THOMAS, JOHN, trafiquant de fourrures, né vers 1751 vraisemblablement à Londres ; il épousa Margaret (décédée en 1813), une Indienne ou une sang-mêlé, et ils eurent neuf enfants, puis Meenish ; décédé le 9 juin 1822 et inhumé le 12 juin dans le cimetière de la Christ Church, à Montréal.

À la suite de la capitulation de la Nouvelle-France en 1760, les comptoirs de la Hudson’s Bay Company dans les baies d’Hudson et James furent soumis à la pression croissante des trafiquants indépendants de la province de Québec à l’intérieur des terres ; les hommes de la Hudson’s Bay Company les appelaient avec mépris des colporteurs. En 1770, le comité de Londres de la Hudson’s Bay Company, convaincu que la compagnie devait établir des postes afin de faire face à la concurrence, ordonna à ses fonctionnaires d’explorer l’intérieur pour en fonder. C’est ainsi que des hommes d’York Factory (Manitoba) construisirent Cumberland House (Saskatchewan) en 1774 et que, la même année, le conseil de Moose Factory (Ontario) envoya John Thomas, qui s’était engagé comme écrivain en 1769, avec trois Indiens faire le levé d’une route menant au lac Abitibi. Thomas devint ainsi le premier fonctionnaire de la compagnie à rendre visite aux trafiquants indépendants de fort Abitibi (près de La Sarre, Québec), et son journal contient une description détaillée du poste et de ses occupants. En 1775, Thomas quitta Moose Factory vers l’est, traversa la baie Hannah (Ontario), puis remonta la rivière Nottaway (Québec). Au cours de l’année suivante, il remonta vers l’ouest la rivière Moose (Ontario). Toutes ces explorations représentaient les étapes préliminaires à l’établissement de postes dans l’arrière-pays de Moose Factory.

En 1777, la Hudson’s Bay Company construisit Wapiscogamy House (près du confluent des rivières Opasatika et Missinaibi) pour servir de relais vers le lac Supérieur et, cette année-là, Thomas reçut l’ordre d’établir un poste à Michipicoten (Michipicoten River, Ontario). Mais les dangers de la navigation sur la rivière Michipicoten le poussèrent à s’installer à la place sur le lac Missinaibi à la source de la rivière du même nom. Malheureusement, les provisions se révélèrent difficiles à trouver dans la région et, en janvier 1778, Thomas se retira à Wapiscogamy House dont il prit le commandement. Jusqu’à l’abandon de Missinaibi House en 1780, Thomas passa la majeure partie de son temps à Wapiscogamy, laissant Missinaibi à des employés. En 1779, il avait été nommé adjoint d’Edward Jarvis*, agent principal à Moose Factory. Il n’avait pas tardé cependant à revenir à Wapiscogamy House, où il demeura jusqu’à ce qu’il succède à Jarvis en 1782. En 1795, la McTavish, Frobisher and Company, qui détenait la majorité des actions dans la North West Company, acheta les postes du Témiscamingue à la Grant, Campion and Company de Montréal afin d’étendre l’activité commerciale de la North West Company à la baie James. Alarmé par cette menace pesant sur Moose Factory et apparemment de sa propre initiative, Thomas entreprit des négociations avec les Nor’westers en vue de partager la traite de la région entre les deux compagnies, se rendant même jusqu’à Michipicoten en 1799 dans l’espoir de rencontrer William McGillivray. Malgré l’échec de ses efforts, l’installation de la North West Company à Moose Factory et ailleurs dans la région de la baie James en 1800, et, trois ans plus tard, l’arrivée par mer des trafiquants de cette compagnie, Thomas réussit à défendre ses postes, et ses adversaires abandonnèrent les leurs dans cette région en 1806.

La Hudson’s Bay Company adopta en 1810 son « programme de compression », demandant de diminuer les dépenses et instituant le partage des bénéfices pour les employés qui occupaient des postes supérieurs dans la traite. Selon ce plan, qui prévoyait aussi la réorganisation des postes par la création des départements du Nord et du Sud, Thomas resta agent principal à Moose Factory et agit sous les ordres de Thomas Thomas, surintendant du département du Sud. Trois ans plus tard, il fut congédié pour « mauvaise administration, négligence et désobéissance », vraisemblablement à propos de son insuccès à mettre en valeur l’agriculture à Moose Factory. Selon le régime d’économies, il fallait cultiver des céréales et élever du bétail au poste afin de réduire les besoins en vivres apportés d’Europe. Thomas n’eut sans doute qu’une confiance limitée dans cette politique, et il trouvait peut-être aussi difficile de n’être que le second. Cependant, au lieu de revenir en Angleterre, il se rendit au Bas-Canada par la rivière des Outaouais avec des membres de sa famille, dont sa fille Charlotte et son mari, Peter Spence. Il s’installa à Vaudreuil où certains de ses collatéraux vivent encore.

En 1815, Thomas fit selon toute apparence une demande pour revenir dans la compagnie, mais le comité de Londres repoussa sa requête, tout en acceptant cependant d’employer ses fils à Moose Factory et en lui offrant une terre à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). Il n’existe aucune preuve qu’il ait accepté l’offre, et il semble être demeuré à Vaudreuil jusqu’à sa mort en 1822. Deux ans plus tard, la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments de Cantorbéry, en Angleterre, accorda l’administration de ses biens à sa veuve, Meenish, qui à cette époque s’était remariée. Une somme de £1 600 environ, qui appartenait à la succession de Thomas, se trouvait entre les mains de la Maitland, Garden and Auldjo, ancienne représentante montréalaise de la Hudson’s Bay Company, au moment de la faillite de cette firme en 1826.

L’une des filles de John Thomas, Ann, épousa Alexander Christie*, qui fut plus tard gouverneur d’Assiniboia, et l’un de ses fils, Charles, devint un trafiquant de la Hudson’s Bay Company, bien connu dans la région de la rivière des Outaouais et du lac Golden (Ontario) situé à proximité.

Elaine Allan Mitchell

ANQ-M, CE1-63, 12 juin 1822 ; CN1-187, 19 janv. 1822.— EEC, Diocese of Moosonee Arch. (Schumacher, Ontario), Moose Factory and its dependencies, reg. of baptisms, marriages, and burials (mfm aux AO).— PAM, HBCA, A.11/46 : fo 2 ; B.1/a ; B.59/a ; B.75/a ; B.77/a ; B.129/a ; B.135/a/55 ; B.135/c/2 ; B.142/a ; B.143/a ; B.186/a ; E.41 (mfm aux AO).— St James’ (Anglican) Church (Hudson Heights, Québec), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 16 févr. 1824.— St Mary’s (Anglican) Church (Como, Québec), Reg. of baptisms, marriages, and burials.— HBRS, 17 (Rich).— C. C. Kennedy, The upper Ottawa valley (Pembroke, Ontario, 1970).— Rich, Hist. of HBC (1958–1959), 2.

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Elaine Allan Mitchell, « THOMAS, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/thomas_john_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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