TÉTREAU (orthographié aussi Tétreault, Tetrault et Tetrau), HUBERT-JOSEPH, prêtre de l’Église catholique romaine, évangéliste protestant, né le 25 février 1803 à Verchères, Bas-Canada, fils de Jean-Baptiste Tétreau et de Marie-Anne Guyon, mort le 1er décembre 1877 à Montréal.

Tétreau fit ses études au collège de Montréal où on l’incita à se préparer à la prêtrise. De 1822 à 1824, il enseigna au séminaire de Saint-Hyacinthe et au séminaire de Nicolet. Puis il étudia la théologie à Québec et fut ordonné prêtre, le 8 janvier 1826, par Mgr Bernard-Claude Panet*.

Ses premières fonctions furent celles de vicaire dans les localités de Varennes et de Saint-Hyacinthe, dans la région de Montréal ; puis de 1826 à 1830, il fut missionnaire dans le nord du Nouveau-Brunswick ; il passa les 13 dernières années de sa vie de prêtre catholique dans les diocèses de Québec et de Montréal, et c’est aux Éboulements qu’il occupa son dernier poste de curé et qu’il rompit avec l’Église de Rome. Depuis plusieurs années, Tétreau avait des différends avec ses supérieurs et, en octobre 1843, Mgr Joseph Signay* le déchargea de l’administration de sa paroisse bien qu’il ne lui interdît pas de célébrer la messe.

Alors, Tétreau s’établit à Sainte-Cécile-de-Milton (comté de Shefford) et se voua à la cause du protestantisme canadien-français. Il n’existe pas de documents attestant son ordination dans l’Église baptiste, ou dans l’Église wesleyenne. Il aida le clergé baptiste dans son travail d’évangélisation, effectua avec zèle des visites à domicile et prit part à des débats publics, ces deux activités étant les armes favorites des controversistes protestants. Il rejoignit les missionnaires protestants Louis Roussy et Henriette Feller [Odin*] non pas dans leur centre principal de Grande Ligne (comté de Saint-Jean) [V. La Rocque] ais dans leurs nouvelles missions : Saint-Pie (comté de Bagot), fondée en 1842 et Salem (Roxton Pond, comté de Shefford), commencée vers 1848. En ces deux endroits, il seconda le révérend Théodore Lafleur et, lorsque une école de filles fut ouverte à Saint-Pie en 1850, Tétreau se chargea des classes primaires. Quand, en 1855, l’école de filles fut transférée à Longueuil et plus tard à Grande Ligne, il ne suivit pas l’institution et resta à Saint-Pie.

Ancien compagnon de travail, Lafleur a fourni une appréciation de Tétreau. Il le trouvait moins énergique qu’il ne l’aurait souhaité, mais reconnaissait « qu’il avait des principes protestants bien arrêtés [...]. Il écrivait souvent des articles courts mais pertinents pour [leurs] journaux protestants français ». Quand on lui demandait de prêcher, Tétreau faisait un bon sermon mais il laissait parfois l’impression qu’en célébrant le culte, il « se débarrassait d’un devoir tout comme au temps où il célébrait la messe ».

La femme de Tétreau, Harriet, fut enterrée à Montréal en juillet 1864. On ne sait si le couple vivait dans cette ville à ce moment-là. Tétreau y arriva au plus tard en 1874, y passa les dernières années de sa vie et y mourut le 1er décembre 1877. Les funérailles furent célébrées le 3 décembre, dans l’église baptiste de la rue Sainte-Catherine, par son vieil ami, le révérend Lafleur. Il fut enterré au cimetière du Mont-Royal.

John Irwin Cooper

Les registres du cimetière du Mont-Royal (Montréal) donnent à Tétreau le prénom de « Herbert », précédé du titre de « Reverend », et fournissent son âge, le lieu de sa naissance et son adresse à Montréal. Le Montreal Daily Witness, plutôt sectaire, fit paraître l’avis du décès de Tétreau accompagné d’une courte nécrologie, les 3 et 4 déc. 1877. Le Dictionnaire d’Allaire relate brièvement la carrière catholique romaine de Tétreau, ne dit pratiquement rien de la période protestante de sa vie et, de plus, se trompe quant à l’endroit où se trouve sa sépulture. Aussi la première biographie d’Henriette Odin Feller écrite par J. M. Crame, A memoir of Madame Feller, with an account of the origin and progress of the Grande Ligne Mission, publiée à Londres, probablement en 1876, est-elle très précieuse. L’ouvrage de référence classique sur l’histoire générale du protestantisme français est celui de R.-P. Duclos, Histoire du protestantisme français au Canada et aux États-Unis (2 vol., Montréal, [1913]), I : 291. L’ouvrage de Théodore Lafleur, A semi-centennial, historical sketch of the Grande Ligne Mission, read at the Jubilee gathering, Grande Ligne, Oct. 18th, 1885 (Montréal, [1886]), 52s., est indispensable, car l’auteur qui fut le compagnon de Tétreau à Saint-Pie et plus tard son pasteur à Montréal, porte un jugement objectif sur Tétreau. Amand Parent, The life of the Rev. Amand Parent, the first French-Canadian ordained by the Methodist Church (Toronto, 1887), qui rend bien compte de la façon dont les Canadiens français abordaient le problème du prosélytisme, est indispensable pour comprendre leur tournure d’esprit et leurs techniques dans les controverses ; à la page 64, on trouve des détails intéressants sur le travail d’évangélisation de Tétreau. W. N. Thomson, Réflexions historiques sur le champ de Roxton Pond, Québec (manuscrit dactylographié en possession de l’auteur, 1957), est une étude solide, mais brève, qui fait allusion aux relations entre Lafleur et Tétreau. Léo Traversy, La paroisse de Saint-Damase, co. Saint-Hyacinthe (s.l., 1964) contient un exposé complet de la période catholique romaine de la vie de Tétreau, mais l’ouvrage est beaucoup moins satisfaisant quant à la période protestante ; l’auteur y affirme que Tétreau remplissait les fonctions de pasteur protestant à Granby, ce que nous n’avons pas pu vérifier. W. N. Wyeth, Henrietta Feller and the Grande Ligne Mission (Philadelphie, 1898), ajoute peu de chose à la biographie de Crame, supra, mais contient quelques références utiles sur la mission.  [j. i. c.]

AAQ, Diocèse de Montréal, 5, pp.87, 89 ; Diocèse de Montréal, 8, p.193 ; Registre des lettres des évêques de Québec, 6, pp.180, 320, 367, 398 ; Registre des lettres des évêques de Québec, 20, p.436 ; Vicaires généraux, 2, p.40.— Archives judiciaires d’Iberville (Qué.), Registre d’état civil, 29 mars 1868.— ASQ, Séminaire, LIV : 10 ; Polygraphie, L : 16s.

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John Irwin Cooper, « TÉTREAU (Tétreault, Tetrault, Tetrau), HUBERT-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tetreau_hubert_joseph_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    1 décembre 2024