WATSON, WILLIAM, minotier, homme d’affaires et conseiller municipal, né à Bannockburn, Écosse, fils de John Watson, meunier de l’endroit, et de Helen Walker, décédé à Montréal le 8 avril 1867.

John Watson émigra à Montréal en 1801 avec sa femme et ses cinq enfants. Il s’établit comme meunier, dans le faubourg des Récollets où il pouvait utiliser l’eau du canal de l’île des Sœurs ; il se mit à moudre du blé et d’autres grains qu’il destinait au marché local et à l’exportation. En 1811, il prit pour associé l’un de ses parents, Alexander Ogilvie ; le mariage de celui-ci avec Helen, la fille de John, resserra les liens entre les Ogilvie et les Watson.

William Watson participa à l’entreprise dès son jeune âge, et, lorsque son père mourut en 1819, il demeura associé avec Ogilvie. Il semble que l’établissement prospéra dans les années 10 et 20, au cours desquelles le commerce d’exportation des céréales canadiennes connut une période d’expansion générale. En 1837, le moulin fut déménagé à l’écluse Saint-Gabriel, sur le canal de Lachine, où il devint l’une des premières industries de Montréal à utiliser l’énergie hydraulique engendrée par les rapides de Lachine.

En 1843, le Canada Corn Act permit l’entrée en Grande-Bretagne, contre un droit de douane nominal, de la farine produite au Canada. Cette législation donna un essor considérable à la meunerie canadienne. De nouveaux moulins furent construits le long de la voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs, dont un grand nombre près des canaux qui faisaient partie de cette voie. L’élargissement du canal de Lachine, en 1846, attira des industriels à Montréal ; l’un des plus gros moulins à s’établir en bordure de ce canal fut celui d’Ira Gould en 1847. Gould, qui s’associa à John Young*, devint un important producteur presque du jour au lendemain.

Des producteurs tels que Watson, Ogilvie et Gould, qui possédaient les fonds requis pour construire de vastes moulins, bien équipés et largement mécanisés, furent en mesure de tenir le coup lorsque, vers la fin des années 40 et au début des années 50, l’industrie subit des transformations. Le gouvernement impérial n’accordait plus de privilèges aux minotiers canadiens, mais le marché intérieur des céréales se développait. Cependant les récoltes de blé diminuaient dans les seigneuries du Bas-Canada ; afin de répondre à la demande de farine dans cette région, des minotiers comme Watson achetaient du blé aux États-Unis. Le blé du Haut-Canada, qui atteignait des prix plus élevés, était moulu à l’intention des consommateurs américains, tandis que l’on destinait aux Maritimes celui qui était moins cher. Le moulin de Watson et Ogilvie produisit une large part de la farine canadienne destinée à ces marchés.

Au début des années 50, la fabrication des farines s’avérait tellement rentable que Watson et Alexander Ogilvie élargirent considérablement le champ de leurs opérations. En 1852, ils bâtirent un autre moulin, celui de Glenora, sur leur terrain près de l’écluse Saint-Gabriel. Ils s’adjoignirent comme associé Alexander Walker Ogilvie*, fils aîné d’Alexander, et, à titre temporaire, le beau-frère de celui-ci, James Goudie. Au nouveau moulin, on produisit de la farine et on exécuta, moyennant une redevance qui s’élevait ordinairement à 10 p. cent, des commandes relatives à des denrées comme l’orge et les pois. La guerre de Crimée fit augmenter en Grande-Bretagne la demande de grains et de farine venant de l’Amérique du Nord, et le traité de réciprocité de 1854 ainsi que la guerre de Sécession de 1861 fournirent d’autres occasions de faire de gros profits. En fait, il devenait de plus en plus difficile pour les minotiers de Montréal de s’approvisionner en blé de qualité. Lorsque l’on accrut la capacité de production du moulin de Glenora durant les années 50 (en ajoutant des meules et en louant d’autres entrepôts), il fallut augmenter le nombre des agents chargés d’acheter du blé dans le Haut-Canada. Un autre fils d’Alexander Ogilvie, John, se joignit à l’entreprise en 1865 et consacra la plus grande partie de son temps à parcourir l’ouest du Haut-Canada en vue d’assurer la fourniture de blé.

Alexander Ogilvie mourut en 1858. La société, en réalité, était dirigée par les Ogilvie : Watson, qui avait pris de l’âge, s’était fait remplacer par ses jeunes et dynamiques neveux ; elle devint alors la firme A. W. Ogilvie and Company. Watson demeura toutefois associé à l’entreprise. Il avait également abandonné, en 1857, le poste d’inspecteur de la farine à Montréal, auquel poste il avait remplacé son frère aîné, Robert, en 1827.

À part le fait qu’il remplit à trois reprises les fonctions de conseiller municipal de Montréal (1843–1845), Watson se consacra principalement aux affaires. Comme la plupart des autres commerçants de cette ville, il avait des intérêts financiers dans les domaines les plus divers. L’inventaire de ses biens, dressé après sa mort en 1867, fournit de précieux renseignements sur la façon dont le bourgeois montréalais moyen du milieu du xixe siècle participait, dans plusieurs domaines, au développement économique de cette ville. Il révèle que Watson possédait, outre ses intérêts dans le moulin à farine, des hypothèques sur des biens immobiliers répartis dans toute la ville, des terrains et propriétés à louer sur lesquels il pouvait spéculer, des actions dans une mine de fer, dans les chemins de fer interurbains et les tramways et à la Bourse de Montréal, et plus de $18 000 en comptes à recevoir qui étaient, pour la plupart, non recouvrables. À eux seuls, ses biens immobiliers valaient une fortune ; ils comprenaient deux fermes sur l’île de Montréal, l’une à Lachine et l’autre à Hochelaga, 13 fermes dans les Cantons de l’Est, huit lots à Montréal dont il partageait la propriété avec le brasseur William Dow et 61 autres lots sur l’île de Montréal. Il possédait également, dans la ville, 32 propriétés dont il tirait, en 1867, un revenu annuel de près de $10 000.

À l’exception des legs qu’il fit au Montreal General Hospital, à la Montreal Ladies Benevolent Society et au Protestant Orphan Asylum, Watson, qui était célibataire, laissa ses biens – y compris sa part dans l’entreprise – à la famille Ogilvie. À son décès, la fabrication des farines, qu’il avait contribué à mettre sur pied à Montréal, était devenue l’une des principales industries de la ville et la firme à laquelle il avait été associé était sur le point de connaître un essor considérable.

Gerald Tulchinsky

Archives privées, Watson Ogilvie (Beaconsfield, Québec), Resources of the estate Watson, 1867–1870.— Coll. Elgin-Grey (Doughty), II : 472 ; III : 1 193, 1 198.Select documents in Canadian economic history, H. A. Innis et A. R. M. Lower, édit. (2 vol., Toronto, 1929–1933), II : 267, 284s., 353s.— J. G. Clark, The grain trade in the old northwest (Urbana, Ill., 1966).— Jean Delage, L’industrie manufacturière, Montréal économique, Esdras Minville, édit. (Montréal, 1943), 217.— P. W. Gates, The farmer’s age : agriculture, 1815–1860 (New York, 1960).— Hist. de la corporation de la cité de Montréal (Lamothe et al.), 205s.— R. L. Jones, History of agriculture in Ontario, 1613–1880 (Toronto, 1946), 135, 192, 216.— C. B. Kuhlmann, The development of the flour milling industry in the United States with special reference to the industry in Minneapolis (Boston, 1929), 60–64.— D. A. MacGibbon, The Canadian grain trade (Toronto, 1932), 10–22.— D. C. Master, The reciprocity treaty of 1854 : its history, its relation to British colonial and foreign policy and to the development of Canadian fiscal autonomy (Londres et Toronto, 1936), 110s.— Montreal in 1856 ; a sketch prepared for the celebration of the opening of the Grand Trunk Railway of Canada (Montréal, 1856).— The Ogilvies of Montreal, with a genealogical account of the descendants of their grandfather, Archibald Ogilvie, with portraits and views (Montréal, 1904).— G. R. Stevens, Ogilvie in Canada, pioneer millers, 1801–1951 (Montréal, s.d.), passim.— The development of the flour and grist milling industry in Canada, Canadian Bankers’ Assoc., Journal (Toronto), 30 (1923) : 488–495.— Douglas McCalla, The Canadian grain trade in the 1840’s, the Buchanans’ case, CHA Historical Papers, 1974, 95–114.

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Gerald Tulchinsky, « WATSON, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/watson_william_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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