THOMSON, WILLIAM ALEXANDER, promoteur de compagnies de chemins de fer, auteur et homme politique, né en novembre 1816 dans le Wigtownshire en Écosse, décédé le 1er octobre 1878 près de Queenston, Ont.

William Alexander Thomson fit ses études dans le Wigtownshire avant d’émigrer aux États-Unis. Il s’installa à Buffalo, N.Y., qu’il quitta en 1834 pour aller s’établir à Queenston, dans le Haut-Canada. Il prit une part active à la constitution juridique, au financement et au développement de compagnies de chemins de fer dans l’ouest de l’Ontario ; la première de ces compagnies fut la Fort Erie Railway, devenue par la suite l’Erie and Niagara Railway ; ensuite, l’Erie and Ontario Railway qui devait être achetée en 1863 par l’Erie and Niagara Railway Company. Thomson devint président de l’Erie and Niagara Railway et fut nommé à un poste important du conseil d’administration de la Canada Southern Railway Company. Le Globe de Toronto rapporta que la seconde nomination était « due en grande partie à son esprit de décision, à sa persévérance et à son énergie ». Ce fut un fervent partisan de l’expansion vers l’ouest et, quand il mourut, on prétendit qu’il s’était « occupé du développement des compagnies de chemins de fer dans le Manitoba ».

Thomson se présenta comme candidat dans Niagara aux élections fédérales de 1867, mais il fut battu ; il fut en revanche élu député libéral de Welland à la chambre des Communes lors de l’élection partielle du 19 novembre 1872 et fut réélu en 1874. Son état de santé l’empêcha de se représenter en 1878. Connu pour ses idées progressistes, son esprit d’entreprise et « son goût du risque et de la spéculation », Thomson avait aussi la réputation d’être « un homme libéral et généreux, affable et sociable, loyal envers son parti politique et fidèle à ses convictions ».

Thomson fut un ardent défenseur de la politique économique agraire radicale dans les années qui précédèrent et qui suivirent la naissance de la Confédération. Il exposa l’essentiel de ses idées pour la première fois en 1863 dans un long ouvrage intitulé, An essay on production, money, and government ; in which the principle of a natural law is advanced and explained. Pour Thomson, les lois et les institutions canadiennes avaient été créées dans le but d’avantager le commerce plutôt que la production et elles n’étaient pas propices au développement national. S’adressant à la chambre des Communes en 1876, il s’exprima ainsi : « Tous nos ennuis viennent de ce que nos lois ont été faites pour protéger les commerçants au lieu des classes productives. » Il préconisa le développement des travaux publics, l’abaissement des tarifs et, surtout, l’émission par le gouvernement de billets non amortissables pour venir en aide aux fermiers et aux autres producteurs de produits bruts. Comme bien d’autres orateurs radicaux avant et après lui, il avait tendance à tenir des propos excessifs et à mêler la religion et la morale à ses théories économiques. Il expliquait que : « la Nature creusa les fondations, Adam Smith et ses successeurs construisirent les piliers et, j’en suis persuadé, il m’a été confié de poser la clef de voûte de l’arc de l’économie politique ».

Selon Thomson, la gestion publique de la monnaie pourrait faire disparaître les dépressions, stimuler le développement économique, aider le gouvernement à supporter ses dépenses et instaurer sur terre le règne des principes chrétiens. « En ce moment, disait-il, l’argent ne sert pas à accroître la production ; il ne fait que permettre d’échanger des produits. » Les idées de Thomson ressemblent de façon frappante à celles des théoriciens canadiens du crédit social au xxe siècle et il utilisa même l’expression « crédit social » en exposant ses arguments. Il décrivait une crise économique de la façon suivante : « Quand l’effondrement se produit, parallèlement à l’augmentation de la misère humaine qui en résultera, il y aura une dépréciation des biens immobiliers égale à la quantité de crédit social perdue. » Il exposa fréquemment ses idées au parlement et, en 1878, il proposa une série de résolutions visant à établir un système de « caisses agricoles » sur le modèle qu’il avait suggéré. Bien que tout semble indiquer que ses idées n’influencèrent personne en dehors d’une poignée de ses contemporains partisans d’une « monnaie nationale », il demeure l’un des premiers Canadiens à avoir préconisé une réforme agraire radicale et l’un des premiers défenseurs d’une politique monétaire gouvernementale.

Craufurd D. W. Goodwin

W. A. Thomson, An essay on production, money, and government ; in which the principle of a natural law is advanced and explained, whereby credit, debt, taxation, tariffs, and interest on money will be abolished ; and national debt and the current expenses of government will be paid in gold (Buffalo, N.Y., 1863). PAO, Misc. 1946, Historical sketch of Canada Southern Railway Company.— Debates of the House of Commons of Canada, 18751878.— Globe (Toronto), 2 oct. 1878.— Can. parl. comp., 1878.— Can. directory of parliament (Johnson), 570.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 372.— C. D. W. Goodwin, Canadian economic thought : the political economy of a developing nation, 1814–1914 (« Duke University Commonwealth-Studies Center pub. », 15, Durham, C.N., et Londres, 1961) ; A forgotten forerunner of Social Credit : William Alexander Thomson, J. of Canadian Studies (Peterborough, Ont.), IV (mai 1969) : 4145.

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Craufurd D. W. Goodwin, « THOMSON, WILLIAM ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/thomson_william_alexander_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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