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WALKER, JAMES, fermier, officier de milice et de la Police à cheval du Nord-Ouest, directeur de ranch, homme d’affaires et officier de l’armée, né le 14 avril 1846 près de Carluke, Haut-Canada, fils de James Walker et de Margaret Allison ; le 17 mai 1876, il épousa à Galt (Cambridge), Ontario, Euphemia (Effie) Davidson Quarrie, et ils eurent un fils ; décédé le 31 mars 1936 à Calgary.
Originaire du canton d’Ancaster, au sud-ouest de Hamilton, James Walker était le cinquième d’une famille de sept enfants nés de parents écossais presbytériens. Il apprit le métier d’exploitant agricole auprès de son père, cavalier accompli et laboureur ; à l’âge de 18 ans, il administrait déjà la ferme familiale. Walker hérita également de son père un attrait pour la vie militaire. En 1866, il s’inscrivit à un cours de formation de trois mois, donné à Toronto par le 2nd Battalion du 17th Regiment, expérience qu’il répéta quatre ans plus tard. Ce fut en 1871 qu’il goûta pour la première fois à la milice active, lorsqu’il se joignit au 37th (Haldimand) Battalion of Infantry durant la deuxième campagne contre les fenians [V. John O’Neill*].
En 1873, déjà promu au grade de major, Walker suivit une formation d’artilleur à Kingston, en Ontario, où il s’attira l’admiration du lieutenant-colonel George Arthur French*. En sa qualité de premier commissaire de la nouvelle Police à cheval du Nord-Ouest, French le persuada d’intégrer ce corps de police en lui offrant le grade d’inspecteur adjoint. Après son enrôlement, Walker mit le cap sur l’ouest ; il reviendrait cependant en Ontario au moins une fois, pour épouser la fille d’un sellier de Galt.
Constatant la capacité de Walker à s’occuper autant des hommes que des chevaux, French sollicita son aide pour le recrutement et lui confia la responsabilité de convoyer plus de 200 chevaux de Toronto à Dufferin, au Manitoba. La carrière de Walker dans la police fut diversifiée et mouvementée. Il participa à la célèbre Longue Marche vers l’ouest de 1874 et fonda le poste de Battleford (Saskatchewan) en 1876. Véritable colosse, il incarnait la vigueur si souvent associée aux premiers membres de la Police à cheval du Nord-Ouest. Par exemple, durant la Longue Marche, il rattrapa un groupe de chevaux échappés de Dufferin, parcourant 120 milles en 24 heures, à dos de cheval, et ramenant les bêtes pratiquement sans aide ; de même, durant l’hiver de 1874–1875, il pourchassa un déserteur sur une distance de 60 milles avant de le reconduire au camp, ligoté à un cheval. Au cours des années suivantes, Walker joua un rôle déterminant dans le maintien de la paix lors des paiements aux autochtones promis par les traités. À deux reprises, il prévint une explosion de violence en se montrant ferme avec des chefs mécontents, Kamīyistowesit*, au lac aux Canards (Duck Lake, Saskatchewan) en 1877, et Mistahimaskwa*, au lac Sounding (Alberta) en 1878. À d’autres occasions, son caractère indépendant et sa façon pragmatique de traiter des questions autochtones lui valurent la désapprobation des autorités à Ottawa. On lui reprocha d’avoir érigé une palissade autour du poste de Battleford, une initiative qui se révélerait pourtant très opportune lors du soulèvement du Nord-Ouest de 1885 [V. Pītikwahanapiwīyin*], et d’avoir distribué de la nourriture à des autochtones affamés avant la livraison des rations autorisées.
Walker quitta la Police à cheval du Nord-Ouest en 1881 pour devenir directeur des opérations au nouveau ranch du sénateur Matthew Henry Cochrane* dans les contreforts des Rocheuses, en Alberta. Recommandé par Edgar Dewdney*, lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest, qu’il avait connu à l’époque des paiements promis par les traités, Walker avait probablement pris sa décision à la suite d’une rencontre avec sir John Alexander Macdonald*, dont les responsabilités ministérielles comprenaient la Police à cheval du Nord-Ouest. Ce travail s’avéra toutefois peu satisfaisant. En 1881, et de nouveau en 1882, Walker se rendit dans le territoire du Montana afin d’y acheter du bétail qu’il reconduisit dans la propriété de Cochrane, mais il vit ces troupeaux périr, victimes du froid extrême et de la faim. Il quitta son emploi chez Cochrane à la fin de 1882, après avoir acheté la scierie du ranch. Il transporta celle-ci au fort Calgary [V. John Glenn*], où il avait obtenu une concession de terre en bordure de la rivière Bow, et démarra ses activités d’éleveur et de fermier, en plus de celles liées à la scierie.
Durant les 30 années qui suivirent, Walker apporta une contribution inestimable à la croissance de la jeune ville de Calgary. Partisan de la première heure d’une culture mixte, il fut l’un des pionniers de la pratique sérieuse de l’agriculture expérimentale dans la région. Son entreprise, Bow River Saw and Planing Mills, fournit une partie importante des matériaux de construction de la ville en plein essor, dont ceux pour les nouvelles casernes de la Police à cheval du Nord-Ouest en 1883. Juge de paix et notary public, Walker présida le comité qui milita pour ériger la ville en municipalité en 1884. L’année suivante, il devint le premier président du Bureau de commerce ; il fut l’instigateur de la création du premier district scolaire de Calgary, mit sur pied une milice pour protéger la ville durant la rébellion du Nord-Ouest et, pour communiquer entre son bureau et sa scierie, séparés par une distance de deux milles, installa les premiers téléphones de la ville. En 1886, Walker, président fondateur de la Calgary District Agricultural Society, eut une influence importante dans l’acquisition d’une terre fédérale pour y organiser des expositions. Le premier gisement de gaz naturel de la région fut découvert sur sa propriété en 1908 et il s’en servit pour chauffer sa résidence. Walker organisa la Boy Scout Association of Alberta, dont il fut le président, et joua un rôle de formateur au sein du groupe local de cadets. En 1905, il avait mis sur pied la première unité de milice de la ville, le 15th Light Horse, et en fut nommé lieutenant-colonel. Il assuma pendant plusieurs années la présidence de l’Alberta Provincial Rifle Association.
Pendant la Première Guerre mondiale, l’indomptable Walker, à l’âge de 70 ans, fut nommé capitaine dans le 238th Forestry Battalion et posté outre-mer. Il inspecta les ressources forestières en Angleterre et en Écosse, fit des recommandations concernant l’approvisionnement en bois des forces armées et, de plus, commanda une compagnie à Cumberland. Au cours d’une semaine particulièrement agitée, ses hommes coupèrent 36 400 pieds de bois par jour : du jamais-vu ! Il fut promu au grade de major en 1917 et demeura en Grande-Bretagne jusqu’en 1919.
Walker mena une vie active jusqu’à la fin. Après son retour à Calgary, il s’engagea dans diverses entreprises. Il dirigea une agence de placement, d’assurance et de courtage immobilier avec son fils, William James Selby. Durant les années 1920, il fut également président ou vice-président de trois compagnies pétrolières. Il conserva aussi ses liens avec l’armée à titre de colonel honoraire du comité des cadets de l’adjudant général à Ottawa et, à partir de 1911, de lieutenant-colonel honoraire du 23rd Alberta Rangers. Sa mort soudaine en 1936, juste avant son quatre-vingt-dixième anniversaire, marqua la disparition du dernier officier ayant participé à la Longue Marche historique de 1874 et de l’officier ayant servi le plus longtemps dans la milice au Canada.
Grâce à son beau physique, son allure martiale et son intelligence pratique, James Walker était à bien des égards l’exemple parfait de l’homme des frontières. C’était un personnage intrépide et courageux, un meneur naturel attiré par ce qui devait être fait. Dans la jeune ville de Calgary, il inspira et orienta la création de toutes nouvelles institutions. Pour les centaines de personnes qui le connaissaient et le respectaient, il était le « major » et, plus tard, le « colonel » Walker. Pour les autochtones à qui il avait affaire, il était Pee-tee-quack-kee ou « l’aigle protecteur ». En 1975, Walker fut nommé « citoyen du siècle » de Calgary, titre largement mérité.
James Walker est l’auteur de « My life in the North-West Mounted Police », Alberta Hist. Rev. (Edmonton), 8 (1960), no 1 : 1–14.
AO, RG 80-5-0-61, no 11119.— GA, M 986, M 1270, M 1271, M 1536, M 2471, M 2828, M 3165, M 3292, M 5877, M 6898.— Calgary Herald, 31 mars 1936.— Dominion annual reg., 1880–1881 : 382 ; 1883 : 295.— Max et H. MacE. Foran, Calgary, Canada’s frontier metropolis : an illustrated history, introd. par J. W. G. MacEwan (s.l., 1982).— [J. W.] G. MacEwan, Colonel James Walker : man of the western frontier (Saskatoon, 1989).— Who’s who and why, 1919–1920.— Who’s who in Canada, 1925–1926.
Max Foran, « WALKER, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/walker_james_16F.html.
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Auteur de l'article: | Max Foran |
Titre de l'article: | WALKER, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2014 |
Année de la révision: | 2014 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |