VINCENT, chef des Hurons de Lorette, circa 1740–1745.
En 1740, les malheureux survivants de la nation huronne demeuraient à la Jeune-Lorette, au lac des Deux-Montagnes et à la mission du père Armand de La Richardie, près de Détroit. Au cours de cette année, une dispute survint entre ceux de Lorette et ceux du lac des Deux-Montagnes. Vincent était monté visiter ce dernier établissement et avait demandé à voir son trésor composé de 12 colliers de porcelaine – on en ignore la signification précise – que sa nation avait déposé lors de la formation du village en 1716. Constatant qu’il n’y restait plus que 2 des 12 colliers, Vincent les prit et les emporta avec lui. Il déclara aussi que le feu du village avait été éteint, une déclaration grave qui semble avoir porté atteinte à l’autorité des chefs.
Les Indiens du lac des Deux-Montagnes exprimèrent leurs doléances au gouverneur de la Nouvelle-France, Charles de Beauharnois. Celui-ci, prévoyant que la guerre entre la France et l’Angleterre allait reprendre, voulut empêcher toute querelle au sein des Indiens alliés à la France. C’est pourquoi il obligea Vincent à aller reporter les colliers à Montréal, pour y être gardés par le gouverneur, Dubois Berthelot de Beaucours, jusqu’à ce que l’affaire fût réglée. Après des négociations, il fut résolu que Vincent devrait remettre les colliers. Le 12 août 1741, il y eut une grande fête au lac des Deux-Montagnes, et Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay*, au nom du gouverneur Beauharnois, vint « rallumer un nouveau feu », autour duquel les Indiens s’assemblèrent pour fumer et discuter de leurs affaires.
Vincent guerroya en Acadie pendant la guerre de la Succession d’Autriche. En 1745, il commanda un parti de Hurons de Lorette qui prit part à la capture d’un navire marchand à Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse. William Pote, le capitaine, se trouvait parmi les prisonniers que les Hurons reconduisirent à Québec, et il décrivit Vincent comme « un type d’une ruse consommée ». Le chef huron se conduisit humainement avec les captifs, refusant, entre autres, de donner à des femmes micmaques la permission de danser autour d’eux parce que, dit-il, cette coutume est « entièrement contraire à ce qui est permis chez nous ».
On ne connaît ni la date ni les circonstances de la mort de Vincent. Le nom Vincent est célèbre chez les Indiens de Lorette. Parmi ceux qui portèrent ce nom, mentionnons Nicolas (Tsaouenhohoui*), délégué en Angleterre de 1824 à 1825 auprès de George IV, les deux frères Joseph et Stanislas, qui s’illustrèrent à la bataille de Châteauguay en 1813, l’abbé Prosper, le premier prêtre catholique de sa nation, ordonné en 1870, enfin le peintre Telari-o-lin* (Zacharie Vincent) qui mourut en 1886 ayant été le dernier de sa race à parler sa langue ancestrale.
Archives paroissiales de Saint-Ambroise de la Jeune-Lorette (Loretteville, Québec).— The journal of Captain William Pote, jr., during his captivity in the French and Indian war from May 1745, to August 1747, J. F. Hurst et Victor Paltsits, édit. (New York, 1896).— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX, 1 069s.— J.-B.-A. Ferland, Cours d’histoire du Canada (1534–1759) (2 vol., Québec, 1882), II : 470.— L. St.-G. Lindsay, Notre-Dame de la Jeune-Lorette en la Nouvelle-France [...] (Montréal, 1900).
René Bélanger, « VINCENT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vincent_3F.html.
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Auteur de l'article: | René Bélanger |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
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