VERNON, CHARLES WILLIAM, ministre de l’Église d’Angleterre, professeur, journaliste, historien et réformateur social, né le 16 juin 1871 à Camberwell (Londres), fils aîné de Charles Vernon, commis, et de Mary Veness ; le 13 juin 1899, il épousa à Windsor Forks, Nouvelle-Écosse, Bessie Campbell McNeil, et ils eurent deux fils et deux filles, dont l’une mourut avant lui ; décédé le 30 janvier 1934 à Toronto.
Charles William Vernon perdit son père lorsqu’il était enfant. Sa mère s’installa alors avec ses trois fils dans le Sussex, où Charles William fréquenta la Hastings Grammar School et travailla dans l’agriculture. En 1889 ou 1890, elle immigra avec ses fils en Nouvelle-Écosse et acheta une ferme dans le comté de Colchester.
Vernon entra au King’s College de Windsor en octobre 1892. Étudiant brillant, il obtint une licence ès arts avec mention d’excellence en théologie en juin 1896, une maîtrise ès arts en 1899 et une licence en théologie en 1901. L’université lui décernerait un doctorat honorifique en droit civil en 1922. Au King’s College, Vernon fut influencé par Charles George Douglas Roberts*, auteur et professeur d’anglais. Pendant sa première année d’études, il fut élu au Haliburton, cercle littéraire que Roberts présidait ; son camarade de classe, Robert Winkworth Norwood, y fut admis en même temps. Vernon fournit des poèmes et des articles au King’s College Record, périodique publié par des étudiants, qui atteignit un niveau d’excellence remarquable sous l’inspiration de Roberts. Vernon fit également partie de l’équipe de rédaction et fut directeur administratif.
Vernon fut ordonné diacre et prêtre de l’Église d’Angleterre en 1896. Il enseigna quelque temps dans une école confessionnelle de Charlottetown, puis fut maître d’études classiques à la King’s Collegiate School pendant deux ans avant d’être nommé rector de North Sydney, en Nouvelle-Écosse. Entre 1897 et 1899, il remporta trois fois le prix Bishop, décerné par le King’s College pour un essai sur l’histoire de l’Église. En 1898, il reçut le prix pour « The Church of England in Nova Scotia », premier de ses écrits qui mèneraient à son histoire de l’Église d’Angleterre au Canada, The old church in the new dominion […], qui paraîtrait en 1929 à Londres. En 1898, à North Sydney, Norwood et lui publièrent à compte d’auteur Driftwood : « virginibus puerisque », recueil de leurs poèmes empreints de l’influence de Roberts et de William Bliss Carman*. À partir de ce moment-là, les publications de Vernon furent centrées sur l’histoire, la critique littéraire, la religion et les questions sociales. Il démissionna de son poste de rector en septembre 1900 en raison de « problèmes de gorge », mais demeura à North Sydney, où il poursuivit ses activités au sein de l’Église et pratiqua le journalisme pour assurer sa subsistance et celle de sa famille. Entre 1901 et 1907, il fut le rédacteur en chef de trois hebdomadaires, le Cape Breton Enterprise à North Sydney, le Sydney Mines Enterprise et le Sydney Mines Star. Il écrivit également Cape Breton, Canada […], long texte publié en 1903, à Toronto, qui témoignait de son intérêt pour le changement économique et social.
En 1906, Vernon et un groupe d’associés fondèrent la Church Work Publishing Company afin d’acheter Church Work, mensuel moribond de l’Église d’Angleterre, publié notamment à Halifax. À titre de rédacteur en chef, il transforma le périodique en un journal ecclésiastique bimensuel qui se disait indépendant de l’Église institutionnelle et de toutes les factions théologiques. Il donna une large place aux nouvelles – et non pas aux opinions ou à la polémique – présentées dans le style de la presse profane. Vernon continua d’être le rédacteur en chef de Church Work après avoir élu domicile à Halifax en 1907 pour devenir secrétaire du Church of England Institute, logé dans un édifice qui abritait des salles de réunion, un gymnase et une bibliothèque, ainsi que des bureaux diocésains. Ce poste lui donna la possibilité d’agir en suivant ses convictions, selon lesquelles « beaucoup [pouvait] être accompli dans le but de faire de l’Église le leader et le guide de la vie sociale du peuple ». L’institut prospéra sous sa direction, avec la mise sur pied de nouvelles activités, telles que le scoutisme pour les garçons et les filles, ainsi qu’une campagne pour rembourser l’hypothèque, qui fut couronnée de succès. Vernon assuma d’autres responsabilités au sein du diocèse. Il remplit les fonctions de secrétaire général dans l’organisation des célébrations du bicentenaire de l’Église d’Angleterre au Canada et du congrès de l’Église canadienne tenu pour souligner l’inauguration de la cathédrale All Saints en septembre 1910. Entre 1907 et 1919, il fut également conseiller en théologie de l’évêque Clarendon Lamb Worrell et, en 1913, il fut nommé chanoine honoraire de la cathédrale.
Cette année-là, Vernon fut le premier convocateur du comité de la Diocesan Commission on Social Service, expérience qui l’amena à partir vivre à Toronto au début de 1919 afin de prendre le poste de secrétaire général du Council for Social Service de l’Église d’Angleterre au Canada. Ce conseil avait été créé par le synode général quatre ans auparavant, en guise de réaction officielle de l’Église aux problèmes sociaux dans le contexte de ce qu’on appellerait le mouvement Social Gospel. Sous la direction de Vernon, le conseil examina des questions telles que la négociation collective, la vie familiale, le logement, les conditions carcérales et l’immoralité au cinéma. Il diffusa les résultats de ses travaux dans son Bulletin, publié à Toronto, et dans des articles parus dans des publications religieuses et laïques. Il travailla en étroite collaboration avec Charlotte Elizabeth Hazeltyne Whitton*, secrétaire administrative du Conseil canadien pour la sauvegarde de l’enfance et, à compter de 1929, il fut président national du Social Service Council of Canada [V. John George Shearer*], organisme interconfessionnel dont il avait été président pour la Nouvelle-Écosse.
Une grande partie des travaux du Council for Social Service était initialement axée sur l’immigration. En 1920, l’organisme reprit de la Society for Promoting Christian Knowledge la responsabilité de coordonner un réseau d’aumôniers et de travailleurs laïques qui aidaient les immigrants à leur arrivée dans les ports canadiens. Quatre ans plus tard, le synode général adopta une résolution afin de promouvoir la venue d’immigrants originaires des îles Britanniques et confia au conseil le mandat de poursuivre cet objectif. Vernon voyagea en Angleterre en 1924 et 1925 pour mettre en place, de concert avec le Church of England Council of Empire Settlement, un programme ayant pour but d’assister les migrants de « souche britannique », notamment les jeunes hommes et les garçons, selon un plan d’« immigration dirigée ». Après 1929, l’orientation du conseil changea toutefois de façon soudaine. L’année suivante, le rapport de Vernon au conseil portait principalement sur le chômage, « ses types, ses causes, son ampleur, ses remèdes possibles, [sur] l’assurance chômage et l’aide aux chômeurs ».
Pour Vernon, le service social était un moyen d’arriver à une société chrétienne purifiée, et le soutien à l’immigration provenant des « mères patries », une façon d’assurer la suprématie des « idéaux et institutions » britanniques. Ces visions sont aujourd’hui anachroniques, mais elles n’amoindrissent pas son rôle de dénonciateur de la pauvreté, de la souffrance et de l’injustice, et de défenseur de mesures progressistes (une assurance sociale couvrant « l’emploi, la maladie, les accidents, le vieillissement et l’aide à la veuve et à l’orphelin », par exemple). De façon plus générale, il établit une structure pour l’expression du témoignage chrétien par l’entremise du service social. Ce fut sur cette base que William Wallace Judd et Leonard Fraser Hatfield, qui lui succédèrent au poste de secrétaire général, continuèrent de bâtir.
Les talents de porte-parole de Charles William Vernon furent sollicités une dernière fois lorsque, en 1932, il fut secrétaire du comité d’information du fonds de recouvrement créé pour combler les pertes financières du diocèse et de la province de la terre de Rupert occasionnées par un détournement de fonds [V. John Alexander Machray]. Il mourut deux ans plus tard d’un arrêt cardiaque. Selon un hommage qu’on lui rendit alors, Vernon « possédait l’heureuse faculté de se faire des amis ; il était le chef génial d’un ménage accueillant. Tant dans sa vie que dans son travail, il était l’incarnation vivante des paroles qui constituaient, selon lui, la charte divine du Council for Social Service : “Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites.” »
Nous remercions Scott Vernon, petit-neveu du sujet, pour l’aide qu’il nous a apportée.
En plus des textes cités dans la biographie, Charles William Vernon est l’auteur de : Bicentenary sketches and early days of the church in Nova Scotia (Halifax, 1910), The story of Christ Church, Dartmouth : a hundred years, and more, in the life of a Nova Scotian parish (Halifax, 1917) et Our church in the Maritimes (Toronto, 1933).
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Henry Roper, « VERNON, CHARLES WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vernon_charles_william_16F.html.
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Auteur de l'article: | Henry Roper |
Titre de l'article: | VERNON, CHARLES WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2015 |
Année de la révision: | 2015 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |