Provenance : Lien
ÞORSTEINSDÓTTIR, TORFHILDUR (Holm), écrivaine et institutrice, née le 2 février 1845 à Kálfafellsstaður, Austur-Skaftafellssýsla, Islande, fille de Þorsteinn Einarsson, ministre luthérien, et de Guðríður Torfadóttir ; le 29 juin 1873, elle épousa à Skagastrõnd, Austur-Húnavatnssýsla, Islander, Jakob Frederik Holm (décédé en 1875), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 14 novembre 1918 à Reykjavik, Islande.
À l’âge de 17 ans, Torfadóttir Þorsteinsdóttir alla à Reykjavik pour apprendre l’anglais et les travaux d’aiguille. De là, elle se rendit à Copenhague afin de parfaire son éducation. De retour en Islande, elle fut un moment préceptrice à Hnaus, dans l’Húnaping, puis elle retourna à Kálfafellsstaður. En 1873, un an après la mort de son père, elle et sa mère s’installèrent à Höskuldsstaðir chez sa sœur, qui était mariée au révérend Eggert Briem. La même année, Torfhildur épousa un homme d’affaires de Hólanes, Jakob Frederik Holm, mais elle devint veuve deux ans plus tard. Elle retourna alors à Höskuldsstaðir, où demeurait à l’époque la sœur de Briem, Rannveig. En 1876, lorsque Rannveig décida d’émigrer dans les Territoires du Nord-Ouest pour rejoindre son mari, Sigtryggur Jónasson*, surnommé plus tard « le père de la colonisation islandaise au Canada », Torfhildur résolut de l’accompagner. Pendant neuf ans, sur une base irrégulière, elle habita avec le couple dans la colonie de New Iceland, sur le territoire actuel du Manitoba. En 1885, elle s’établit à Winnipeg, où elle gagna sa vie comme institutrice et écrivaine jusqu’à son retour en Islande en 1889.
Torfhildur Þorsteindóttir Holm passa ses deux premières années au Canada à recueillir auprès d’immigrants islandais un grand nombre de contes ; transcrits par elle, ils seraient édités et publiés en 1962 à Reykjavik. Dès sa troisième année à New Iceland, plus précisément le 14 août 1879, sa première nouvelle, « Tárablomið » (la Fleur des larmes) parut dans le journal Framfari (Progrès) à Lundi (Riverton, Manitoba). Son premier livre fut publié en 1882 à Reykjavik : intitulé Brytrjólfur Sveinsson biskup (l’Évêque Brynjólfur Sveinsson), ce roman se situait dans l’Islande du xviie siècle. En raison de son succès populaire, il fut traduit en plusieurs langues et connut une deuxième édition dans la même ville en 1912. Entre-temps, d’autres œuvres de Mme Þorsteindóttir Holm avaient été publiées à Reykjavik : en 1884, Sögur og œvintýri (Histoires et Contes) puis, en 1886, Smásögur handa börnum og unglingum (Nouvelles pour enfants et jeunes gens) et Kjartan og Guīrún (Kjartan et Guīrún), roman inspiré des amours tragiques des deux célèbres personnages d’une légende islando-norvégienne, Laxdœla saga (Saga des hommes de Laxárdalur). Sa carrière d’écrivaine coïncida avec celle des réalistes et, même si le romantisme reste très présent dans son œuvre, on y trouve aussi des tendances réalistes, surtout dans ses nouvelles. Bon nombre d’entre elles sont des fables et des allégories ; d’autres décrivent la vie réelle et ont souvent pour thème l’éducation des femmes, clé de leur libération selon l’auteure.
Torfhildur Þorsteindóttir Holm ne publia rien d’autre pendant son séjour au Canada. En fait, au cours de ses quatre dernières années dans l’Ouest, période où elle vécut seule et gagna sa vie comme institutrice, elle eut moins l’occasion d’écrire que lorsqu’elle habitait avec Rannveig Briem et Sigtryggur Jónasson. En 1891, deux ans après son retour en Islande, le gouvernement lui accorda une pension à cause de la qualité de son œuvre et parce qu’elle était la première femme écrivain reconnue en Islande. Cette décision provoqua de vifs débats, tant au Parlement que dans la presse ; la somme fut d’abord réduite, puis intégrée à sa pension de veuve. Dans une lettre écrite vers 1900, elle notait : « J’ai été la première que la nature a condamnée à récolter les fruits amers des vieux et tenaces préjugés contre les femmes de lettres. » Néanmoins, sa production littéraire après son retour fut importante. À Reikjavik, elle publia en 1889 les romans Elding (Éclair) et Högni og Ingibjörg (Högni et Ingibjörg), puis en 1890 un recueil intitulé Barnasögur (Histoires pour enfants). En outre, elle lança et dirigea plusieurs périodiques : l’annuel Draupnir (1891–1908), le mensuel Dvöl (Un court séjour) (1901–1917) et le magazine pour enfants Tíbrá (Mirage) (1892–1893). Dans Draupnir, elle publia ses romans « Jón biskup Vídalín » (l’Évêque Jón Vídalín) et « Jón biskup Arason » (L’Évêque Jón Arason).
Torfhildur Þorsteindóttir Holm fut la première romancière islandaise et le premier écrivain islandais à vivre de sa plume. Elle occupe donc une place importante dans l’histoire de la littérature féminine d’Islande et dans l’ensemble de la littérature de son pays.
Le recueil de contes oraux rassemblés par Torfhildur Þorsteindóttir Holm a paru sous le titre Þjóðsögur og sagnir [Contes populaires et Histoires], Finnur Sigmundsson, édit. (Reykjavik, 1962). Une partie de ses écrits, dont les publications mentionnées dans la biographie, a été publiée sous le titre Ritsafn [Recueil de textes], V. P. Gíslason, édit. (3 vol., Akureyri, Islande, 1949–1950).
Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc. (Salt Lake City, Utah), International geneal. index.— Björg Einarsdóttir, « Torfhildur Hólm (1845–1918) : fyrsti íslenski kvenrithöfundurinn » [Torfhildur Hólm (1845–1918) : première auteure islandaise], dans Úr œvi og starfi íislenskra kvenna : erindi flutt í Ríkisútvarpið veturinn 1983–1984 [Vie et Travaux des Islandaises : exposé présenté à la radio nationale au cours de l’hiver 1983–1984] (3 vol., Reykjavik, 1984–1986), 1 : 104–125.— Helga Kess, « Um konur og bókmenntir » [les Femmes et la Littérature], dans Draumur um veruleika [Rêve sur la réalité], Helea Kess, édit. (Reykjavik, 1977), 11–35.— P. E. Ólason, Íslenzkar œviskrár frá landnámstímum til ársloka 1940 [Biographies d’Islandais du début de la colonisation à la fin de 1940] (5 vol., Reykjavik, 1948–1952), 5 : 21.— Hannes Pétursson et Helgi Sæmundsson, Íslenzkt skáldatal [Liste d’auteurs islandais] (2 vol., Reykjavik, 1973–1976), 2 : 76.— Kirsten Wolf, « Western Icelandic women writers : their contribution to the literary canon », Scandinavian Studies (Menasha, Wis.), 66 (1994) : 154–203.
Kirsten Wolf, « ÞORSTEINSDÓTTIR, TORFHILDUR (Holm) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/thorsteinsdottir_torfhildur_14F.html.
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Auteur de l'article: | Kirsten Wolf |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |