WATSON, ROSETTA ERNESTINE (Carr), photographe et femme d’affaires, née en 1845 dans le canton de Drummond, Haut-Canada, fille de Henry Watson, fermier, et de Rosetta Goodall ; elle épousa un dénommé Carr, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 6 juillet 1907 à Ottawa.
Le grand-père paternel de Rosetta Ernestine Watson était un soldat britannique qui s’était établi dans le canton de Drummond après la guerre de 1812. Le recensement de 1871 indique qu’elle était à ce moment encore célibataire et qu’elle vivait avec sa famille. Elle acquit sa formation de photographe à New York, à New Haven dans le Connecticut et au studio de William Notman* à Ottawa. En 1884, un an après s’être installée à Winnipeg, Rosetta Carr acheta la Searl and Company, le cabinet de photographie de George Searl. La presse locale ne fit pas mention du nom de l’acheteuse, et celle-ci rebaptisa son acquisition American Art Gallery au lieu de lui donner son nom, probablement parce que sa situation de femme propriétaire d’entreprise était inusitée. Des documents ultérieurs la désignent comme veuve, mais on ne possède pas de renseignements sur la date de son mariage ni sur son mari. Sa réclame proposait « les services d’un excellent artiste de Cleveland, dans l’Ohio » (on ignore s’il s’agissait d’elle-même ou d’un membre de son personnel), et du studio le mieux équipé de Winnipeg. Searl resta à son service plusieurs années, et elle eut d’autres employés. En tant qu’ « artiste photographe », Rosetta Carr était rompue à diverses techniques, prenait ses modèles dans différentes poses et faisait de la retouche aussi bien à l’aquarelle qu’à l’huile.
La prospérité soudaine du début des années 1880 fit plus que doubler le nombre de studios de photographie à Winnipeg. Rosetta Carr devait donc maintenir un haut degré de qualité pour soutenir la concurrence. Elle connaissait bien l’emploi, nouveau à Winnipeg, de l’émulsion à la gélatine et en vint à adopter des procédés plus perfectionnés, tels le crayon à retouches et la platinotypie. Pour se tenir au courant et, à l’occasion, recruter du personnel, elle visitait des galeries aux États-Unis et dans les provinces centrales du Canada. En outre, elle recourait à diverses techniques commerciales afin de maintenir son entreprise dans les premiers rangs : prix spéciaux pour les photographies de bébés et d’enfants, cadeaux, coupons, timbres-primes, tarif réduit les jours de congé, programmes spéciaux avec expositions gratuites et musique. La galerie attirait aussi la clientèle en raison de son aménagement. On y trouvait des salons joliment meublés, de grands studios dotés d’un excellent éclairage ainsi que des salles d’habillage et des ateliers équipés « de toutes les commodités et du matériel le plus moderne ». Les salons, où l’on se sentait « comme chez soi », furent redécorés en 1891.
Toutefois, ce qui faisait la force de Rosetta Carr, c’était la qualité de son travail. Ses portraits, surtout, suscitaient l’admiration. Qu’il s’agisse d’enfants ou de personnages publics tels le premier ministre de la province, John Norquay*, ou l’archevêque catholique de Saint-Boniface, Alexandre-Antonin Taché*, ses sujets apparaissent au naturel, dans un subtil jeu d’ombre et de lumière. Son œuvre comporte aussi de nombreux portraits de groupes – infirmières d’hôpital, collégiens, adeptes du toboggan, joueurs de hockey et membres d’organisations de toutes sortes – et des paysages, de Port Arthur (Thunder Bay, Ontario) jusqu’aux Rocheuses. Rosetta Carr participait souvent à des expositions. Elle s’enorgueillissait d’avoir reçu en 1886 un diplôme et une médaille à la Colonial and Indian Exhibition de Londres et elle obtint fréquemment des prix dans la section des beaux-arts de la Winnipeg Industrial Exhibition. En 1893, comme on lui avait accordé le droit exclusif de photographier les terrains de l’exposition, ses collègues boycottèrent l’événement. Seule photographe inscrite dans la catégorie des professionnels, elle exposa plusieurs centaines d’œuvres et rafla tous les prix.
Des problèmes de santé assombrirent les dernières années de Rosetta Ernestine Watson Carr à la tête de l’American Art Gallery. Elle la vendit en 1899 puis s’installa à Ottawa. À sa mort, on rappela que cette photographe talentueuse et renommée avait été une femme d’affaires avisée : malgré les fluctuations de la conjoncture économique à Winnipeg, elle avait réussi à faire prospérer son entreprise durant 16 ans.
Les PAM possèdent des photographies prises par Rosetta Ernestine Carr.
Arch. privées, Elizabeth Blight (Winnipeg), Elizabeth Blight, « Early photographers in Winnipeg » (texte dactylographié, 1990).— EEC, Diocese of Ottawa Arch., Perth, Ontario, reg. of baptisms, 25 mai 1845.— PAM, ATG 25, file 4916.— Daily Nor’Wester (Winnipeg), 17 déc. 1894.— Manitoba Morning Free Press, 20 déc. 1886, 4 janv. 1887, 9 sept. 1889, 5 août 1890, 28 sept., 1er oct. 1891, 23 juill. 1892, 27 juin, 25 juill., 8, 10 oct., 10 déc. 1894, 22 nov. 1897.— Manitoba Sun (Winnipeg), 20 juill. 1888.— Perth Courier, 29 sept. 1893.— Winnipeg Siftings, 1er mars 1884.— Winnipeg Tribune, 1er août, 14 sept. 1891, 15 avril, 14, 18, 24 juill., 2 oct. 1893, 23 févr., 16 mai, 24, 25 juill., 16 oct., 3 nov., 19, 22 déc. 1894, 15 avril, 6 juill. 1895, 25 avril, 4 mai 1896, 28 oct. 1897, 18 avril, 22 sept., 15 oct. 1899, 12 juill. 1907.— Annuaire, Manitoba, 1883–1893.— R. A. Greenhill, Early photography in Canada ([Toronto, 1965]).— Portrait of a period : a collection of Notman photographs, 1856–1915, introd. d’E. A. Collard, J. R. Harper et S. G. Triggs, édit. (Montréal, 1967).
Virginia G. Berry, « WATSON, ROSETTA ERNESTINE (Carr) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/watson_rosetta_ernestine_13F.html.
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Auteur de l'article: | Virginia G. Berry |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |