TOBIN, JAMES, homme d’affaires, homme politique, fonctionnaire et juge de paix, baptisé le 19 avril 1774 à Halifax, fils de Michael Tobin et de Catherine Hannah Murphy ; le 25 janvier 1800, il épousa dans la même ville Eleanor Lanigan, fille de Patrick Lanigan, de Callan (république d’Irlande), et ils eurent six enfants ; décédé le 3 novembre 1838 à Halifax.

Les Tobin étaient des Irlandais catholiques venus à Halifax en passant par Terre-Neuve au début des années 1770. Michael Tobin, natif de Waterford, exerçait le métier de boucher. Il atteignit une modeste aisance à titre de fournisseur de poisson et de viande auprès du gouvernement. Après sa mort, en 1804, son fils James prit le commerce en main avec l’aide de son jeune frère Michael. Leurs activités commerciales demeurèrent assez longtemps modestes, et ce n’est qu’à la fin des guerres napoléoniennes que la famille perça dans le milieu commerçant.

Les frères Tobin, en affaires sous le nom de J. and M. Tobin, profitèrent de la modification des itinéraires commerciaux et des autres circonstances favorables qu’amenèrent la guerre de 1812 et le conflit qui se prolongeait en Europe. La valeur des marchandises importées par la compagnie s’accrut rapidement : de £800 environ qu’elle était en 1810, elle passa à £19 183 en 1814 et à £60 797 en 1816. En 1813, la vente des cargaisons de vaisseaux capturés rapporta un montant brut de £9 938. La compagnie faisait le commerce du rhum, de la mélasse et de la cassonade avec les Antilles et importait du vin et des produits manufacturés d’outre-mer.

Les profits de ces opérations étaient investis dans des hypothèques, des prêts et dans la dette de la province. De 1814 à 1837, les Tobin accordèrent 63 prêts hypothécaires qui variaient de quelques dizaines de livres à plusieurs centaines. En 1818, les deux frères détenaient un tiers de la dette de la Nouvelle-Écosse. En 1825, ils avaient des reconnaissances de dette de la province pour près de £5 000 et, en 1836, ils en étaient les principaux créanciers. Leurs placements furent très profitables : dès 1829–1830, les Tobin percevaient 18 % par an sur leurs importantes avances de capitaux. Ils avaient également souscrit des actions dans le projet du canal Shubenacadie en 1829 [V. Charles Rufus Fairbanks].

En septembre 1825, avec un investissement de £5 000, James Tobin fut l’un des huit associés fondateurs de la Halifax Banking Company. Cette opération lui rapporta jusqu’à 20 % de dividendes annuels et le plaça au cœur de l’élite commerçante de Halifax. Sa nomination au Conseil de la Nouvelle-Écosse, le 25 janvier 1832, vint confirmer son importance ; il était le premier catholique à atteindre ce poste. Déjà commissaire chargé du jugement sommaire des causes du canton de Halifax depuis le 16 avril 1817, il devenait maintenant non seulement conseiller, rejoignant ainsi ses collègues de la banque Samuel Cunard*, Enos Collins* et Henry Hezekiah Cogswell*, mais aussi commissaire et juge de paix pour toute la province. Au début de 1838, lorsqu’on scinda le conseil en deux corps, législatif et exécutif, il devint membre du Conseil législatif.

Bien que relativement limité, l’engagement de Tobin dans les organisations communautaires reflétait ses origines irlandaises et catholiques. Il se joignit à la Charitable Irish Society le 17 mai 1797 et fit partie à dix reprises de son comité de bienfaisance. Cette fonction n’était pas une sinécure dans les années 1820 et la décennie qui suivit, étant donné la forte immigration d’Irlandais. Son frère et associé Michael accéda à la présidence de la société et le remplaça au Conseil législatif. James fut marguillier de l’église catholique St Peter de 1800 jusqu’à sa mort et, en 1830, il comptait parmi les généreux donateurs qui permirent l’achèvement de la cathédrale St Mary (basilique St Mary), destinée à remplacer cette église. Tobin légua par testament une somme importante aux enfants de sa fille Eliza, qui avait épousé un protestant, John James Sawyer. Parmi ses petits-enfants, ceux qui étaient catholiques devaient recevoir leur part d’héritage tandis que ceux qui étaient protestants jouiraient simplement d’un intérêt à vie. Catholique convaincu, Tobin n’était cependant pas bigot. Il appuya la nomination de Thomas McCulloch au poste de directeur du Dalhousie College, en 1838, en déclarant devant le conseil que, s’il avait encore des fils à éduquer, il les confierait aux soins de celui-ci.

En 1838, James Tobin était le catholique le plus riche des Maritimes et l’un des hommes les plus fortunés de la Nouvelle-Écosse. À sa mort, on évalua ses biens à £50 360, dont plus de la moitié en placements et marchandises. Ses biens meubles et immeubles étaient aussi de grande valeur. Personne modeste, conservateur prudent et homme-d’affaires averti, Tobin avait connu le succès et la reconnaissance sociale. Son influence sur ses coreligionnaires et compatriotes irlandais avait cependant bien diminué après l’ascension du mouvement réformiste dans les années 1830 ; des hommes plus jeunes, tel Laurence O’Connor Doyle*, commencèrent alors à mieux exprimer les sentiments libéraux des électeurs irlandais. Deux des fils de Tobin accédèrent à des fonctions politiques importantes. Michael devint membre du Conseil législatif puis du Conseil exécutif de la Nouvelle-Écosse, et James William* obtint des postes analogues à Terre-Neuve.

T. M. Punch

Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, T40 ; Wills, 3 : fos 284 et suivants ; 5 : fos 92–110 (mfm aux PANS).— Halifax County Registry of Deeds (Halifax), Deeds, 41 : fo 42 ; 46 : fo 297 ; 47 : fo 298 ; 49 : fo 38 ; 53 : fo 472 ; 58 : fo 1 ; 63 : fo 75 (mfm aux PANS).— PANS, MG 20, 65–66 ; RG 1, 195, 386 ; RG 31-104, 8–9.— St Mary’s Roman Catholic Basilica (Halifax), Account-book of St Peter’s Church [St Mary’s Cathedral], 1801–1858 (mfm aux PANS).— J. S. Martell, « A documentary study of provincial finance and currency, 1812–36 », PANS Bull. (Halifax), 2 (1939–1941), no 4.— T. M. Punch, « Tobin genealogy », Nova Scotia Hist. Quarterly (Halifax), 5 (1975) : 71–81.

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T. M. Punch, « TOBIN, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tobin_james_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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