THRESHER, GEORGE GODSELL, peintre, professeur d’art et fonctionnaire, né le 6 avril 1780 à Salisbury, Angleterre, fils de Thomas Thresher et d’une prénommée Rachel ; il épousa Eliza Wilson Brooks, et ils eurent deux fils et trois filles ; décédé le 9 décembre 1857 à Charlottetown.
Par leurs œuvres et en inculquant à leurs contemporains le goût des beaux-arts, les artistes ont apporté une véritable contribution à la vie de l’Amérique du Nord au xixe siècle. De plus, ils ont légué aux générations futures un témoignage pictural de la vie de leur époque. En dépit de ces apports, il était difficile pour un artiste de mener une existence convenable, à moins d’être au service d’une famille fortunée. C’est pourquoi les premiers artistes qui immigrèrent en Amérique du Nord allaient de ville en ville exploiter leurs talents, en suivant souvent le littoral.
George Godsell Thresher immigra à New York en 1806 et travailla par la suite à Philadelphie, à Montréal, à Halifax et à Charlottetown. Il aurait étudié les beaux-arts sous la direction de Ross Dodd à Londres et aurait servi dans la marine royale. En outre, Thresher affirma plus tard dans sa publicité qu’il avait enseigné « dans quelques-uns des plus respectables, pensionnats et maisons particulières en Europe ». À New York, il fut engagé comme précepteur des enfants du docteur J. Wallis Brooks, dont il épousa la fille.
Thresher était avant tout un peintre de scènes marines et, selon un de ses descendants, il a peint pour la ville de New York, durant la guerre de 1812, des tableaux représentant des victoires navales. Ces œuvres étaient destinées à des commandants américains. Une peinture qui fut exécutée à cette époque et qui a été conservée représente le combat que se livrèrent le Hornet et le Peacock. Ce document pictural réalisé en 1813 illustre la défaite infligée au Peacock par le vaisseau américain, le 24 février de cette année-là.
En plus d’avoir travaillé à New York jusqu’aux environs de 1813, Thresher aurait enseigné les beaux-arts à Philadelphie avant de s’installer à Montréal avec des membres de la famille Brooks, au moment où Honoria Brooks, sa belle-sœur, épousa un certain John Dillon, de Montréal. En mai 1816, Thresher annonça l’ouverture d’une école pour l’enseignement du dessin au pastel et au crayon, et de la peinture à l’aquarelle et à l’huile. Un reçu daté de 1818 montre que la ville lui versa la somme de £14 15 shillings pour avoir peint 59 panneaux indiquant des noms de rues.
En 1821, Thresher demeurait à Halifax. Ce fut son principal lieu de résidence pendant quelques années, bien qu’il ait peut-être vécu temporairement dans d’autres régions de la Nouvelle-Écosse afin d’y exercer son art. Il se trouvait sur le schooner Speculation lors du naufrage de ce navire au large de l’île du Cap-Breton le 7 novembre 1828 ; en mai 1829, il chercha par la voie des journaux à se procurer des effets sauvés du sinistre, en s’identifiant alors comme « professeur de dessin, de Pictou ».
En juillet 1829, Thresher habitait Charlottetown et annonçait qu’il allait ouvrir, dès qu’un nombre suffisant d’élèves se seraient inscrits, une école de dessin et de peinture, où seraient aussi enseignées la calligraphie et la comptabilité. Son école ouvrit ses portes en décembre « avec la permission de feu Sa Majesté et sous le patronage de Son Excellence le lieutenant-gouverneur [John Ready*] ». Quoique Thresher ait élu domicile à Charlottetown, sauf pour une brève période pendant l’hiver de 1829–1830, son enseignement ne fut peut-être pas assez lucratif pour lui permettre de subsister. Il fit savoir dans sa publicité qu’il pouvait orner des salons en y peignant des paysages, reproduire des scènes bibliques dans les églises et les chapelles, décorer les bannières et les tabliers des francs-maçons, qu’ils soient de velours, de soie ou de mousseline, dessiner des armoiries et des écussons sur les voitures, peindre des meubles en imitant diverses sortes de bois et de marbre, et faire de la dorure et de la calligraphie. Sa femme et sa fille ajoutèrent au revenu familial en dirigeant leur propre école réservée aux jeunes filles, où l’on enseignait différentes disciplines, y compris le dessin et la peinture. Une huile exécutée par Mme Thresher vers 1848 et intitulée Man with pipe atteste de son talent.
À compter de septembre 1830, Thresher exposa à Charlottetown une peinture de grandes dimensions qui représentait le bombardement d’Alger (Algérie) par lord Exmouth, le 27 août 1816. Thresher avait peint cette scène « à partir d’un croquis fidèle dessiné sur les lieux mêmes par un gentleman qui s’était rendu [à Alger] à cette seule fin ». Le prix élevé de un shilling exigé des adultes pour voir ce tableau laisse entendre que l’artiste autant que son œuvre étaient hautement considérés.
Apparemment incapable d’assurer sa subsistance uniquement par son art, Thresher accepta en 1838 le poste de registrateur adjoint, fonction qu’il abandonna en 1851 pour devenir secrétaire colonial adjoint. Lorsqu’il fut contraint de se retirer en 1853 à cause d’une infirmité, la chambre d’Assemblée lui vota d’emblée une subvention de £30 « en considération de ses services ». Toutefois, il continua apparemment à peindre jusqu’à sa mort. À ce que l’on raconte, son tableau représentant les effets du grand vent qui balaya l’Île-du-Prince-Édouard en 1851 fut présenté à une exposition industrielle à New York et remporta un prix. Quand Charlottetown fut érigé en municipalité en avril 1855, on demanda à Thresher de soumettre des croquis d’un sceau pour la ville. Il reçut un shilling pour son travail, et l’arrêté municipal prévoyant la création du sceau fut approuvé en décembre. Thresher fit aussi partie du Charlottetown Mechanics’ Institute et prononça plusieurs conférences sur des sujets tels que la perspective aérienne et les principes fondamentaux du dessin.
L’Île-du-Prince-Édouard eut le bonheur d’attirer des artistes. William Valentine*, Leon Rosse et S. W. Martin jouèrent un rôle important dans la vie artistique de l’île, surtout comme portraitistes. Par ailleurs, George Godsell Thresher, Fanny Amelia Bayfield [Wright*] et George Hubbard peignirent des scènes de la vie en Amérique du Nord au xixe siècle qui ont une valeur documentaire. Aussi Thresher est-il considéré comme un peintre de marines talentueux par ceux qui collectionnent ce genre de tableaux, tant au Canada qu’aux États-Unis.
La liste la plus complète des tableaux exécutés par George Godsell Thresher aux États-Unis se trouve dans l’Inventory of American paintings executed before 1914, inventaire basique dressé par le Smithsonian Institution’s National Museum of American Art (Washington). Les reproductions d’un certain nombre de ces peintures accompagnées de notes biographiques paraissent dans Douglas Norris, « The Hornet and the Peacock », Antiquarian (New York), 11 (1929) : 53, 80 ; « George Thresher, naval painter », Antiques (New York), 48 (juill.–déc. 1945) : 230, 232 ; Catalogue of a special exhibition of the Irving S. Olds collection of American naval prints and paintings [...] (Salem, Mass., 1959), 34, 44 ; et D. B. Webster et al., Georgian Canada : conflict and culture, 1745–1820 (Toronto, 1984), 189, 218.
Parmi les tableaux que Thresher fit en Amérique du Nord britannique, on retrouve View of Charlottetown, sans date, et Charlotte Town taken from J. S. McGill Esq. farm, 1836, conservés aux PAPEI. Le premier est reproduit dans Through Canadian eyes : trends and influences in Canadian art, 1815–1965, Moncrieff Williamson, compil. (Calgary, 1976), planche 10 (la date indiquée dans la légende semble bien antérieure à la date possible d’exécution). En plus d’une toile d’Eliza Wilson Brooks Thresher, Man with pipe (circa 1848), le Confederation Centre Art Gallery and Museum (Charlottetown) possède plusieurs tableaux de Thresher. Harbour entrance, Halifax, circa 1830 (reproduit notamment dans Confederation Centre Gallery and Museum (Charlottetown, 1969), sous le titre de Indian tepee and ship ; dans J. R. Harper, Painting in Canada, a history ([Toronto], 1966) ; et dans The first decade, 1964–1974 : a retrospective survey of works acquired by Confederation Centre Art Gallery, sélectionné par Ian Lumsden (Charlottetown, 1975) ; Battle of Trafalgar, non signé et non daté ; et The Yankee gale, signé et daté de 1851 (reproduit dans Prince Edward Island Magazine and Educational Outlook (Charlottetown), 6 (1904) : 39, sous le titre de The great gale of 1851). Des descendants de Thresher et des collectionneurs privés possèdent d’autres tableaux, dont : Rolfe, un autoportrait, et The cottagers. Le sceau de la ville de Charlottetown apparaît dans I. L. Rogers, Charlottetown : the life in its buildings (Charlottetown, 1983), v. [i. l. r.]
PAPEI, Acc. 3466 ; RG 1, Commission books, 13 nov. 1838, 2 déc. 1839, 28 avril, 7 juill. 1851 ; RG 20, item 36, W. B. Wellner à Thresher, 6 déc. 1855 ; Charles Desbrisay au maire, 8 déc. 1855.— Acadian Recorder, 10, 17 févr., 8 sept. 1821, 30 août 1823.— Colonial Herald, and Prince Edward Island Advertiser (Charlottetown), 11 janv. 1840, 18 févr. 1843.— Examiner (Charlottetown), 8 janv. 1848.— Islander, 8 avril 1853, 11 déc. 1857.— Prince Edward Island Register, 20 janv., 26 mai, 14, 21 juill., 4 août, 29 sept., 24 nov., 8, 29 déc. 1829, 18 mai, 1er juin 1830.— Royal Gazette (Charlottetown), 28 sept., 12 oct. 1830, 4 oct. 1831, 4 févr. 1845.— G. C. Groce et D. H. Wallace, The New-York Historical Society’s dictionary of artists in America, 1564–1860 (New Haven, Conn., et Londres, 1957 ; réimpr., 1964).— Harper, Early painters and engravers.— Rolfe genealogical tree, W. J. Morrison, compil. (s.l.n.d. ; copie au P. E. I. Museum).— Examiner (Charlottetown), 2 avril 1880.— Guardian (Charlottetown), 21 oct. 1944.
Irene L. Rogers, « THRESHER, GEORGE GODSELL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/thresher_george_godsell_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |