SUTHERLAND, MURDOCH, ministre presbytérien et administrateur scolaire, né vers 1826 dans la paroisse de Kildonan, Écosse ; en 1853, il épousa Isabella Campbell, et ils eurent un fils et deux filles ; décédé le 21 avril 1858 à Rothesay, Écosse.
Murdoch Sutherland, fils d’un berger de la Strath of Kildonan, entra à l’University of Edinburgh en 1845. Très tôt, ses études furent payées par le Colonial Committee de l’Église libre d’Écosse, organisme responsable des missions étrangères au sein de cette nouvelle Église presbytérienne. Comme Sutherland montrait des dispositions pour le travail d’évangélisation et parlait couramment le gaélique, il était un candidat tout indiqué pour un poste de missionnaire en Nouvelle-Écosse, où le nombre de ministres avait beaucoup diminué en 1844 en raison du mécontentement suscité par les positions de l’Église établie d’Écosse sur les relations entre l’Église et l’État. À l’été de 1849, le comité envoya Sutherland comme suffragant à Halifax, où il étudia au tout nouveau Free Church College.
Peu après son arrivée, Sutherland fut placé à la tête d’une école du dimanche en pleine expansion et commença à faire régulièrement des visites spirituelles chez les parents de ses élèves, comme il l’avait fait à Édimbourg. Avec d’autres étudiants du collège, il tenta de former un groupe de visite qui distribuerait des petites brochures de piété aux pauvres de Halifax, mais il se heurta à une vive opposition de la part du professeur Andrew King. Cependant, les villages de Pictou, de Rogers Hill et de Caribou River, où il prêchait, avaient grand besoin de missionnaires, et les quelques brefs séjours que Sutherland y fit pendant l’été de 1849 et de 1850 lui permirent de nouer des liens durables avec les fidèles. Puis sa mauvaise santé l’obligea à retourner à Édimbourg, et il termina ses études de théologie au New College de 1850 à 1853. La congrégation gaélique de Pictou l’ayant invité à plusieurs reprises, le Colonial Committee hâta son ordination, qui eut lieu le 13 juin 1853. Il retourna à Pictou en juillet et fut installé dans sa charge à l’église Knox le 28 octobre.
Les efforts que Sutherland déploya pour affermir les bases du synode de l’Église libre de la Nouvelle-Écosse dans la région rappellent ceux de bien des membres de cette Église alors en pleine expansion. Grâce à ses sermons, simples mais convaincus, et aux visites que lui et ses conseillers presbytéraux faisaient très régulièrement, le nombre d’adhérents augmenta constamment dans les trois villages dont il avait la charge. Apparemment, son caractère direct et, à l’occasion, combatif, plaisait à nombre des colons venus des Highlands, qui désiraient un ministre au style controversé. En 1857, malgré les fréquentes absences de Sutherland, les congrégations de Pictou, de Rogers Hill et de Caribou River se révélèrent être celles qui, de tout le synode, croissaient le plus rapidement. À cause de la pénurie chronique de ministres, le début de la carrière de Sutherland ressembla à celle d’un missionnaire itinérant et, en 1854, il joua un rôle prépondérant dans l’établissement d’un grand nombre de congrégations de l’Église libre dans l’Île-du-Prince-Édouard. Il aida aussi beaucoup le synode à stabiliser sa situation financière et, grâce à ses exhortations constantes, les contributions de Pictou aux projets de l’Église, le College Endowment Fund of the Free Church College par exemple, prirent des proportions importantes.
Sutherland partageait les préoccupations spirituelles et sociales des autres presbytériens du milieu du xixe siècle. Ouvertement critique à l’égard du catholicisme, il s’irritait de voir les gens de Pictou glisser vers une molle tolérance. La violation du jour du Seigneur l’inquiétait encore davantage, et c’est lui qui fut choisi par le synode et la nouvelle Sabbath Alliance pour étudier ce problème. Dans ses rapports de 1856 et 1857, il s’attaqua à toute une gamme d’activités, depuis les concerts des fanfares militaires jusqu’aux mouvements du courrier et des marchandises commerciales, mais il s’attarda surtout aux transgressions des ouvriers des chemins de fer. Par suite de ses efforts, des missionnaires du synode, à commencer par lui en 1856, furent affectés le long des lignes du Nova Scotia Railway, alors en construction, pour tenter d’y instaurer un mode de vie plus acceptable. En s’occupant de questions comme l’observance du jour du Seigneur, Sutherland côtoya constamment des membres des autres Églises presbytériennes et, comme nombre de ses pairs, il participa activement au mouvement qui visait à réunir le synode de l’Église libre, auquel il appartenait, et le synode de l’Église presbytérienne en Nouvelle-Écosse. La fusion eut finalement lieu en 1860.
À l’été de 1857, Murdoch Sutherland, qui était d’une constitution fragile, ressentait déjà le poids de ces diverses activités. Ses responsabilités avaient été progressivement allégées en 1856 et il put quitter Pictou pour un long congé à l’automne de l’année suivante, mais sa santé ne s’améliora pas. Il démissionna le 11 novembre 1857 et rentra en Écosse dans l’espoir de trouver un poste sous un climat plus favorable, mais il mourut de tuberculose le 21 avril 1858. On avait estimé sa diligence, son enthousiasme et son souci d’évangéliser ; tous s’accordèrent à dire que c’étaient ces qualités mêmes qui avaient privé la jeune Église d’un ministre de valeur avant qu’il ait eu le temps de donner sa pleine mesure.
Edinburgh Univ., New College Library, New College enrolment book, 1843–1895.— First Presbyterian Church (Pictou, N.-É.), « Record of the Kirk session of the United Congregation of Pictou, Roger’s Hill and Carribo River in connection with the Free Church of Nova Scotia » (mfm aux PANS, Churches, Pictou : Pictou United Church).— NLS, Dept. of
Michael B. Moir, « SUTHERLAND, MURDOCH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sutherland_murdoch_8F.html.
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Auteur de l'article: | Michael B. Moir |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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