TUTTY, WILLIAM, ministre de l’Église d’Angleterre, né vers 1715 dans le Hertfordshire, Angleterre, fils de William Tutty et de Gruzzel Drew, décédé le 24 novembre 1754 à Hertford, Angleterre.

William Tutty reçut son baccalauréat ès arts à l’Emmanuel College, à Cambridge en 1737, et sa maîtrise ès arts en 1741. Robert Butts, évêque de Norwich, lui avait conféré en 1737 le diaconat dans l’Église d’Angleterre, après en avoir été autorisé par les lettres dimissoriales de l’évêque de Lincoln. Tutty occupa, à partir de 1744, la charge de vicaire et de « conférencier de l’après-midi » dans la paroisse All Saints, Hertford, et l’évêque de Lincoln, John Thomas, l’ordonna prêtre le 18 décembre 1748.

La Society for the Propagation of the Gospel l’accepta comme missionnaire pour la Nouvelle-Écosse en avril 1749 et s’engagea à lui verser un traitement annuel de £70. Il arriva à Halifax le 21 juin en même temps que les premiers colons du nouvel établissement amenés par Edward Cornwallis*, gouverneur de la Nouvelle-Écosse. Les premiers offices que célébra Tutty eurent lieu en plein air, à la résidence du gouverneur (emplacement de l’actuelle Province House) et, par la suite, dans un entrepôt appartenant à Alexander Callendar (près de l’église St Paul d’aujourd’hui). L’église St Paul fut bâtie en 1750 et Tutty y prononça son premier sermon le 2 septembre. Au cours des premiers mois qu’il passa à Halifax, Tutty partageait le travail pastoral avec le révérend William Anwyl que la Society for the Propagation of the Gospel avait nommé missionnaire à peu près en même temps que lui. Anwyl, porté à abuser des boissons enivrantes, se montra de plus en plus négligent dans l’accomplissement de son travail, ce qui faisait dire à Tutty que « ses agissements et ses paroles annonçaient plus le maître d’équipage d’un vaisseau de guerre que le ministre de l’Évangile ». La société rappela Anwyl afin qu’il réponde aux accusations portées sur sa conduite mais il mourut le 9 février 1750, avant que l’ordre ne lui parvienne.

De la Nouvelle-Écosse, Tutty écrivit à la société environ une douzaine de lettres décrivant en détail les progrès de la colonie. À l’automne et au début de l’hiver 1749, il se plaignit de « la perversité des colons et de leur immoralité » et parla de frictions entre les colons venus d’Angleterre, qui adhéraient à l’Église d’Angleterre, et ceux qui étaient établis en Nouvelle-Angleterre, des dissidents, pour la plupart des Congrégationalistes [V. Aaron Cleveland]. En juillet 1751, cependant, Tutty pouvait dire à la société : « Il y a maintenant une parfaite harmonie entre l’Église d’Angleterre et les dissidents [...] Les préjugés qu’ils [ces derniers] entretenaient à l’égard de l’Église d’Angleterre [...] semblent plutôt s’être atténués et transformés en une certaine estime. »

Les efforts de Tutty pour réformer la conduite de quelques-uns des plus anciens colons furent à peu près sans effet ; aussi dirigea-t-il son attention vers ce qu’il appelait « notre plus grand espoir, la génération montante » ; c’est pour elle qu’il s’assura les services d’un maître d’école, Edward Halhead. Tutty éprouva quelques difficultés dans l’exercice de son ministère auprès des colons protestants d’origine française ou suisse, et, en septembre 1749, il recommanda à la société la nomination, à titre d’assistant, de Jean-Baptiste Moreau, arrivé lui aussi en juin avec les colons. Moreau succéda à Anwyl en juin 1750.

Le premier hiver à Halifax fut pénible pour ces gens qui n’étaient pas habitués aux rigueurs du climat et quand arriva le printemps de 1750, de 3 000 qu’il avait été, le nombre des colons était maintenant tombé à 1 900. Des échanges commerciaux réguliers se pratiquaient entre la Nouvelle-Angleterre et Halifax et chaque fois qu’un vaisseau quittait Halifax à destination des colonies plus anciennes, il portait à son bord des passagers qui allaient y chercher une vie moins difficile. Le climat n’était pas le seul facteur défavorable comme le notait Tutty : « Il n’y a [...] pas de proportion entre les baptêmes et les enterrements ; ces derniers dépassent largement les premiers en raison d’un inviolable attachement au rhum de la Nouvelle-Angleterre, le plus destructeur de tous les alcools destructeurs. » Vers juillet 1750, cependant, de nouveaux colons étant venus s’ajouter aux anciens, Tutty fit rapport que la population de Halifax comptait derechef près de 3 000 habitants. Toutefois il signala en octobre qu’on avait installé de nouveaux colons de l’autre côté du port de Halifax (Dartmouth), ce qui ajoutait à la difficulté de son ministère. « Le travail à faire ici serait déjà assez pénible pour un homme de très forte constitution », écrivait-il. Sa santé n’était « rien moins que bonne ».

Dès le mois d’août 1749, Tutty avait sollicité un congé afin de retourner en Angleterre pour affaires personnelles, mais il ne fut pas en mesure de s’y rendre avant l’automne de 1752 ; la dernière lettre qu’il adressa à la société, peu de temps avant de s’embarquer, porte la date du 18 octobre. John Breynton*, arrivé depuis juin, lui succéda à Halifax. Le 3 janvier 1753, Tutty épousa une veuve, Mme Catherine Hollows, dans l’église All Saints à Hertford où il occupait de nouveau la charge de « conférencier de l’après-midi ». Une fille naquit en novembre 1753. Un an plus tard, le 24 novembre, Tutty décéda et fut inhumé dans le cimetière de la paroisse All Saints.

C. E. Thomas

All Saints Church (Hertford, Angl.), Parish registers.— Hertford County Records Office (Hertford, Angl.), Allen index to Hertfordshire marriages.— Lincoln (Angl.) Archives Office, Episcopal register 38, f.545.— USPG, B, 17, pp. 22, 38 ; 18, pp. 1, 4, 223 ; 19, p. 6 ; 20, p. 5 (copies aux PANS, USPG mfm, reels 14, 15) ; Journal of SPG, 1, p. 156.— Alumni Cantabrigienses : a biographical list of all known students, graduates and holders of office at the University of Cambridge, from the earliest times to 1900, John et J. A. Venn, comp. (2 parties, 10 vol., Cambridge, Angl., 1922–1954), 1re partie.— Bell, Foreign Protestants.— G. W. Hill, History of St. Paul’s Church, Halifax, Nova Scotia, Coll. of the N.SHist. Soc., I (1879) : 35–38.

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C. E. Thomas, « TUTTY, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tutty_william_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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