VÉZINA, GEORGES (baptisé Joseph-Georges-Gonzague), joueur de hockey professionnel, né le 21 janvier 1887 à Chicoutimi, Québec, fils de Georges Vézina, boulanger, et de Clara Belley ; le 3 juin 1908, il épousa au même endroit Marie-Adélaïde-Stella Morin, et ils eurent deux fils ; décédé le 27 mars 1926 à Chicoutimi.

Georges Vézina étudia au petit séminaire de Chicoutimi de 1898 à 1902. Il quitta cet établissement après la deuxième année du cours commercial et aida son père dans son commerce de boulangerie. À 16 ans, il fut engagé comme gardien de but par le club de hockey de Chicoutimi. Il connaissait le hockey pour y avoir joué avec ses amis dans la rue, mais il n’avait jamais chaussé de patins. Vézina apprit vite. À l’occasion d’une partie hors concours pendant la saison 1904-1905 entre le National de Montréal, membre de la Canadian Amateur Hockey League, et le club de Chicoutimi, partie que remporta l’équipe de Vézina, Joseph Cattarinich, gardien de but du National, fut impressionné par le gardien de 18 ans qui lui faisait face. À la fin de la saison 1909–1910, comme il quittait son poste de gardien de but du Canadien – le club avait été formé en décembre 1909 – pour occuper d’autres fonctions dans l’équipe, il suggéra de faire appel à Vézina. Afin de s’assurer que ce dernier accepte de venir à Montréal, on demanda aussi à l’un de ses frères, qui jouait à l’avant, de venir s’entraîner avec le Canadien pour la saison 1910–1911. Georges Vézina resta, et son frère retourna à Chicoutimi. Engagé en décembre 1910 au salaire de 800 $ par saison, ce qui n’avait rien d’exceptionnel puisque la majorité des joueurs recevaient 1 000 $ et moins durant ces années, Vézina commença alors une brillante carrière avec le Canadien de Montréal, autant dans l’Association nationale de hockey (1911–1917) que dans la Ligue nationale de hockey (1918–1925).

Les succès ne furent pas immédiats, mais le Canadien, qui fut connu sous le nom de Club athlétique canadien de novembre 1910 à la fin de la saison 1915–1916, continua de progresser, toujours avec Vézina devant le filet. À la fin de cette saison, le club était champion de l’Association nationale de hockey. Il devait affronter les Rosebuds de Portland, de l’Association de la côte du Pacifique, pour la finale de la coupe Stanley. Il l’emporta en cinq rencontres. Ce devait être la première de 24 conquêtes de la coupe Stanley par l’équipe montréalaise jusqu’en 1998. Un des fils de Vézina naquit au moment de la finale et fut prénommé Marcel-Stanley en l’honneur de cette victoire. La saison suivante, le Canadien remporta à nouveau le championnat de l’Association nationale de hockey, mais perdit la finale contre les Metropolitans de Seattle, en quatre rencontres. Les deux mêmes équipes se retrouvèrent face à face en 1919. Toutefois, la finale ne put être terminée, car plusieurs joueurs furent atteints de la grippe espagnole. Joseph Henry (Joe) Hall, défenseur du Canadien, en mourut le 5 avril, ainsi que le propriétaire du Canadien, George Washington Kendall, dit George Kennedy, le 19 octobre 1921. Le Canadien retrouva le chemin de la victoire en 1924. Trois équipes se disputaient le championnat. Le Canadien dut d’abord affronter les Tigers de Calgary puis les Maroons de Vancouver pour remporter la coupe Stanley.

Le Canadien commença la saison 1925–1926 à domicile, le 28 novembre, dans une partie contre les Pirates de Pittsburgh, de la Pennsylvanie, nouvelle équipe de la Ligue nationale de hockey. Au début de la deuxième période, Vézina s’effondra sur la patinoire de l’aréna Mont-Royal. Il ne revint jamais devant le but du Canadien. Dans la nuit du 26 au 27 mars 1926, il succomba à la tuberculose, entouré de ses proches, à Chicoutimi, à l’âge de 39 ans.

Ce qui est le plus remarquable dans la carrière de Vézina, c’est la constance. De 1911 à 1925, Vézina ne manqua pas une seule rencontre du Canadien de Montréal, à une époque où les clubs n’avaient qu’un seul gardien en uniforme ; il jouait en moyenne 21 parties durant la saison régulière. Il participa aussi à toutes les parties hors concours de son équipe. En 1917, il joua même contre le Canadien dans un match amical destiné à amasser de l’argent pour l’effort de guerre. Il se plaça alors du côté des soldats pour rendre les chances égales.

Jusqu’aux années 1920, on jouait au hockey selon les règles du rugby, c’est-à-dire que seules les passes arrière et latérales étaient permises ; le lancer frappé n’existait pas encore. Le gardien de but ne pouvait faire tous les gestes acceptés aujourd’hui. Il ne devait pas se jeter sur la glace pour arrêter la rondelle, ni la capter de sa main ; il ne pouvait pas non plus l’immobiliser tout simplement. Alors, sa seule technique était de tenir son bâton à deux mains et d’utiliser son corps et son bâton pour arrêter les rondelles et les faire rebondir hors de portée des joueurs ennemis. Ces règles expliquent pourquoi Vézina a une moyenne de buts accordés en carrière si élevée, soit 3,49. Il fut, en fait, l’un des meilleurs gardiens de but de la Ligue nationale de hockey. Celui qu’on surnommait « le concombre de Chicoutimi » était renommé pour son sang-froid devant les buts.

À la suite du décès de Georges Vézina, les propriétaires du Canadien, Léo Dandurand, Louis Létourneau et Joseph Cattarinich, donnèrent un trophée à la Ligue nationale de hockey qui serait remis en son honneur au meilleur gardien de but durant une saison. Ce trophée fut décerné pour la première fois en 1927 à George Hainsworth, qui avait remplacé Vézina devant les buts du Canadien. D’autres gardiens du Canadien le remportèrent par la suite, notamment William Ronald Durnan (six fois) et Jacques Plante (sept fois). En 1945, Vézina fut admis au Temple de la renommée du hockey.

Michel Vigneault

ANQ-SLSJ, CE201-S2, 22 janv. 1887.— La Patrie, 16 mars 1926.— La Presse, 27, 30 mars 1926.— Le Progrès du Saguenay (Chicoutimi, Québec), 30 mars 1926.— Dan Diamond et Joseph Romain, The Hockey Hall of Fame ; the official history of the game and its greatest stars (Toronto, 1988).— D’Arcy Jenish, The Stanley Cup : a hundred years of hockey at its best (Toronto, 1992).— Michael McKinley, Hockey Hall of Fame legends : the official book (Toronto, 1993).— Charles Mayer, l’Épopée des Canadiens de Georges Vézina à Maurice Richard : 46 ans d’histoire, 1909–1955 (Montréal, [1956 ?]).— Claude Mouton, Toute l’histoire illustre et merveilleuse du Canadien de Montréal (Montréal, 1986).— Andy O’Brien, les Canadiens, J.-P. Lara, trad. (Montréal, 1972).— Séminaire de Chicoutimi, Annuaire, 1898–1902.— Total hockey : the official encyclopedia of the National Hockey League, Dan Diamond et al., édit. (New York, 1998).

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Michel Vigneault, « VÉZINA, GEORGES (baptisé Joseph-Georges-Gonzague) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vezina_georges_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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