VAIL, WILLIAM BERRIAN, homme d’affaires, homme politique et officier de milice, né le 19 décembre 1823 à Sussex Vale (Sussex Corner, Nouveau-Brunswick), fils de John Cougle Vail, député de la circonscription de Kings à l’Assemblée, et de Charlotte Hannah Arnold ; frère d’Edwin Arnold Vail* ; le 22 mai 1850, il épousa à Weymouth, Nouvelle-Écosse, Charlotte Leslie Jones, et ils eurent deux filles ; décédé le 10 avril 1904 à Douvres, Angleterre.

William Berrian Vail appartenait à une fière et illustre famille loyaliste du Nouveau-Brunswick. En 1846, après des études à Sussex Vale et à Kingston, au Nouveau-Brunswick, il rejoignit son frère John O. à Digby, en Nouvelle-Écosse. L’entreprise qu’ils y établirent prospéra grâce à l’essor que le transport maritime connaissait en ce milieu du xixe siècle. Par ailleurs, Vail, enrôlé dans la milice locale, accéda le 18 septembre 1863 au commandement du 2nd Regiment of Digby Militia.

À l’instar d’un grand nombre d’habitants et surtout de gens d’affaires de la Nouvelle-Écosse, Vail accueillit très mal les projets d’union coloniale dont on discuta de 1864 à 1866 aux conférences de Charlottetown, de Québec et de Londres, et, comme d’autres adversaires de la Confédération, il fut sidéré de voir la Nouvelle-Écosse devenir province canadienne sans que les électeurs aient pu se prononcer. Au scrutin provincial de septembre 1867, il se porta donc candidat anticonfédérateur dans la circonscription de Digby, et il l’emporta.

Malgré l’écrasante victoire remportée à ce scrutin par les anticonfédérateur, le gouvernement britannique refusa d’abroger la Confédération. Cependant, le premier ministre du Canada, sir John Alexander Macdonald*, était sensible au climat politique de la Nouvelle-Écosse et se rendait compte qu’il fallait conclure un arrangement quelconque avec cette province encore réfractaire. Anticonfédérateur modéré, Vail était devenu secrétaire de la province et secrétaire aux Finances au cabinet de William Annand* de même que leader du gouvernement à l’Assemblée. Toutefois, il ne joua pas un rôle important dans les négociations au terme desquelles, en janvier 1869, la Nouvelle-Écosse obtint de « meilleures conditions », car il n’était pas en bons termes avec le négociateur en chef de la province, Joseph Howe*.

Même après l’obtention de ces « meilleures conditions », bien des Néo-Écossais demeuraient opposés à la Confédération. Vail avait fort à faire pour empêcher le gouvernement Armand de sombrer. Il devait résister autant à ceux qui recherchaient encore l’abrogation de la Confédération qu’à ceux qui visaient l’annexion de la Nouvelle-Écosse aux États-Unis. En même temps, il devait essayer d’obtenir d’Ottawa de meilleurs arrangements financiers. En 1873 par exemple, après d’autres négociations, le gouvernement fédéral augmenta la provision pour la dette provinciale. Au bout du compte, cette mesure aida le gouvernement néo-écossais à subventionner la construction ferroviaire. Vail veilla particulièrement à trouver des fonds pour l’Eastern Extension Railway et pour le Western Counties Railway et à ce que ce dernier ait un terminus à Digby.

Pendant l’été de 1874, le premier ministre Alexander Mackenzie*, porté au pouvoir avec le Parti libéral plus tôt dans l’année, offrit le département de la Milice et de la Défense à Alfred Gilpin Jones, parent de Vail par alliance, car il était déçu du ministre, William Ross. Jones déclina l’offre, mais signala à Mackenzie que Vail était las de la politique provinciale et pourrait se laisser convaincre de tenter sa chance sur la scène fédérale. Mackenzie retint l’idée. Le 30 septembre 1874, Vail fut nommé ministre de la Milice, puis il fut élu député de Digby aux Communes.

Ce fut pendant le mandat de Vail que l’on organisa et ouvrit le Royal Military College of Canada à Kingston, en Ontario, et que l’on nomma le premier officier général commandant de la milice canadienne, le major général Edward Selby Smyth. Ces deux événements sont importants du fait qu’ils ont préparé la création de l’armée canadienne, mais on ne les doit pas à l’initiative de Vail. En fait, à part superviser la distribution des faveurs dans son département et s’occuper de loin de quelques-unes des premières nominations au collège, il ne fit pas grand-chose pour la milice. Mackenzie allait se plaindre un jour qu’il ne lui avait « jamais été de la moindre utilité ». Particulièrement maladroit dans les débats, Vail prenait rarement la parole aux Communes, peut-être parce qu’il savait qu’il n’était pas un bon ministre.

En décembre 1877, malgré des plaidoyers insistants auprès du premier ministre, William Berrian Vail dut démissionner à cause d’un conflit d’intérêts [V. Jones]. Ayant perdu au scrutin complémentaire tenu après sa démission, il ne se présenta pas aux élections générales de 1878 et retourna à ses affaires. En 1882, il représenta le gouvernement de la Nouvelle-Écosse en Angleterre, où il tenta de trouver du capital d’investissement pour le Western Counties Railway. Candidat aux élections fédérales de la même année, il remporta la victoire, mais fut battu à celles de 1887. Même dans l’opposition, ses interventions aux Communes étaient rares et courtes ; cependant, la milice l’intéressait toujours, et il trouvait généralement matière à critique dans le budget des dépenses du département. De plus, il reprochait au gouvernement de ne pas avoir renforcé l’économie de la Nouvelle-Écosse et du comté de Digby – et surtout de ne pas verser des subventions supplémentaires pour le transport maritime et ferroviaire. De 1887 à 1896, il vécut retiré à Halifax. Puis il s’installa à Douvres, en Angleterre, où il habita chez sa fille jusqu’à sa mort.

Stephen John Harris

AN, MG 26, B ; G ; MG 29, D61 : 8116–8118.— Digby Weekly Courier (Digby, N.-É.), avril 1904.— Globe, avril 1904.— Morning Chronicle (Halifax), avril 1904.— Beck, Politics of N.S., 1 : 169–216.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1874–1878, 1883–1887.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— CPG, 1876, 1878, 1883, 1887.— R. O. Goss, « Economics and Canadian Atlantic shipping », Merchant shipping and economic development in Atlantic Canada, L. R. Fischer et E. W. Sager, édit. (St John’s, 1982), 87–112.— Legislative Assembly of N.S. (Elliott).— Desmond Morton, Ministers and generals : politics and the Canadian militia, 1868–1904 (Toronto et Buffalo, N.Y., 1970).— W. L. Morton, The critical years : the union of British North America, 1857–1873 (Toronto, 1964).— N.-É., Adjutant General’s Office, Adjutant general’s report (s.l.), 1866.— R. A. Preston, Canada’s RMC : a history of the Royal Military College (Toronto, 1969).—K. G. Pryke, Nova Scotia and confederation, 1864–74 (Toronto, 1979).

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Stephen John Harris, « VAIL, WILLIAM BERRIAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vail_william_berrian_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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