VAN NORMAN, JOSEPH, fondeur et entrepreneur, né le 12 mai 1796 à Sussex, New Jersey, fils de John Van Norman et de Sarah De Pue ; le 25 août 1817, il épousa à Pembroke, New York, Roxilana Robinson, et ils eurent au moins sept enfants ; décédé le 14 juin 1888 à Tillsonburg, Ontario.

Peu après la naissance de Joseph Van Norman, la famille déménagea à Canandaigua, New York, où Joseph développa un intérêt pour la transformation du fer. Ceci l’amena à construire un petit fourneau qu’il exploita pendant deux ou trois ans avant d’aller s’installer à Manchester (maintenant partie de Niagara Falls, New York) pour y devenir contremaître dans une fonderie. En 1821, il immigra dans le canton de Charlotteville, Haut-Canada, où, quatre années auparavant, John Mason, maître de forges anglais ; avait établi une fonderie rudimentaire. Mason, attiré dans la région par la présence d’un bon minerai de fer et l’énergie hydraulique, avait bâti sa fonderie sur l’emplacement de l’actuelle ville de Normandale, en Ontario. Le fourneau commença de fonctionner, mais seules quelques tonnes de fer furent produites avant la mort de Mason.

Le 22 août 1821, Van Norman accepta d’acheter la fonderie de la veuve de John Mason, Elizabeth, pour un montant initial de £25 en argent comptant. Les paiements ultérieurs devaient dépendre du succès de l’entreprise – laquelle comportait des risques à cause de sa situation dans une région de pionniers – qui nécessitait un équipement spécialisé et des ouvriers compétents. Mme Mason devait recevoir au maximum £125 additionnelles en espèces et entre £150 et £225 en nature. Van Norman s’adjoignit pour l’achat différents associés dont, au début de 1823, Hiram Capron et George Tillson*. Les associés dépensèrent entre $6 000 et $8 000 pour reconstruire le fourneau et, employant 20 hommes, produisirent bientôt du fer. En 1824 où 1825, Tillson vendit sa part à Capron et déménagea dans ce qui est aujourd’hui Tillsonburg, où il monta la Dereham Forge. Le 7 mai 1828, Van Norman et son frère Benjamin achetèrent la part de Capron, et, vers 1829, Elijah Leonard* se joignit à l’entreprise pour prendre charge du fourneau. Joseph devint propriétaire unique le 1er janvier 1836.

Van Norman s’activa également dans plusieurs autres entreprises de travail du fer : en 1823 ou 1824, en association avec un certain M. Lamont, il fonda à Port Dover, dans le Haut-Canada, la Dover Forge dont il se retrouvait propriétaire en 1827. À la fin des années 1820 et au début des années 1830, il était, avec son frère Benjamin et Frederick R. Dutcher, au nombre des propriétaires d’une fonderie à York (Toronto). Mais le fourneau de Normandale, ou Long Point, comme on appelait souvent la ville, demeura la principale entreprise de Van Norman. À son point culminant, vers 1840, la production annuelle atteignait en gros 750 tonnes de produits de fer coulé et de fer forgé pour usage domestique, agricole et industriel. Les poêles de l’entreprise, probablement les premiers manufacturés en Ontario, furent certainement les premiers produits en série. Aussi, le besoin de minerai de fer extrait localement et de plus de 4 000 cordes de bois par année pour la production de charbon de bois fournit un stimulant économique important à la région.

Dès 1847, Van Norman se rendit compte que, dans les environs, les approvisionnements en minerai et en combustible avaient tellement diminué qu’il devait partir. Pour $21 000, il acheta de Peter McGill [McCutcheon*] la fonderie de Marmora, dans le comté de Hastings, mais comme ses prédécesseurs, Uriah Seymour et John G. Pendergast, il ne réussit pas à en faire un succès. Le minerai de Marmora, à cause de son taux élevé de soufre, était plus difficile à réduire que celui de Normandale et, bien que Van Norman fit de la fonderie un succès technique, il se trouva incapable de concurrencer le fer importé de Grande-Bretagne, dont le prix avait été réduit par l’amélioration de la navigation sur le Saint-Laurent.

De retour dans le comté de Norfolk, Van Norman obtint de la Great Western Railway un contrat de fourniture de fer pour des roues de wagons de chemin de fer et, en 1854, il construisit un haut fourneau dans le canton de Houghton. Lorsque le fer se révéla d’un type ne pouvant durcir comme le nécessitait l’utilisation sur un chemin de fer, Van Norman perdit le contrat. Cette perte, jointe à la dépression économique du temps, entraîna la fermeture de la fonderie. La carrière de fondeur de Van Norman prit fin, mais il continua de faire des affaires. Depuis la fin des années 1820, conjointement à son activité dans la transformation du fer, il avait travaillé comme entrepreneur. Ses projets avaient compris la construction du phare de Long Point en 1830, le premier chenal de Long Point en 1834 et des routes en planches reliant Port Dover à Hamilton et Otterville, de 1840 à 1848. Après la fermeture du fourneau de Houghton, Van Norman déménagea à Tillsonburg, probablement en 1863, et y manufactura des briques, de la chaux et des bardeaux. Il y passa la dernière partie de sa vie, vivant avec sa fille, Mary Ann, qui avait épousé un des fils de son ancien associé, George Tillson.

La mort en 1888 de Joseph Van Norman passa presque inaperçue ; il n’avait pas travaillé dans la transformation du fer depuis près de quatre décennies. Il doit cependant être considéré comme l’un des plus importants pionniers de cette industrie en Ontario, et les hommes qu’il forma dans ses ateliers firent bon usage de leur savoir-faire dans d’autres entreprises.

Norman R. Ball

UWO, J. A. Bannister papers ; James Hamilton papers, Hamilton and Warren papers.— F. H. Baddeley, « An essay on the localities of metallic minerals in the Canadas, with some notices of their geological associations and situation, &c. », Literary and Hist. Soc. of Quebec, Trans., 2 (18301831) : 424.— Ontario, Royal Commission on the Mineral Resources of Ontario and Measures for their Development, Report (Toronto, 1890), 320–326.— Observer (Tillsonburg, Ontario), 22 juin 1888.— Canadian biog. dict., I : 182s.— J. A. Bannister, « Long Point and its lighthouses », Western Ontario Hist. Nuggets (London), 5 (1944).— G. C. Mackenzie, « The iron and steel industry of Ontario », Ontario, Bureau of Mines, Annual report (Toronto), 1908 : 190–194.— W. J. Patterson, « The Long Point furnace », Canadian Mining Journal (Gardenvale, Québec), 60 (1939) : 544–549.— Thomas Ritchie, « Joseph Van Norman, ironmaster of Upper Canada », Canadian Geographical Journal (Montréal), 77 (juill.–déc. 1968) : 46–51.

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Norman R. Ball, « VAN NORMAN, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/van_norman_joseph_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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