WEBB, JAMES, officier de marine, gouverneur de Terre-Neuve, né probablement en Angleterre, décédé à Plymouth Sound, Angleterre, le 14 mai 1761.
En 1728, James Webb servit dans la marine royale comme volontaire à bord du Success. Après s’être distingué en capturant plusieurs corsaires français, il fut élevé au grade de capitaine de frégate en 1746. Au début de la guerre de Sept Ans, Webb commanda plusieurs navires, le Speedwell, le Sunderland, le St Albans et le Hampton Court, et démontra de nouveau son habileté en pourchassant des navires ennemis. Nommé gouverneur de Terre-Neuve et commandant de l’escadre annuelle en mai 1760, il arriva à St John’s à bord de l’Antelope à la fin de juin. En août, il s’embarqua à la recherche de navires ennemis qui faisaient la pêche sur la côte française ; à Noddy Harbour, situé près de Quirpon, sur la pointe septentrionale de l’île, il eut tôt fait de capturer le Tavignon, corsaire français chargé de 3 600 quintaux de poisson, et incendia des navires et des échafauds français.
Peu après, on amena à Webb trois Esquimaux du Labrador qui avaient été faits prisonniers au détroit de Belle-Isle ; il les traita avec bienveillance et les conduisit à la baie des Châteaux (Chateau Bay). Il leur offrit des présents tels que « du suif à manger, ce [qui constituait] pour eux un mets délicieux, puisqu’ils [étaient] de vrais cannibales ». Par la suite, plus de 20 canots d’Esquimaux arrivèrent à la baie des Châteaux apportant avec eux des fanons de baleine pour en faire le commerce. Webb conclut un pacte d’amitié avec un « fils de roi » en lui offrant une vieille tente. Il décrivit la baie des Châteaux comme « l’une des plus belles baies qu’il ait jamais vues de sa vie », ajoutant qu’ « aucun navire ne pouvait entrer dans les détroits ni en sortir sans être aperçu de cette baie » ; il en prit officiellement possession au nom de la couronne, la rebaptisant York Harbour et dressant minutieusement la carte de ses nombreux détroits.
En 1760, Terre-Neuve était un endroit tranquille et assez prospère. L’île comptait une population permanente d’environ 8 000 habitants, établis principalement autour de la péninsule d’Avalon ; 1 000 personnes vivaient à St John’s. En juillet et en septembre, Webb y tint des assises, procédant à l’audition de litiges relatifs aux pêcheries. Il nomma des juges et des substituts pour administrer la justice dans les petits villages de pêcheurs, tenta de supprimer le commerce illégal, confirma les titres de propriété de plusieurs marchands et colons et s’efforça de rendre justice à certains employés maltraités par les marchands de poisson.
Au début de novembre, Webb escorta les bateaux de pêche chargés vers les marchés d’Espagne et du Portugal. Les marchands anglais de Lisbonne le remercièrent « pour le grand soin qu’il avait pris du commerce de Terre-Neuve cette année-là, selon le témoignage de tous les patrons de navires marchands ». À la mi-février 1761, l’Antelope se trouvait de nouveau à Portsmouth. Webb s’occupa de radouber son escadre pour la saison de 1761 ; plus tard en février, il dut consulter des médecins de Londres, étant « sévèrement affligé d’un trouble nerveux dans la tête, dû à la goutte, qui l’avait fait souffrir pendant presque tout le voyage ». Grâce à l’air de la campagne, il put se rembarquer sur son bateau à la mi-mars, et, de Plymouth, le 1er mai, annonça à l’Amirauté qu’il était presque prêt à appareiller. Quatorze jours plus tard, il était décédé.
Webb et sa famille habitaient près de Plymouth, à Plympton, petite ville dotée d’un marché. Il possédait apparemment une propriété considérable et d’importantes sommes investies dans des valeurs, qui lui venaient peut-être des butins en espèces acquis au cours des années. Il légua sa fortune à sa femme, Grace, et à sa fille unique.
James Webb fut le gouverneur dont Terre-Neuve avait besoin à cette époque, alors qu’une protection navale efficace pour les pêcheries constituait la principale nécessité de l’île. En 1760, 125 bateaux de pêche anglais, transportant plus de 3 500 marins, arrivèrent à Terre-Neuve. Les pêcheurs anglais et les habitants de Terre-Neuve produisirent ensemble au-delà de 400 000 quintaux de poisson, dont la majeure partie fut exportée vers les marchés étrangers. Aucun navire ne fut perdu à l’ennemi et les ports de la région septentrionale de l’île furent complètement débarrassés des corsaires. Toutefois Webb ne fut pas uniquement un habile commandant de la marine. Il comprit l’importance des pêcheries septentrionales et les possibilités de la baie des Châteaux comme base navale. Ses propositions conciliantes aux Esquimaux ouvrirent la voie aux politiques des gouverneurs subséquents qui amenèrent la côte du Labrador sous le ferme contrôle des Anglais.
PANL, Nfld., Dept. of Colonial Secretary, Letter books, III.— PRO, Adm. 1/2 665, 1/2 666, 2/84, 6/13, 6/17, 36/4 884, 51/50 ; CO 194/15, 195/8, 195/9 ; Prob. 11/868, f.305.— Lloyd’s Evening Post and British Chronicle (Londres), 20 mai 1761.— London Chronicle, 16–19, 21–23 mai 1761.— PRO, JTP, 1759–1763.— Charnock, Biographia navalis, VI.— Prowse, History of Nfld.
William H. Whiteley, « WEBB, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/webb_james_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
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