WAKEHAM, WILLIAM, médecin et fonctionnaire, né le 30 novembre 1844 à Québec, fils de George Wakeham et de Mary Davidson ; décédé célibataire le 20 mai 1915 à Gaspé, Québec.

William Wakeham est le deuxième des neuf enfants de George Wakeham, qui fut le premier administrateur de l’asile de Beauport et qui fonda en 1864 la Belmont Retreat, clinique vouée aux soins à donner aux alcooliques. Après avoir commencé ses études secondaires à la High School of Quebec, William s’inscrit au Victoria College de Cobourg, dans le Haut-Canada, puis revient dans sa ville natale, où il entre à l’école militaire de Québec. Ensuite, il poursuit ses études au McGill College de Montréal et y obtient son doctorat en médecine en 1866.

Ses études terminées, Wakeham s’installe à Gaspé, où il pratique sa profession pendant une dizaine d’années. De retour à Québec en 1876, il prend la direction médicale de la Belmont Retreat. Il s’intéresse particulièrement à certaines manifestations de l’alcoolisme et, en 1878–1879, il publie le résultat de ses recherches sur le besoin irrésistible de boire que ressentent certaines personnes.

En 1879, Wakeham retourne en Gaspésie à la suite de sa nomination par le gouvernement fédéral au poste d’inspecteur des pêcheries canadiennes dans le golfe du Saint-Laurent et au Labrador [V. Pierre-Étienne Fortin*]. À ce titre, il assure la protection des pêches en haute mer et des établissements humains en bordure du littoral, et il doit rédiger, chaque année, un rapport sur l’industrie halieutique. Jouissant des pouvoirs d’un commissaire de police, il est mandaté pour entendre les plaintes des pêcheurs et des industriels de la pêche ; il possède également l’autorité voulue pour faire respecter les lois maritimes du pays et surveiller l’application des conventions internationales. Sa tâche consiste aussi à délivrer les permis de pêche et à appuyer l’action des agents publics desservant la côte atlantique. Par ailleurs, il exerce en plus certaines fonctions à caractère social, notamment en qualité de médecin.

La compétence que Wakeham acquiert au fil des années en fait la personne toute désignée pour régler le contentieux qui, à la fin du xixe siècle, oppose le Canada et les États-Unis à propos des eaux frontalières. Une entente est conclue entre les deux gouvernements le 6 décembre 1892 et débouche sur la création d’une commission internationale. Dès le 13 janvier suivant, Wakeham est nommé par le Conseil privé du Canada pour en assumer la présidence conjointement avec Richard Rathbun, du département américain des Pêcheries. Les travaux de la commission débutent le 2 mars 1893 et durent plus de trois ans. Wakeham et Rathbun étudient les territoires de pêche atlantique et pacifique des deux pays et analysent le potentiel des eaux frontalières à l’intérieur du continent. Ils s’intéressent aussi aux techniques de pêche et aux moyens pour prévenir la pollution du milieu aquatique. Leurs études serviront de base à une future entente internationale sur les pêches.

À la même époque, le gouvernement canadien désire approfondir ses connaissances sur les conditions de la navigation commerciale, dans le détroit d’Hudson. En avril 1897, le ministre de la Marine et des Pêcheries, Louis Henry Davies*, confie à Wakeham le commandement d’une expédition chargée non seulement de réévaluer le temps pendant lequel le détroit est libre de glaces, mais aussi d’affirmer les droits canadiens sur l’île de Baffin et l’archipel arctique. Le commandant Wakeham remplit fidèlement ce volet de sa mission en proclamant la souveraineté canadienne sur ces territoires à Kekerton (île de Baffin) le 17 août 1897. L’année suivante, le ministre fait de nouveau appel à ses services, cette fois à titre de commissaire chargé d’enquêter sur les plaintes des pilotes qui naviguent dans le haut Saint-Laurent ; il s’acquitte de cette tâche en collaboration avec le sous-ministre François Gourdeau et le juge Joseph Lavergne.

En 1909, le Parlement canadien commande à Wakeham une étude sur l’industrie du homard. Deuxième activité de pêche en importance économique au pays après le saumon, ce secteur éprouve des problèmes de développement et l’on cherche à savoir s’il est possible de protéger l’industrie de la mise en boîte du homard tout en assurant la survie de l’espèce animale. Wakeham effectue cette étude conjointement avec le surintendant des Pêcheries, Robert Norris Venning. Les travaux de leur commission conduisent à l’élaboration d’une politique nationale d’encouragement de la pêche au homard, mais aussi à la mise en place de meilleurs mécanismes de surveillance destinés à assurer l’avenir de cette industrie. C’est là sa dernière mission officielle pour le gouvernement, après quoi il revient à Gaspé et s’installe dans la confortable résidence qu’il s’y est aménagée depuis 1880, le One Ash. Par la suite, il reprendra à l’occasion du service dans la surveillance des pêches.

« Homme au franc-parler, de belle apparence et au teint basané par le vent du large, [... William Wakeham] connaissait la côte et son histoire naturelle et humaine mieux que quiquonque », selon John Mason Clarke, qui lui demanda en vain d’écrire ses souvenirs. Wakeham est, en somme, de ce type de fonctionnaire voué à sa tâche, prêt à servir ses supérieurs dans tous les domaines pour autant qu’ils relèvent de sa compétence. Il a su mener à bien ses missions sans chercher la notoriété. Homme de devoir, mais effacé, il a préféré la vie paisible de la campagne à une carrière flamboyante. Son nom a toutefois été donné à neuf entités géographiques, dans le détroit d’Hudson, le Saguenay, le Nouveau-Québec et à Gaspé.

Mario Mimeault

William Wakeham est l’auteur du Rapport de l’expédition à la baie d’Hudson et au détroit de Cumberland à bord du navire Diana sous le commandement de William Wakeham, Marine et Pêcheries du Canada en l’année 1897 (Ottawa, 1898).

AC, Gaspé (Percé, Québec), État civil, Anglicans, St Paul’s Church (Gaspé), 23 mai 1915.— AN, RG 23, 323, dossier 2750, 2e partie ; RG 42, 48 ; 327 ; 336, dossier 13205A.— ANQ-Q, CE1-61, 25 déc. 1844.— Arch. privées, K. H. Annett (Sainte-Foy, Québec), W. J. Topley, photographie de William Wakeham.— Arch. privées, Marcel Lamoureux (Gaspé, Québec), Reproduction photographique de l’album des photos de l’expédition de 1897 de William Wakeham.— Musée de la Gaspésie (Gaspé), Coll. Marcel Lamoureux.— Univ. d’Ottawa, Bibliothèque Morisset, A0031 (231 photographies de l’expédition de William Wakeham dans l’Arctique).— K. [H.] Annett, « William Wakeham, M.D.C.M. », SPEC (New Carlisle, Québec), 7, no 19 (13 mai 1981) : 14s.— Annuaire, Québec, prov. de, 1871.— Monique Bourget, le « Ash Inn » et l’essor de la villégiature à Gaspé (Gaspé, Québec, 1990).— Canada, dép. de la Marine et des Pêcheries, Rapport annuel (Ottawa), 1879–1914.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— J. M. Clarke, l’Île Percée, the finial of the St. Lawrence or Gaspé flaneries [...] (New Haven, Conn., 1923), 116s.— É.-U., Commission of Fish and Fisheries, Report of the commissioner (Washington), 19e partie (1893) : 12, 20–22, 64s. ; 20e partie (1894) : 87–89 ; 21e partie (1895) : 77–79 ; 22e partie (1896) : 102s.—Mario Mimeault, « l’Arctique canadien : W. Wakeham, précurseur de J.-E. Bernier », l’Escale (Québec), no 12 (déc. 1985–janv. 1986) : 45–48.— E. E. Prince, « Fifty years of fishery administration in Canada », American Fisheries Soc., Trans. (Washington), 50 (1920–1921) : 177s.— C.-E. Roy et Lucien Brault, Gaspé depuis Cartier (Québec, 1934).— Chantal Soucy, « le « One Ash », résidence de William Wakeham », Gaspésie (Gaspé), 24 (1986), no 4 : 32–41.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Mario Mimeault, « WAKEHAM, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wakeham_william_14F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/wakeham_william_14F.html
Auteur de l'article:    Mario Mimeault
Titre de l'article:    WAKEHAM, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    28 novembre 2024