’est dans l’exercice de ses fonctions de shérif que meurt Webb, de façon dramatique, le 19 décembre 1890, faisant une crise d’apoplexie quelques minutes avant une exécution à la prison de Sherbrooke.

Andrée Désilets

AC, Saint-François (Sherbrooke), Minutiers, William Ritchie, 23 sept. 1846.— APC, RG 31, A1, 1851, 1861, comtés de Compton, Richmond-Wolfe et Sherbrooke.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux, 1846 ; 1854–1855 ; Statuts, 1854–1855, c.55 ; 1860, c.135.— Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 23 déc. 1890.— La Minerve, 4 avril 1873, 13, 20, 23 déc. 1890.— Le Pionnier de Sherbrooke (Sherbrooke, Québec), 10 nov. 1866, 9 mars, 10 avril, 4 mai, 28 juin, juill.–oct. 1867, 27 nov. 1868, 27 mai 1869, 29 déc. 1876, 17 mars 1887, 19, 26 déc. 1890.— Sherbrooke Gazette and Eastern Townships Advertiser, 15 janv., 16 août 1858, 29 janv., 4 mai 1859, 8 août 1863, 28 janv. 1865.— Stanstead Journal (Rock Island, Québec), mars 1887, 25 déc. 1890.— Canadian biog. dict., I : 27s.— CPC, 1869 ; 1872.— J. Desjardins, Guide parl.— G. Turcotte, Le Conseil législatif de Québec, 298s.— L. S. Channell, History of Compton County, and sketches of the Eastern Townships, district of St. Francis, and Sherbrooke County [...] (Cookshire, Québec, 1896 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1975).— Rumilly, Hist. de la prov. De Québec, II–III.

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Andrée Désilets, « WEBB, WILLIAM HOSTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/webb_william_hoste_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    28 novembre 2024