VALOIS, MICHEL-FRANÇOIS, médecin, patriote, homme politique, né le 20 août 1801 à Pointe-Claire, près de Montréal, fils de Pierre Valois, cultivateur, et de Marie-Catherine Lefebvre, décédé à Pointe-Claire le 24 mai 1869.
Élève au collège de Montréal de 1816 à 1821, Michel-François Valois, à l’instar des jeunes de l’époque qui fréquentent les collèges classiques, se trouve devant un choix de carrières relativement limité : la prêtrise et les professions libérales. Il opte pour la médecine et, le 10 mai 1826, il est admis à la pratique de sa profession.
À cette époque règne à Montréal un climat tendu. Les assemblées tumultueuses et les discours enflammés se multiplient au Champ de Mars. On s’en prend surtout aux hauts fonctionnaires et aux marchands anglais qui profitent de leur influence au sein des conseils pour mieux dominer la gestion des fonds publics et organiser sur une grande échelle le patronage politique. Le projet d’union de 1822 accentue encore le malaise [V. Louis-Joseph Papineau*]. C’est dans ce contexte social que Valois s’éveille au nationalisme et commence de plus à s’intéresser aux penseurs européens du xviiie siècle : les idées de liberté, d’individualisme, de démocratie et de souveraineté populaire l’attirent.
Identifié très vite à la cause libérale dans sa paroisse natale où il s’installe, le docteur Valois se heurte rapidement à son curé. En 1830, il est élu syndic en vertu de la loi des écoles de l’Assemblée législative qui remet la construction et l’administration immédiate de l’école entre les mains de syndics dans chaque paroisse ; il tente alors par tous les moyens de faire construire une école sans la collaboration de son curé. Par ce geste, il revendique un rôle de premier plan dans l’éducation au niveau local. Mais sa lutte contre le curé ne s’arrête pas là : il veut aussi s’imposer dans l’administration de la fabrique. Influencé sans doute par le projet du « bill des notables » qui menace directement le statut du curé et sa mainmise sur la gestion des biens et des revenus de l’Église, le médecin de Pointe-Claire ne se cache pas pour dire que l’argent de la fabrique appartient aux paroissiens. Aussi le curé appréhende-t-il son élection comme marguillier.
Valois s’attaque encore plus violemment aux marchands anglais qui détiennent le pouvoir au sein des conseils et monopolisent une grande partie des terres de sa localité. À l’exemple des députés canadiens-français, il s’efforcera de mener une lutte aux dimensions nationales. Il ne se contentera pas d’attaquer verbalement le pouvoir anglais. À partir de 1836, il participe activement à la mise sur pied d’organisations locales dans sa région. Il n’est pas rare de le voir haranguer ses concitoyens sur le perron de l’église, après la messe du dimanche. Sa maison privée devient un lieu de rassemblement qui lui permet d’entretenir un contact direct et constant avec les siens. Rien de surprenant à ce que Valois ait joué un rôle de premier plan dans l’historique rassemblement de Saint-Laurent, le 15 mai 1837. S’il a exercé une influence prépondérante dans sa région, il ne semble pas être entré en relation directe avec les leaders patriotes. Le gouvernement anglais ne le place pas moins en tête de la liste de ceux qu’il recherche. Poursuivi par une escouade de soldats chargés d’aller le cueillir à Pointe-Claire, Valois parvient à fuir. Néanmoins, quelques milles plus loin, il est fait prisonnier et conduit à la prison de Montréal en décembre 1837. Relâché par la suite, il aurait séjourné aux États-Unis avant de retourner dans sa paroisse natale.
Après les troubles, le docteur Valois retourne à la vie privée. Il n’en continue pas moins de s’intéresser à la vie politique mais il semble cette fois-ci beaucoup plus enclin à collaborer avec le gouvernement. En 1851, il est élu sous l’étiquette « rouge » dans le comté de Montréal, et, en 1854, dans la division de Jacques-Cartier du même comté. Il conservera ce poste jusqu’au 28 novembre 1857. Le 24 mai 1869, il meurt à Pointe-Claire. Valois avait épousé le 28 juillet 1835 Marie-Louise-Florence-Eudoxie Godin qui lui donna 17 enfants.
ACAM, 355.110, 834–1.— ANQ-M, Greffe de P.-C. Valois, 3 août 1840, 28 avril 1843, 18 janv. 1845, 25 mai 1848.— ANQ-Q, QBC 25, Événements de 1837–1838, nos 166–169.— F.-J. Audet, Les députés de Montréal, 424–426.— R.-L. Séguin, Le docteur Valois, un patriote ignoré, BRH, LX (1954) : 85–91.
Richard Chabot, « VALOIS, MICHEL-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/valois_michel_francois_9F.html.
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Auteur de l'article: | Richard Chabot |
Titre de l'article: | VALOIS, MICHEL-FRANÇOIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |