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TEAGUE, JOHN, entrepreneur et architecte, né en juin 1833 en Cornouailles, Angleterre ; en juillet 1863, il épousa Emily Abington, et ils eurent quatre enfants, puis en décembre 1892, à Victoria, Eliza Lazenby ; décédé dans cette ville le 25 octobre 1902.
John Teague quitta l’Angleterre le 19 mai 1856 afin de rejoindre un oncle au Costa Rica, mais l’intervention militaire des États-Unis en Amérique centrale le força à s’arrêter à New York. Il décida alors de se rendre en Californie, où régnait la fièvre de l’or. Il se fit entrepreneur et construisit des bâtiments pour des sociétés minières. En 1858, il partit pour les régions aurifères du Fraser en Colombie-Britannique en passant par Victoria. En 1859, il participa à la ruée vers l’or dans la région de Cariboo.
En 1860, Teague était à nouveau entrepreneur et constructeur, cette fois pour la marine royale à Esquimalt, dans l’île de Vancouver. Bon nombre de ses ouvrages navals subsistent ; ils attestent sa compétence d’ingénieur. Vers 1865, il s’intitulait à la fois architecte et entrepreneur, et avait un bureau dans l’allée Trounce à Victoria. La plus ancienne de ses commandes dont on ait retrouvé la trace remonte à 1874 ; son client était la Church of our Lord, congrégation de l’Église épiscopale réformée. À son arrivée, Victoria comptait moins de 5 000 habitants. Il la vit se transformer en une ville de quelque 35 000 âmes, capitale politique de la Colombie-Britannique et grand centre manufacturier du nord de la côte du Pacifique. Sa carrière suivit cette forte courbe ascendante.
Grâce à sa grande détermination et à ses relations dans le milieu politique, Teague évinça d’autres architectes en vue et fit, de son cabinet, l’un des plus prospères de l’histoire de Victoria. Plus que quiconque, de la fin des années 1870 au début des années 1890, il définit l’architecture commerciale de la ville. Son influence est encore manifeste dans le vieux district des affaires, où il exécuta des douzaines d’édifices. Ses immeubles commerciaux, par exemple l’entrepôt de la Turner, Beeton and Company, construit en 1882, sont pour la plupart des bâtiments utilitaires en brique qu’il a ornés sobrement d’appliques de style victorien à l’italienne. Ils semblent d’influence californienne, ce qui reflète ses propres antécédents et ceux de la plus grande partie de sa clientèle d’hommes d’affaires. En général, les petits immeubles commerciaux érigés pendant ces années à San Francisco, à Portland dans l’Oregon et à Victoria ne se distinguent presque pas les uns des autres. Par la suite, notamment dans le cas du Driard Hotel, achevé en 1892, Teague expérimenta le style de l’école de Chicago.
De même, bon nombre des principaux immeubles municipaux, religieux et résidentiels de Victoria furent dessinés dans son bureau. Dans les années 1870, il employa le style Mansard de l’apogée de l’époque victorienne pour l’hôtel de ville et le Masonic Temple, mais il le délaissa ensuite. Tout comme en architecture commerciale, c’était le style à l’italienne qui lui convenait le mieux. De nombreuses commandes occupaient son cabinet et en assuraient la prospérité : le St Joseph’s Hospital, le Royal Jubilee Hospital et le Royal Navy Hospital, les résidences construites en 1885 pour le manufacturier de briques Maurice Humber, l’évêque catholique et la famille Prior, la maison du magasinier de l’Amirauté à Esquimalt, construite aussi en 1885, et la St Ann’s Academy, en 1886.
Presbytérien et franc-maçon actif, John Teague fut échevin et deux fois maire de la ville. Membre de la British Columbia Pioneer Society, il était vraiment de ces pionniers en qui seules les visions et les ambitions dépassaient les énergies. Généreux lorsqu’il s’agissait de prêter à des amis et malavisé lorsqu’il s’agissait d’investir, il avait à peine plus de biens à son nom quand il mourut en 1902 qu’à son premier passage à Victoria plus de 40 ans auparavant.
City of Victoria Arch., 98410–30, George Gardner scrapbooks, 3 : 51–54 ; City clerk’s office, Ser.l1, 1862–1880 ; Fast information files, John Teague, biog. sketch.— John Adams, Historic guide to Ross Bay Cemetery, Victoria, B. C., Canada (Victoria, 1983).— Kerr, Biog. dict. of British Columbians.— J. I. Manore, « The navy and Victoria », Heritage West (Vancouver), 8 (1984), n° 1 : 12s.— G. E. Mills, Architectural trends in Victoria, British Columbia, 1850–1914 (Parcs Canada, Direction des lieux et des parcs hist. nationaux, Travail inédit, n° 354, 2 vol., Ottawa, 1976 ; exemplaire aux City of Victoria Arch.).— Northwestern Rev. of Seattle (Seattle, Wash.), 1 (1891), n° 5 : 30s. (exemplaire aux City of Victoria Arch.).— Martin Segger et Douglas Franklin, Victoria : a primer for regional history in architecture (Watkins Glen, N.Y., et Victoria, 1979).— Carolyn Smyly, « Heritage lost : a lament for vanished landmarks of Victoria », Western Living (Vancouver), 6 (1976), n° 10 : 22–26, 109.— Victoria illustrated ; published under the auspices of the City of Victoria [...] (Victoria, 1891).
Martin Segger, « TEAGUE, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/teague_john_13F.html.
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Auteur de l'article: | Martin Segger |
Titre de l'article: | TEAGUE, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |