WARREN, JOHN HENRY, marchand, homme politique et fonctionnaire, né vers 1812 dans le Devon, Angleterre, l’un des cinq enfants de William Warren, capitaine de voilier et marchand de provisions opérant à partir de St John’s ; il se maria et eut au moins deux fils et trois filles ; décédé le 28 avril 1885 à Belgrave Terrace, Torquay, Angleterre.
On sait peu de chose de l’enfance de John Henry Warren. À la fin des années 1830, il était engagé en association avec William Wheatley dans le commerce du poisson et dans celui de gros et de détail à St John’s. La firme fit faillite en 1840 et, l’année suivante, Warren fonda sa propre entreprise, une affaire de taille moyenne qui exportait du poisson en Europe et s’occupait du ravitaillement des phoquiers. Pour ce dernier commerce, Warren achetait ses produits manufacturés par l’entremise d’un représentant en Grande-Bretagne et il les vendait généralement à un plus bas prix que la plupart des autres marchands de la ville. Onze des bateaux nouvellement immatriculés à Terre-Neuve entre 1841 et 1853 appartenaient à Warren. Bien qu’il perdit ses locaux dans l’incendie qui détruisit une grande partie de St John’s en 1846, Warren ne tarda pas à les reconstruire et continua de faire des affaires jusqu’en avril 1851 ; il se déclara alors en faillite et loua, semble-t-il, sa propriété à des marchands locaux pour une somme de £265 par an. Un an plus tard, il entreprit sa longue carrière sur la scène politique de Terre-Neuve.
À titre de conservateur, Warren remporta la victoire dans sept des neuf élections qui eurent lieu entre 1852 et 1878. Sauf en 1873, il représenta toutes ces années le district de Bonavista Bay. Dans les années 1850, ce district passait généralement pour un bourg pourri tory. Cette réputation reflétait l’influence considérable que les hommes politiques conservateurs pouvaient exercer dans cette région à prédominance protestante grâce à leurs relations commerciales à St John’s, notamment la J. and W. Stewart and Company, la Baine, Johnston and Company et la Brooking and Company, qui avaient toutes des succursales dans le district de Bonavista Bay. Les conservateurs protestants pouvaient aussi utiliser des arguments sectaires contre leurs adversaires libéraux catholiques, comme ils le firent lors des élections de 1855 ; cette année-là, on créa un comité central protestant à St John’s pour coordonner la campagne, mais les libéraux dirigés par Philip Francis Little* gagnèrent quand même les élections. En fin de compte, Warren habitait St John’s, mais il en appela aux électeurs de Bonavista Bay car, à l’instar de la plupart des habitants de la région, sa famille était originaire du Devon et de tels liens constituaient un atout appréciable sur la scène politique de Terre-Neuve.
Après que le gouverneur sir Alexander Bannerman* eut dissous le gouvernement libéral dirigé par John Kent* et désigné un gouvernement conservateur ayant à sa tête Hugh William Hoyles en 1861, Warren fut nommé arpenteur général et président du bureau des Travaux publics. Ce dernier poste, qu’il occupa jusqu’en 1865, entraînait la responsabilité de tous les édifices, établissements et routes publics de la colonie. Il constituait aussi la principale source de distribution de fonds publics et, partant, donnait droit de regard sur la dispensation des faveurs politiques. En soutenant l’union avec le Canada, les conservateurs favorables à la Confédération furent défaits aux élections générales de 1869 par une alliance de catholiques et de marchands de la rue Water, dirigée par Charles James Fox Bennett, et Warren lui-même ne réussit pas à se faire élire dans le district de Bonavista Bay. Désavouant par la suite toute inclination pour la Confédération, les conservateurs, maintenant sous la direction de Frederic Bowker Terrington Carter*, s’étaient regroupés en 1873, et l’essentiel de leur programme politique aux élections de cette année-là faisait appel à des attitudes sectaires. Warren et William Wallace Whiteway* surent tirer profit de l’organisation des loges orangistes et remportèrent la victoire dans le district protestant de Trinity en compagnie de J. Steer. Le parti de Bennett reprit le pouvoir, mais il dut bientôt démissionner. De nouvelles élections eurent lieu en 1874, et Carter obtint une majorité considérable. Réélu dans son ancienne circonscription de Bonavista Bay grâce aux loges orangistes influentes du district, Warren fut de nouveau nommé arpenteur général. Il subit la défaite aux élections suivantes, tenues en 1878, et le premier ministre Whiteway le nomma au Conseil législatif le 13 janvier 1879. Il en fit partie jusqu’à sa mort.
Warren représente peut-être le type du marchand de St John’s qui devint un homme politique. Il se servit habilement des animosités confessionnelles régnant parmi les électeurs des petits villages de pêcheurs pour faire des gains politiques. De plus, par l’entremise de son gendre Charles R. Bowring, un des principaux marchands de St John’s, il exerça une certaine influence sur la vie politique et économique de la ville et se révéla un ardent défenseur et protecteur des intérêts de la classe commerçante pendant de nombreuses années, tant à la chambre d’Assemblée que plus tard au Conseil législatif.
Maritime Hist. Group Arch., Board of Trade ser. 107–108 (entrées à John Henry Warren) ; Warren name file.— Supreme Court of Newfoundland (St John’s), Registry, testament de John Henry Warren, 7 oct. 1885.— T.-N., Blue book, 1852–1885 ; House of Assembly, Journal, 1852–1886.— Royal Gazette (St John’s), 1843–1882.— Devine, Ye olde St. John’s.— Gunn, Political hist. of Nfld.— J. K. Hiller, « Confederation defeated : the Newfoundland election of 1869 » (communication non publiée présentée à la SHC, 1976).— Prowse, Hist. of Nfld. (1895).— Elinor Senior, « The origin and political activities of the Orange Order in Newfoundland, 1863–1890 » (thèse de m.a., Memorial Univ. of Newfoundland, St John’s, 1959).
Melvin Baker, « WARREN, JOHN HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/warren_john_henry_11F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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