TRÉMAUDAN, AUGUSTE-HENRI DE, instituteur, avocat, journaliste et homme de lettres, né le 14 juillet 1874 à Saint-Jean-Chrysostome (Saint-Chrysostome, Québec), fils d’Auguste de Trémaudan, cultivateur, et de Jeanne Huet ; le 18 ou le 19 février 1901, il épousa à Montmartre (Saskatchewan) Madeleine Bastien, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 29 octobre 1929 à Los Angeles.

Auguste-Henri de Trémaudan vient d’une famille originaire de Pipriac (département de l’Ille-et-Vilaine), en France. Son père a été capitaine dans l’armée française au cours de la guerre franco-allemande. En 1871, les Trémaudan ont émigré à Saint-Jean-Chrysostome, dans la province de Québec, où naît Auguste-Henri trois ans plus tard. Ils retournent en France après un séjour d’une dizaine d’années et s’installent à Saint-Nazaire, près de Nantes. Auguste-Henri fréquente le petit séminaire de Guérande, où il fait ses études classiques et acquiert une bonne connaissance de l’anglais.

En 1893, la famille signe un contrat avec la Société foncière du Canada, créée à Paris la même année dans le but de fonder une colonie française à Montmartre, dans l’Ouest canadien, où les Trémaudan s’établissent. Auguste-Henri, dont la santé délicate ne le prédestine pas à l’agriculture, étudie pendant quelques mois à l’école normale de Regina. Il donne bientôt des leçons d’anglais à des enfants de Montmartre, où il enseigne à l’école primaire jusqu’en 1902 tout en s’initiant au droit à titre de clerc. Sans être membre en règle du barreau, il exerce sa nouvelle profession d’avocat à Manor de 1902 à 1911, année où il quitte la Saskatchewan et s’installe à The Pas, au Manitoba. Il fonde à cet endroit le Hudson’s Bay Herald, qu’il dirige jusqu’en 1913, année au cours de laquelle il devient membre du Barreau du Manitoba. Vers 1914, il s’installe à Saint-Boniface (Winnipeg), où il demeurera jusqu’en 1919. Pendant ces années, et probablement jusqu’en 1921, il travaille pour la Winnipeg Trustee Company. Il collabore aussi, en utilisant parfois le pseudonyme de Prosper Willaume, à plusieurs journaux. À partir d’octobre 1915, il est notamment rédacteur au Soleil de l’Ouest, hebdomadaire libéral de Winnipeg. Lorsque le journal cesse de paraître, le 2 mars 1916, il fonde aussitôt la Libre Parole, à Winnipeg, et continue à promouvoir la politique du Parti libéral fédéral et la défense de la langue française. Avec Albert Dayen, d’origine française, il codirige l’hebdomadaire jusqu’à sa disparition, en mars 1919. Entre 1916 et 1918, il prononce également quelques conférences à saveur historique, dont quelques-unes connaissent la publication. Il vit à Sainte-Rose-du-Lac de 1919 à 1923 et y exerce le droit. Il est de retour à Saint-Boniface en 1923, pour un court séjour pendant lequel il travaille dans le secteur de l’immobilier.

Au début de l’année 1924, Trémaudan s’installe à Los Angeles, où le climat plus clément convient mieux à sa santé chancelante. Pour des raisons financières, seul un de ses fils l’accompagne au départ ; le reste de la famille le rejoint peu après. Dans son nouveau pays d’accueil, Trémaudan occupe divers emplois, notamment dans des bureaux d’avocats. Il milite également dans de nombreuses associations, dont l’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique, pour la protection du français.

Même si Trémaudan a commencé à publier des ouvrages historiques au début des années 1920, sa production s’intensifie à partir du moment où il vit aux États-Unis. Entre 1925 et 1930 (un texte paraîtra de façon posthume), il est l’auteur de plusieurs articles, notamment sur l’histoire des Métis, dans la Canadian Historical Review de Toronto et dans le Canada français de Québec. Il écrit également un roman, ainsi que plusieurs pièces de théâtre, dont certaines sont jouées à Montréal et à Los Angeles.

Toutefois, l’Histoire de la nation métisse dans l’Ouest canadien constitue sans doute l’œuvre la plus importante d’Auguste-Henri de Trémaudan. Lorsqu’il a quitté le Canada, ce dernier a vendu à l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba sa collection de livres et de documents sur l’histoire de l’Ouest canadien. Quelque temps plus tard, l’association le mandate pour écrire, comme l’avertissement l’annoncera, « un récit simple, aussi complet que possible, des faits et gestes de la race métisse canadienne-française ». La collection est alors retournée à Trémaudan, qui se met à l’œuvre au printemps de 1927. L’auteur – qui a, toute sa vie durant, mis sa plume au service des droits linguistiques et culturels des francophones de l’Ouest canadien – meurt cependant d’une pleurésie avant d’achever son travail. L’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba entreprend alors d’écrire le dernier chapitre qui figurera en appendice du volume finalement paru à Montréal en 1935.

Michel Verrette

Auguste-Henri de Trémaudan est l’auteur de quelques conférences publiées sous les titres suivants : Pourquoi nous parlons français (Winnipeg, 1916) ; les Précurseurs (s.l., [1916 ?]) ; le Sang français (Winnipeg, 1918). Il a également fait paraître des articles dans la CHR : « Louis Riel and the Fenian raid of 1871 », 4 (1923) : 132–144 ; [Louis Riel], « The execution of Thomas Scott », A.-H. de Trémaudan, édit., 6 (1925) : 222–236 ; « Letter of Louis Riel and Ambroise Lépine to Lieutenant-Governor Morris, January 3, 1873 », A.-H. de Trémaudan, trad. et édit., 7 (1926) : 137–160 ; et un compte rendu des ouvrages de Maurice Constantin-Weyer, Manitoba (Paris, 1924) et la Bourrasque (Paris, 1925) dans le vol. 7 : 256–259. On trouve aussi des articles dans le Canada français (Québec) : « les Nôtres en Californie », 2e sér., 18 (1930–1931) : 107–120 ; « Une page de l’histoire de la nation métisse dans l’ouest du Canada », 2e sér., 16 (1928–1929) : 7–16. Trémaudan a écrit un roman, l’Île au massacre : roman canadien inédit (Montréal, 1928), et cinq pièces de théâtre : De fil en aiguille : mélodrame canadien-français en 3 actes (Los Angeles, 1925) ; Quand même ! : pièce canadienne en trois actes (Montréal, 1928) ; Feu follet : comédie dramatique canadienne en quatre actes (Montréal, 1929) ; Petit-Baptiste : comédie héroïque en quatre actes (Montréal, 1929) ; et Pureté : pièce en un acte (Montréal, [1930]). Outre son Histoire de la nation métisse dans l’Ouest canadien, il a publié : Hudson Bay road, 1498–1915 (Londres et Toronto, 1915) ; Riel et la Naissance du Manitoba ([Winnipeg], 1921) ; et Une page de l’histoire de la nation métisse dans l’ouest du Canada ([Québec, 1928]).

AM, AVF, A.-H. de Trémaudan.— ANQ-M, CE607-S6, 15 juill. 1874.— BAC, MG 26, G.— Centre du patrimoine (Winnipeg), Soc. hist. métisse.— La Presse, 7 nov. 1929.— Biblio. of the prairie prov. (Peel).— Hélène Chaput, Donatien Frémont : journaliste de l’Ouest canadien (Saint-Boniface [Winnipeg], 1977).—Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.— Dictionnaire de l’Amérique française ; francophonie nord-américaine hors Québec, Charles Dufresne et al., édit. (Ottawa, 1988), 367.— « Les Disparus », BRH, 36 (1930) : 94.— Jean Doat, Anthologie du théâtre québécois (Québec, 1973).— DOLQ, 2.— Lionel Dorge, Introduction à l’étude des Franco-Manitobains ; essai historique et bibliographique (Saint-Boniface, 1973).— Bernard Pénisson, Henri d’Hellencourt ; un journaliste français au Manitoba (1898–1905) (Saint-Boniface, 1986).

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Michel Verrette, « TRÉMAUDAN, AUGUSTE-HENRI DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tremaudan_auguste_henri_de_15F.html.

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Auteur de l'article:    Michel Verrette
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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