VANNIER, PIERRE-PAUL, bénédictin, fondateur et premier supérieur de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, Québec, né le 16 mars 1860 à Bauné, France, fils de Pierre-Gaspard Vannier, régisseur du château de Briançon, et d’Anne Juteau ; mort noyé le 30 novembre 1914 et inhumé le 2 décembre à Saint-Benoit-du-Lac.
Après des études classiques au collège de Combrée, en France, et une année au grand séminaire d’Angers, Pierre-Paul Vannier entre à l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes, où il fait profession en 1881 et est ordonné prêtre en 1885. Il acquiert l’esprit de la congrégation bénédictine fondée en 1837 par dom Prosper Guéranger et s’initie plus spécialement au chant grégorien sous la direction de dom Joseph Pothier. En 1890, il est du groupe chargé de restaurer l’antique abbaye de Saint-Maur-sur-Loire où, en tant que cellérier, il développe remarquablement la culture de la vigne et des arbres fruitiers. Les lois antireligieuses de 1901 forcent les moines de Saint-Maur-sur-Loire à émigrer en Belgique puis dans le grand-duché de Luxembourg, où dom Vannier dirige la construction de la très belle abbaye de Clervaux, et exerce les charges de sous-prieur et de maître des convers. Administrateur entreprenant mais réfléchi, il indispose parfois son entourage par une certaine rudesse extérieure. Toutefois, son honnêteté, son esprit religieux, son dévouement, sa loyauté aux supérieurs ne seront jamais en cause. Impliqué dans une brouille entre son abbé et un personnage important du pays, il obtient, pour faciliter l’apaisement, de se retirer temporairement dans un autre monastère.
Fin avril 1911, dom Vannier se joint à la communauté de Saint-Wandrille, en exil elle aussi au château de Dongelberg, en Belgique, où il retrouve dom Pothier qui en est l’abbé. La direction des convers lui est aussitôt confiée. Le prieur, dom Paul Picard, préparait depuis 1908 l’établissement au Canada d’un nouveau refuge pour sa communauté. Saint-Wandrille, en effet, se trouvait difficilement une place et un avenir en Belgique, où des centaines de communautés françaises s’entassaient depuis 1901. Mgr Paul Larocque*, évêque de Sherbrooke, au Québec, s’était dit prêt en 1910 à accueillir les moines dans son diocèse, mais il manquait à l’abbaye, outre les moyens financiers, l’homme capable de poser les bases d’une colonie monastique sans autre secours que sa foi, son savoir-faire et son intrépidité. On propose cette mission à dom Vannier, qui l’accepte. Après quelques mois de préparatifs, il s’embarque avec un seul compagnon, simple postulant convers. Arrivé à Montréal le 5 juillet 1912, il se rend d’abord à l’abbaye cistercienne d’Oka prendre conseil de Pierre Oger, dit dom Marie-Antoine, son compatriote angevin, puis se met à la disposition de l’évêque de Sherbrooke. Le 16 juillet, il part à la recherche d’un emplacement pour le futur monastère.
La modeste ferme du canton de Bolton, tout près du lac Memphrémagog, où Saint-Benoît-du-Lac prend naissance le 4 décembre suivant, sera le centre d’une mission que Mgr Larocque avait en vue depuis longtemps à cet endroit, en même temps qu’un lieu de solitude pour une communauté vouée à la prière et aux humbles travaux du cloître ; la mission devait être temporaire. Le ministère de dom Vannier s’y exerce avec zèle et attire bientôt de nouvelles familles dans la région. La fondation bénédictine commence à se faire connaître. Avec les trois postulants convers qui l’entourent bientôt, le père vit péniblement d’abord des produits de la ferme et des bois, répare sa maison délabrée, plante des pommiers, puis réclame de l’abbaye mère l’aide indispensable. En 1913, deux moines lui sont envoyés et deux autres en 1914. On agrandit la maison. La guerre interrompt cependant tout secours. Le 30 novembre 1914, le fondateur et un frère, qui se rendent à Sherbrooke assister à une fête en l’honneur de Mgr Larocque, se noient dans le lac Memphrémagog, leur canot à moteur déchiré par une mince couche de glace qui s’était formée à l’extrémité nord du lac.
Dom Pierre-Paul Vannier n’a vécu que deux ans et demi au Canada et n’a laissé qu’une œuvre fragile, mais d’autres la conserveraient pendant la guerre et la feraient croître ensuite.
L’ensemble des documents importants sur dom Pierre-Paul Vannier est conservé aux Arch. de l’abbaye Saint-Benoît (Saint-Benoît-du-Lac, Québec), dans la sér. A ; on y trouve, notamment, te journal qu’il a tenu de 1912 à 1914, et, sous forme d’original ou de copie, plusieurs de ses lettres, ainsi que des souvenirs de parents décédés et des documents provenant d’archives abbatiales, diocésaines et paroissiales. Pour un historique de la fondation de l’abbaye, le lecteur peut aussi consulter Abbaye Saint-Benoît-du-Lac (Pierre-Qui-Vire, France, 1962).
Jean Rochon, « VANNIER, PIERRE-PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vannier_pierre_paul_14F.html.
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Auteur de l'article: | Jean Rochon |
Titre de l'article: | VANNIER, PIERRE-PAUL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
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