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VALLANCE, MARGARET (Taylor, lady Taylor), institutrice et réformatrice sociale, née le 1er avril 1840 à Hamilton, Haut-Canada, quatrième enfant de Hugh Vallance, agent des douanes, et d’Ann Little ; le 20 octobre 1864, elle épousa dans cette ville Thomas Wardlaw Taylor*, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédée le 26 décembre 1922 à Winnipeg et inhumée à Hamilton.
La mère de Margaret Vallance était une immigrante écossaise dont le premier mari était mort du choléra peu après leur débarquement dans la baie de Burlington (port de Hamilton) en 1832. Un an plus tard, elle épousa Hugh Vallance, le seul résident du lieu qui avait osé aider les immigrants en quarantaine. Margaret reçut une solide instruction de base dans une école qui mettait l’accent sur le maintien et les bonnes manières. Elle perdit son père à l’âge de 16 ans et dut attendre plusieurs années avant de pouvoir entrer à la Normal School de Toronto. Elle fréquenta cet établissement en 1863–1864, en sortit avec un brevet d’enseignement de première classe et obtint un poste à Bartonville (Hamilton).
Ce fut dans cette localité que Thomas Wardlaw Taylor, veuf et avocat torontois, courtisa Margaret Vallance. Ils s’étaient rencontrés pour la première fois quelques mois auparavant, pendant qu’elle étudiait à l’école normale. Une fois mariés, ils s’installèrent à Toronto. Mme Taylor éleva leurs sept enfants, en plus des deux enfants survivants issus du premier mariage de Taylor. Ses nombreuses obligations familiales ne l’empêchèrent pas d’adhérer à la Woman’s Foreign Missionary Society de l’Église presbytérienne au Canada [V. Marjory Laing*] peu après la formation de cet organisme à Toronto en 1876. Après tout, elle était l’épouse d’un notable presbytérien.
En 1883, les Taylor élurent domicile à Winnipeg, où Thomas Wardlaw devint juge à la Cour du banc de la reine du Manitoba. En 1884, avec quelques femmes issues de diverses congrégations presbytériennes de la ville, Margaret Vallance Taylor fonda la première section auxiliaire de la Woman’s Foreign Missionary Society dans l’Ouest canadien. Sous sa conduite, le groupe, dont elle fut d’abord trésorière puis présidente, connut une croissance rapide. Quatre ans plus tard, il se saborda pour faire place à des sections auxiliaires individuellement rattachées à des assemblées de fidèles. En 1889, une organisation régionale, sise à Winnipeg, vint chapeauter ces sections. Mme Taylor en « refusa énergiquement » la présidence. Elle choisit plutôt d’en devenir l’une des quatre vice-présidentes et de rester à la présidence de la section auxiliaire de l’église Augustine, qu’elle occupait depuis l’année précédente.
Margaret Vallance Taylor appartenait également à la Christian Women’s Union of Winnipeg. Fondée en 1883 dans le but d’entreprendre des activités d’un intérêt particulier pour les femmes, cette organisation protestante créa en janvier 1885 l’Asile des enfants de Winnipeg, au conseil d’administration duquel Mme Taylor fut élue en juillet. Elle insista pour que cette œuvre de bienfaisance soit constituée juridiquement en entité autonome, ce qui fut fait en 1887. La même année, elle devint l’une des vice-présidentes de la Christian Women’s Union. Toujours en 1887, elle assuma la présidence du nouveau conseil d’administration de l’asile ; elle exercerait cette fonction jusqu’en 1899. On dit que sa longue et étroite collaboration avec la secrétaire du foyer, Mme William H. Culver, contribua beaucoup au succès de l’établissement, qui accueillerait plus de 1 200 enfants au cours de ses 20 premières années d’existence.
L’Aberdeen Association figure aussi au nombre des organismes fondés et dirigés par Mme Taylor. Lady Aberdeen [Marjoribanks*] en avait lancé l’idée à une réunion de femmes tenue à Winnipeg le 19 octobre 1890. Fondée dans le courant du même mois, l’association se donnait pour mandat de fournir des lectures instructives et distrayantes aux colons du Nord-Ouest. Mme Taylor, qui en fut la première présidente, resta en poste jusqu’à son départ de Winnipeg en 1899. Elle rédigea les règlements et le mode de fonctionnement de l’association pour assurer un approvisionnement régulier de documentation, notamment des périodiques religieux, agricoles et scientifiques, magazines à la mode, livres pour enfants, ouvrages d’histoire, biographies et écrits de fiction. Dès 1896, il existait une association nationale qui, dans sa meilleure période, serait implantée partout au Canada et compterait 16 sections. La poste ainsi que des sociétés maritimes et ferroviaires faisaient gratuitement le transport. Une fois de retour en Ontario, Mme Taylor s’occuperait des problèmes financiers auxquels l’association nationale et les associations locales feraient face à cause de la réduction des privilèges postaux.
Dès la fondation du Local Council of Women de Winnipeg en 1894, Margaret Vallance Taylor avait appartenu au conseil d’administration de cet organisme, d’abord en tant que vice-présidente, puis, de 1896 à 1899, de présidente (la deuxième à occuper ce poste). Ce conseil local mena des campagnes qui aboutirent à l’embauche de matrones dans la police et à l’amélioration des conditions de détention des prisonnières. En 1897, il ouvrit le Girls’ Home of Welcome, où des immigrantes pourraient se loger en toute sécurité. La même année, le mari de Mme Taylor reçut le titre de chevalier ; elle devint donc lady Taylor. Deux ans plus tard, il prit sa retraite et le couple retourna vivre à Toronto. Les procès-verbaux du Local Council indiquent que Mme Taylor avait inspiré affection et respect en raison de la qualité de son travail.
En 1899, lady Taylor succéda à lady Aberdeen à la présidence du National Council of Women of Canada. Elle conserverait ce poste jusqu’en 1902. Installée à Hamilton avec son mari en 1906, elle présiderait le conseil national pendant un deuxième mandat, en 1910–1911, après la mort subite de lady Edgar [Ridout*]. Le National Council of Women était alors la plus grosse et la plus puissante organisation féminine du pays. Lady Taylor le dirigea avec tact et fermeté dans un contexte où se posaient des questions très diverses, souvent controversées et porteuses de divisions, par exemple la tempérance et le vote des femmes. Elle réussit à faire battre les propositions voulant que le conseil se réunisse seulement tous les deux ou trois ans plutôt qu’annuellement, même si les assemblées annuelles coûtaient cher. Pour corriger les problèmes financiers dont le conseil souffrait de manière récurrente, elle demanda que les conseils affiliés augmentent leur contribution et que les cotisations annuelles soient versées promptement et régulièrement. Par suite d’une demande reçue en 1900, elle-même et le National Council travaillèrent d’arrache-pied pour aider la Canadian Red Cross Society, alors composée de 6 sections seulement, à se transformer en une organisation de 50 sections qui serait en mesure de répondre à la situation engendrée par la guerre des Boers. En outre, sous la présidence de lady Taylor, le conseil chercha des solutions aux problèmes sociaux causés par l’immigration et s’intéressa à divers besoins : jardins d’enfants dans le réseau public d’enseignement, cours d’été, terrains de jeux avec surveillance, bureau de placement pour les femmes, mise sous tutelle des femmes faibles d’esprit, usines de filtration d’eau, lois efficaces sur l’inspection des aliments. Le sérieux des contributions de lady Taylor aux débats sur les questions juridiques – notamment les lois de protection des femmes et des enfants – suggère qu’elle bénéficiait de l’expérience de son mari. Pendant son deuxième mandat, le conseil entreprit une enquête nationale sur le statut juridique des Canadiennes afin de rassembler des données précises et de déterminer les secteurs où les femmes étaient particulièrement vulnérables.
Lady Taylor n’avait pas négligé pour autant les missions presbytériennes. Elle appartint au conseil d’administration de la Women’s Home Missionary Society, créée en 1903, et, après la fusion de celle-ci avec la Woman’s Foreign Missionary Society en 1914, elle fit partie de leur conseil d’administration commun. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, elle se dévoua à nouveau pour la Canadian Red Cross Society, mais sa santé l’empêcha de fournir un effort soutenu. Dès la fin de 1914, elle dut réduire de beaucoup ses activités publiques. Elle s’éteignit en 1922 chez sa fille à Winnipeg. Des amies appartenant au National Council of Women rendirent hommage à sa force de caractère, à sa clarté d’esprit, à son jugement et à son tempérament chaleureux.
Par sa clairvoyance et son travail acharné, l’équipe du National Council of Women enrichit la qualité de la vie au pays en permettant aux femmes d’avoir voix au chapitre dans la société canadienne et une meilleure perception de la place qu’elles y occupaient. Margaret Vallance Taylor fut un membre exceptionnel de cette équipe solide.
Arch. du Barreau du Haut-Canada (Toronto), T. W. Taylor, « A sketch of the life of Sir Thomas Wardlaw Taylor by his son » (texte dactylographié) (copie aux PAM).— EUC, Manitoba and Northwestern Ontario Conference Arch. (Winnipeg), Woman’s Foreign Missionary Society, Winnipeg Presbyterial, executive minutes, 1889 ; newpaper clippings.— PAM, P 2131 ; P 3586–3607.— Manitoba Free Press, 28 déc. 1922.— Mme George Bryce [Marion Samuel], « Historical sketch of the charitable institutions of Winnipeg », Manitoba, Hist. and Scientific Soc., Trans. (Winnipeg), no 54 (févr. 1899) : 1–31.— EPC, Woman’s Foreign Missionary Soc. (div. de l’Ouest), Our jubilee story, 1864–1924 ([Toronto, 1924]).— N. E. S. Griffiths, The splendid vision : centennial history of the National Council of Women of Canada, 1893–1993 (Ottawa, 1993).— Wendy Heads, « The Local Council of Women of Winnipeg, 1894–1920 : tradition and transformation » (mémoire de m.a., Univ. of Manitoba, Winnipeg, 1997).— National Council of Women of Canada, Report (Ottawa ; Toronto), 1899–1902, 1910–1911 ; Retiring president’s memorandum [...] (Hamilton, Ontario, 1899).— Pioneer Winnipeg women’s work : 1883–1907 ([Winnipeg, 1929 ?]).— R. L. Shaw, Proud heritage : a history of the National Council of Women of Canada (Toronto, 1957).— V. J. Strong-Boag, The parliament of women : the National Council of Women of Canada, 1893–1929 (Ottawa, 1976).
Wendy Heads, « VALLANCE, MARGARET (Taylor) (lady Taylor) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vallance_margaret_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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