SZALATNAY, MÁRK, syndicaliste et socialiste révolutionnaire, né en Hongrie, décédé à Los Angeles, É.-U., en 1875.
Márk Szalatnay, fils d’un maître d’école protestant, fut renvoyé de l’université de Budapest en 1836 pour avoir répandu les doctrines révolutionnaires françaises et américaines. À la suite d’une campagne qu’il mena contre les injustices faites aux victimes de la crue du Danube en 1838, il fut emprisonné pendant quatre ans et écrivit Traditiones communes Hungarorum et populorum Balcanicorum, qui fut publié par la suite. Puis, Szalatnay partit aux Pays-Bas où il étudia à Leyde et à Dordrecht, mais il rentra en Hongrie soutenir Lajos Kossuth lorsqu’éclata la révolution de 1848 ; il prit part à la défense de Komáron occupée par les nationalistes magyars. La révolution ayant échoué, il alla en Angleterre où il se lia avec les chartistes et fut pendant six ans secrétaire de la South Wales Miners’ Union. Il prit part à de nombreuses grèves, fut arrêté à plusieurs reprises et milita pour que le mouvement syndical adopte les principes du Manifeste du parti communiste de Marx et d’Engels. En 1855, déclaré « étranger indésirable », il fut déporté aux États-Unis où il travailla comme cigarier à Baltimore et continua à s’occuper d’organisations syndicales.
Abolitionniste ardent, Szalatnay fut grièvement blessé lors d’une manifestation au cours de laquelle il s’était heurté à des partisans de l’esclavage. Devenu invalide, il alla s’installer à Montréal avec un groupe de travailleurs hongrois ; là, en 1865, il créa une branche de l’International Union of Cigar Makers of America. Il en fonda une autre à Toronto en 1869. Dans cette même ville, en 1872, année de la grève historique des typographes et du soulèvement du mouvement pour la journée de neuf heures, Szalatnay prit la tête d’une grève de cigariers. Arrêté, emprisonné pendant quatre mois puis déporté aux États-Unis, il participa à l’organisation de la National Labor Union. Il fut abattu par la police en 1875 pendant la grève des ouvriers boulangers de Los Angeles, grève qui fut durement réprimée. Mary Fergusson, leader des débuts du mouvement féministe aux États-Unis, partagea les épreuves et les périls de la vie tumultueuse de Szalatnay, pendant les 20 années qu’il passa en Amérique du Nord.
Un des fondateurs du mouvement syndical ouvrier canadien, champion des idées du socialisme révolutionnaire et de la solidarité internationale des travailleurs, Márk Szalatnay incarna tout au long de sa vie un mélange remarquable de traditions militantes : celles des démocrates révolutionnaires hongrois de 1848, des chartistes britanniques, des abolitionnistes américains, des syndicalistes et enfin, en raison de ses relations avec Mary Fergusson, celles du mouvement pour les droits de la femme. Il est le premier marxiste à être mentionné dans l’histoire des travailleurs canadiens ; on suppose que Szalatnay est peut-être responsable de la publication d’un extrait de Das Kapital (pris dans le chapitre intitulé « La Journée de travail ») qui parut dans le premier numéro de l’Ontario Workman le 18 avril 1872, 14 ans avant que l’ensemble de l’ouvrage ne soit publié en anglais.
Ontario Workman (Toronto), 18 avril, 10 oct., 31 oct. 1872.— Charles Lipton, The trade union movement of Canada, 1827–1959 (Montréal, 1966).— H. A. Logan, Trade unions in Canada, their development and functioning (Toronto, 1948).— S. B. Ryerson, Unequal union ; confederation and the roots of conflict in the Canadas, 1815–1873 (Toronto, 1968).— István Szöke, We are Canadians ; the national group of the Hungarian-Canadians (Toronto, 1954).
Stanley B. Ryerson, « SZALATNAY, MÁRK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/szalatnay_mark_10F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |