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TOWNSEND, JOHN, fermier, comédien, directeur de théâtre et professeur, né le 2 avril 1819 à Deptford (Londres), fils unique de John Townsend, commissaire-priseur et administrateur foncier, et d’une prénommée Mary ; le 5 mai 1841, il épousa à Londres Sarah Mitchell, actrice amateure de huit ans son aînée, et ils eurent au moins cinq fils et deux filles, qui reçurent tous une formation de comédien ; décédé le 22 décembre 1892 à Hamilton, Ontario.
John Townsend débuta au théâtre à l’âge de 12 ans en jouant des rôles d’enfant dans la troupe d’Edmund Kean, probablement à Londres. Étant demeuré dans le voisinage, il fit ses débuts officiels de comédien amateur quatre ans plus tard à Woolwich. En 1842, sous le pseudonyme de Tamworth, il avait loué le Theatre Royal de Richmond, où il commençait à se faire un nom en jouant du Shakespeare. En 1852, la mort de son père l’obligea cependant à quitter la scène pour gérer l’entreprise familiale d’enchères à Greenwich. Élu au Parlement en 1857, il déclara faillite quelque temps après, vraisemblablement vers la fin de 1858. On lui accorda 12 mois pour rembourser ses dettes, et il monta de nouveau sur les planches, sous le nom de John Townsend, député. Pour satisfaire ses créanciers, il tint des premiers rôles dans sept salles de spectacle de Londres et aurait été le dernier comédien à jouer Richard III à cheval à l’Astley’s Theatre. En février 1859, il démissionna de son siège de député en ayant recours à la manœuvre politique éprouvée des « Chiltern Hundreds » et alla diriger le Theatre Royal de Leicester pour une saison de 32 semaines.
Townsend avait réussi à régler des dettes qu’il n’était pas obligé de payer, mais sa santé avait souffert de toutes ces tensions. On lui conseilla donc d’émigrer et de s’adonner à l’agriculture. Il arriva dans le Haut-Canada en mai 1862 et acheta 50 acres de terre aux abords de Kingston. Moins de 18 mois plus tard, sa femme et sa fille aînée Florence jouaient dans la troupe de théâtre amateur du 47th Foot, toutes deux sous le nom d’emprunt de Grosvenor. Sa santé rétablie, Townsend remonta sur les planches le 26 mai 1864 pour jouer Richard III, de même qu’un rôle dans The honey moon, farce écrite par John Tobin, que l’on présentait en fin de soirée. L’événement fut bien accueilli et, comme l’appui de la garnison était assuré, Townsend put renoncer à l’agriculture et, fonder à Kingston une troupe de théâtre à demeure. À compter de ce mois-là, la famille joua chaque semaine pendant un an dans un salon de l’hôtel de ville, que Townsend appela « Theatre Royal ». De juin 1865 à septembre 1867, il loua le Her Majesty’s Theatre d’Ottawa puis, en 1868, il alla s’établir à Hamilton avec sa famille et donna des représentations dans la salle de l’institut des artisans. Pendant dix ans encore, « The World Renowned Townsend Family Star Dramatic Troupe » parcourut le sud de l’Ontario et fit même des incursions dans le nord des États-Unis. Avec le temps, un programme agrémenté de comédies musicales et de mélodrames vint s’ajouter au répertoire shakespearien.
Townsend s’était fait connaître par sa voix sonore de même que par son jeu vigoureux mais suranné. En 1864, le Daily British Whig de Kingston critiqua son interprétation « compassée et laborieuse » de Macbeth, et fit observer qu’il était « un soupçon trop vieux, un rien trop corpulent » pour jouer Roméo. Sans être un grand artiste, Townsend fut néanmoins un acteur de premier plan, et il a mérité une place parmi les pionniers du théâtre canadien pour avoir dirigé l’une des troupes canadiennes – elles étaient une douzaine environ – qui ont osé rivaliser avec les troupes de théâtre américaines, fort nombreuses et mieux organisées.
Alors qu’il jouait en Indiana, en novembre 1877, John Townsend tomba gravement malade et fut contraint de quitter la troupe qu’il avait dirigée pendant 13 ans. Il continua de tenir à l’occasion quelques rôles à Hamilton et devint un professeur d’interprétation et de diction respecté, quoique toujours un peu bohème. C’est lui qui enseigna les rudiments du métier à la jeune Ida Lewis* – son élève la plus célèbre, âgée de moins de 16 ans à l’époque et connue plus tard sous le nom de Julia Arthur – et qui aida à lancer sa carrière. En 1888, l’épouse de Townsend mit tragiquement fin à ses jours dans un asile d’aliénés. Seul son fils Harry poursuivit une carrière d’acteur et, ironiquement, il jouait de nouveau en Indiana quand John Townsend mourut, en 1892, d’un cancer du foie.
Un calendrier des performances de John Townsend à Kingston du 24 déc. 1863 au 11 mai 1865 et du 23 au 28 sept. 1867, extrait du Daily News et du Daily British Whig, a été compilé par J. W. Spurr et a été transmis à l’auteur dans sa lettre du 27 oct. 1977. [d. g.]
GRO (Londres), Reg. of marriages in the registration district of St James Westminster ([Londres]), nº 473 (5 mai 1841).— Daily British Whig, 7 sept., 20 oct., 24 nov. 1864.— Daily News, 28 déc. 1863, 21, 23, 27 mai 1864, 23 sept. 1867.— Hamilton Evening Times (Hamilton, Ontario), 23 déc. 1892.— Hamilton Herald, 23, 27 déc. 1892.— Hamilton Spectator, 8 avril 1884, 23 déc. 1892.— DHB.— Ottawa directory, 1866–1867 : xxx, 152.— Who’s who of British members of parliament, Michael Stenton et Stephen Lees, édit. (4 vol., Brighton, Angl., et Atlantic Highlands, N.J., 1976–1981), 1 : 381.— T. M. Bailey et C. A. Carter, Hamilton, famous and fascinating ; two centuries of a colourful city (Hamilton, 1972).— Carolyn Hetherington, « An olio of oddities », Kingston 300 : a social snapshot, by Kingstonians (Kingston, 1973), 184–188.— M. M. Brown et Natalie Rewa, « Ottawa calendar of performance in the 1870s », Theatre Hist. in Canada (Toronto et Kingston), 4 (1983) : 134–191.— Freda Crisp, « The grassroots days of Hamilton theatre », Spectator, 17 oct. 1970 : 23 ; « When Hamilton was host to the prince of players », 24 oct. 1970 : 23.— Jacques [Joseph Tinsley], « Reminiscences of early days in the world of Thespis », Hamilton Herald, 8 juin 1901.— C. R. McCullough, « An old-time actor : John Townsend, actor, auctioneer and member of parliament », Hamilton Spectator, 5 sept. 1942 : 9 ; 19 sept. 1942 : 20.— Denis Salter, « At home and abroad : the acting career of Julia Arthur (1869–1950) », Theatre Hist. in Canada, 5 (1984) : 1–35.— J. W. Spurr, « Theatre in Kingston, 1816–1870 », Historic Kingston, nº 22 (1974) : 50–52.
David Gardner, « TOWNSEND, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/townsend_john_12F.html.
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Auteur de l'article: | David Gardner |
Titre de l'article: | TOWNSEND, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |