VIVANT, LAURENT (appelé aussi Venant ou Virant et prénommé parfois Louis), dessinateur, peintre, professeur et photographe, né vers 1806 à Saint-Aignan, France ; décédé le 28 novembre 1860 à Montréal.

D’après sa notice nécrologique publiée dans le Pays du 1er décembre 1860, Laurent Vivant serait arrivé au Bas-Canada vers 1848. On ne retrouve toutefois aucune trace de sa présence avant 1850. Peut-être sa venue au Bas-Canada a-t-elle un rapport avec la présence à Montréal d’un nommé Pierre Gauthier, navigateur, dont le nom apparaît dans le Montreal directory de 1848. L’année suivante, Gauthier y figure de nouveau comme « tapissier » et « monteur de cartes ». Or, il est pertinent de noter que Gauthier se transforme en « décorateur » dès le moment où Vivant s’installe chez lui en 1851. Ainsi il n’est pas impossible que Vivant, par le biais de cette fréquentation, ait collaboré à l’aménagement de demeures privées, voire d’édifices publics. Le nom de Gauthier, du reste, disparaît des annuaires de Montréal après 1858, peu avant la mort de Vivant.

En mai 1850, Vivant, qui se décrit comme un « artiste français », fait paraître une annonce dans la Minerve. Désireux d’enseigner le dessin, il offre des leçons sur « la perspective, le dessin linéaire, les têtes, le paysage, & C, » et se dit disposé à enseigner à domicile. Cela marque le commencement de son activité pédagogique à Montréal, activité qu’il poursuivra jusqu’en 1855, au moins. Sa réputation de « jeune homme de murs irréprochables » possédant « une connaissance assez étendue de son art » convient tout à fait au métier de professeur de dessin. L’éventail des matières proposées par Vivant s’élargit avec le temps pour inclure en 1851 « le paysage coloré, le dessin aux deux crayons, le dessin industriel, ou dessin de plans ». L’année suivante, Vivant résume son curriculum en trois mots « paysage, fleurs et têtes », précisant que ses cours portent aussi bien sur la peinture que sur le dessin. Cette année-là, il fait paraître une annonce illustrée d’une vignette florale ; s’il était établi qu’elle est de. sa main, cette vignette pourrait bien constituer l’unique trace connue de son œuvre. Vivant réalise également des portraits, soit à l’huile sur toile, soit sous forme de daguerréotypes.

En janvier 1854, Vivant est engagé à titre de « professeur de dessin et de peinture » à l’école modèle de Montréal ; il est le premier à occuper un tel poste au sein de cet établissement. Qualifiant son engagement d’« acquisition précieuse », l’auteur d’une réclame de la Minerve se croit justifié d’affirmer que l’école modèle peut « être maintenant comparée avantageusement à toute autre institution de ce genre sur le continent ». Peut-être en raison de la sécurité d’emploi qu’il vient d’acquérir, Vivant figure dès lors peu dans les annuaires et plus du tout dans les annonces de journaux de Montréal. Mais, en fait, il pourrait aussi bien s’agir d’un échec, car il est probable qu’il n’enseigne qu’un an à l’école modèle, puisqu’en 1855 son nom est mentionné une dernière fois dans le Montreal directory à titre de « professeur de dessin ». Il reste qu’à sa mort il sera qualifié de « peintre et professeur de langues ».

Vivant est désigné comme daguerréotypiste dans le Montreal directory de 1857, mais ne figure pas cette année-là ni les années suivantes sur les listes des membres de cette profession bourgeonnante. Les photographes de Montréal, suivant les expériences faites par Charles Dion en 1853, réussissaient le transfert et l’agrandissement sur papier photosensible d’images positives ; le fait que cette nouvelle technique échappait à Vivant peut avoir contribué à son échec dans le domaine du daguerréotype.

C’est à titre de peintre de vues que Vivant connaît son plus grand succès à Montréal. En novembre 1853, il présente au public une « superbe carte » de la Grande Exposition provinciale d’agriculture et de l’industrie, qui s’est tenue dans cette ville du 27 au 30 septembre, dans l’espoir de réaliser un bénéfice d’au moins 18 « piastres » par le moyen d’une loterie. Patronnée par le gouvernement de la province du Canada, cette manifestation à caractère exceptionnel intéresse un vaste public, car elle vient dans le sillage de l’Exposition industrielle de toutes les nations qui a été inaugurée à New York en juillet. Quel qu’ ait été le résultat de cette loterie, l’exposition de son œuvre lui vaut les éloges de la presse ; celle-ci insiste sur la « précision remarquable » de cette vue qui lui « fait honneur ».

Ce n’est pas la première fois que le public montréalais a l’occasion de voir ses œuvres, car Vivant en a exposé plusieurs en 1851, apparemment à la pharmacie de Pierre-Étienne Picault, située à l’intersection des rues Notre-Dame et Saint-Vincent. À la fin de l’été de 1860, il expose aussi « quelques bonnes toiles » à l’Exposition industrielle.

Le 28 novembre 1860, Laurent Vivant met fin à ses jours en avalant de l’acide prussique. Un mot retrouvé sur les lieux du drame dit : « La nuit est belle – la lune éclaire – adieu, mes amis. »

David Karel

ANQ-M, CE1-51, 30 nov. 1860.— MAC-CD, Fonds Morisset, 2, V855.5/L.— La Minerve, 10 mai 1850, 13 sept.–14 oct. 1851, 7, 21 sept.–26 nov. 1852, 2 août, 17 nov. 1853, 14 janv. 1854.— Le Pays, 1er déc. 1860.— Montreal directory, 1848–1850 ; 1855 ; 1857–1858.

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David Karel, « VIVANT (Venant, Virant), LAURENT (Louis) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vivant_laurent_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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