TAYLOR, JOHN, fabricant de papier, né le 1er mai 1809 à Uttoxeter, Staffordshire, Angleterre, fils de John Taylor et de Margaret Hawthorne, décédé à Toronto, Ont., le 13 mai 1871.
John Taylor, père, était méthodiste et quitta Uttoxeter en 1821 pour s’établir à Cherry Valley, près d’Albany, New York, puis, en 1825 ou en 1826, il vint dans le canton de Vaughan, dans le Haut-Canada. Lui et sa famille y œuvrèrent comme pionniers pendant environ neuf ans ; puis, avec son frère James, John Taylor commença de défricher plusieurs lots situés près des bras de la rivière Don. Selon Henry Scadding*, les Taylor étaient des « immigrants importants et entreprenants » et, d’après le même auteur, les pins de cette région étaient « d’une taille remarquable » ;l’un de ces pins blancs, qui était pourtant creux sur une hauteur de 12 pieds, aurait produit environ 5 000 pieds de planches. La présence de ces arbres splendides incita les Taylor à construire une scierie près de leur maison ; pour produire la force hydraulique, ils érigèrent un barrage sur le bras occidental de la rivière Don, un peu en amont de son embranchement.
En 1844, alors que les communications avec Toronto commençaient à s’améliorer, on dit qu’à l’inauguration du journal The Globe George Brown persuada le jeune John Taylor d’établir une usine de papier sur le même emplacement que la scierie. En 1845, John et ses frères, Thomas (né le 4 mars 1811) et George (né le 28 décembre 1813), formèrent une société sous le nom de John Taylor and Brothers et ouvrirent un bureau à Toronto.
Les fils étaient alors tous dans la trentaine ; John assumait la direction générale de l’affaire et les responsabilités techniques de la scierie et de l’usine de papier ; Thomas dirigeait le bureau et George s’occupait des fermes et de l’abattage du bois. Les propriétés foncières de la famille situées dans la vallée de la rivière Don et au nord de cette dernière atteignirent alors au moins 2 000 acres. Un village, qu’on appela Don Mills, s’établit près de leurs usines, dans la vallée. En 1847, un incendie détruisit une grande partie du complexe industriel situé près de Todmorden (Doncaster). Les Taylor s’en portèrent acquéreurs en 1855 et c’est ainsi qu’ils achetèrent (ou reconstruisirent) une deuxième usine de papier, puis rebâtirent plus tard une meunerie. En 1858, ils édifièrent une troisième usine de papier, située à peu près à mi-chemin entre les deux autres, sur l’emplacement de l’usine actuelle.
On donna respectivement aux trois usines les noms de Upper Mill, Middle Mill et Lower Mill. Vers 1867, chaque usine était exploitée par une équipe d’environ dix hommes. On faisait bouillir avec de la soude et de la chaux les matières premières qui se composaient de chiffons, de paille et de jute (le lin fut probablement employé vers 1850 et une tentative pour utiliser le sparte échoua) ; ces matières premières étaient ensuite lavées et égouttées dans un « agitateur » et devenaient de la pâte à papier qui, pressée et séchée, sortait sous forme de papier journal (pour le Globe et les autres journaux), de papier d’impression ou de papier bulle. On fabriquait également à la main des sacs en papier. En 1877, on assurait que les usines fonctionnaient 24 heures par jour, sauf le dimanche, et fournissaient des marchandises « dans toutes les régions du dominion, de Terre-Neuve à la rivière Rouge ». « Les propriétaires se sont fait une réputation peu commune chez les fabricants de papier, c’est-à-dire que dans chaque rame ils mettent toujours le nombre exact de feuilles, soit 480. » L’année suivante, l’entreprise obtint une mention honorable pour la qualité de son papier à l’exposition universelle de Paris.
John Taylor, dont la femme Anne Eliza était morte depuis plusieurs années, mourut à son tour en 1871. Il avait essayé de faire du papier avec de la paille et avait pris des brevets pour fabriquer de la pulpe de bois, d’abord avec « une série de scies fixées sur un mandrin » et, par la suite, avec une « machine à couperet [...]qui [...]hachait de haut en bas ». Bien que modeste, il était devenu un homme en vue comme un des chefs de la section torontoise de la Reform Association of Upper Canada, laquelle avait été reconstituée en 1867. Il faisait également partie de la coterie qui entourait Brown et, la même année, fut un des administrateurs-fondateurs de la Bank of Commerce. À sa mort, le Globe fit l’éloge de sa « générosité et de sa bonté », ainsi que de sa « probité » ; comme il convenait à un digne Torontois, on assura qu’il avait enduré ses souffrances « avec le courage et la patience qui le caractérisaient et qu’à l’approche de sa fin, il avait vu venir la mort avec une résignation toute chrétienne ».
Son entreprise fut dirigée par ses deux frères qui la rebaptisèrent Thomas Taylor and Brother, et George « hérita » des fonctions de directeur que John avait occupées à la banque. En 1880, Thomas et George prirent leur retraite. Thomas mourut peu de temps après, le 21 avril 1880, et George vécut jusqu’au 17 mai 1894. Le commerce fut repris par les trois fils de George. Ils le renommèrent Taylor Brothers et se présentèrent comme « fabricants de papier d’impression, de papier d’emballage de couleur, de papier en rouleaux, de papier peint et de tous les genres de papier ordinaire, de sacs en papier, de papier feutre et de carton-pierre ».
Apparemment, entre 1880 et 1900, les affaires de la société périclitèrent. Les raisons de ce déclin étaient peut-être d’ordre technologique, peut-être était-ce parce que la société n’employait pas de « commis-voyageurs » ou à cause de la concurrence des entreprises du Québec qui employaient la pulpe de bois et qui avaient ouvert des bureaux à Toronto. L’Upper Mill fut vendu dans la famille en 1886, puis fermé en 1890 ; le Lower Mill fut en grande partie détruit par un incendie en 1900 et, en 1901, à la suite de détournements de fonds par un employé, la société fut forcée de déposer son bilan, qui montrait un passif de $750 000. Robert Davies, gendre de George Taylor, reprit le Middle Mill, qui devint l’usine Howard Smith (Domtar), que l’on voit encore aujourd’hui dans la vallée.
Globe (Toronto), 15 mai 1871, 22 avril 1880, 18 mai 1894.— Don Valley conservation report (Toronto, 1950).— Illustrated Toronto past and present ; being an historical and descriptive guide-book [...], J. Timperlake, compil. (Toronto, 1877).— George Carruthers, Paper-making (Toronto, 1947).— Ross et Trigge, History of the Canadian Bank of Commerce, II.— J. A. Blyth, The development of the paper industry in old Ontario, 1824–1867, Ont. Hist., LXII (1970) : 119–133.
R. I. K. Davidson, « TAYLOR, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/taylor_john_10F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
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