STREET, JOHN AMBROSE, avocat, homme politique et fonctionnaire, né le 22 septembre 1795 à Burton, comté de Sunbury, Nouveau-Brunswick, d’ascendance loyaliste, fils de Samuel Denny Street* et d’Abigail Freeman, frère de George Frederick Street* ; il épousa en avril 1823 Jane Isabella Hubbard et ils eurent 11 enfants ; décédé le 5 mai 1865 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.

John Ambrose Street fit ses études à Burton et à Fredericton, Nouveau-Brunswick. Il étudia le droit dans le cabinet de son père et fut admis au barreau, comme avoué, le 22 février 1817 et, comme avocat, le 4 octobre 1819. En 1823, Street déménagea à Newcastle (où il demeura jusqu’en 1845) et, la même année, fut nommé registraire des testaments et des titres pour le comté de Northumberland. Pendant plusieurs années, il fut membre du Bureau de santé de Northumberland. Il devint l’un des avocats les plus en vue du comté et, pendant un certain nombre d’années, il représenta les intérêts de Joseph Cunard.

Street ne pouvait manquer d’être attiré par la politique : son père avait été député du comté d’York à l’Assemblée et membre du Conseil de 1819 à 1830 ; son beau-père, William Hubbard, avait siégé, de 1785 à 1792, à titre de député du comté de Sunbury. Lors de la démission de Cunard, en 1833, comme représentant à l’Assemblée du comté de Northumberland, Street fut élu et lui succéda. Il fut réélu en 1834 et 1837. Au cours de la dernière année, il fut nommé conseiller de la reine et, en 1840, greffier de la couronne à la Cour suprême. L’année suivante, il devint membre d’une commission, avec le juge Robert Parker et Edward Barron Chandler*, chargée de réviser l’ordonnance sur les honoraires et d’étudier l’opportunité d’établir une nouvelle procédure dans les plaidoiries à la Cour suprême.

Street était un orateur habile et persuasif. Quelque temps avant 1842, il se brouilla avec Cunard, qui, par la suite, appuya l’adversaire de Street, John Thomas Williston, lors des « élections orageuses » de 1842 et 1843. La seule question soulevée par les deux hommes était de décider si oui ou non le second député du comté de Northumberland à l’Assemblée législative devrait être élu par les habitants du côté nord ou par ceux du côté sud de la rivière Miramichi. Lors des premières élections, en décembre 1842, le rival de Cunard en affaires, Alexander Rankin*, qui représentait le côté nord, remporta facilement un siège. Aux élections pour le second siège, Street était appuyé par Rankin et la plupart des habitants de Newcastle et de Douglastown, mais il fut défait par Williston, très populaire à Chatham. Street et ses partisans contestèrent le résultat des élections dans des pétitions adressées à l’Assemblée, où l’on relevait des irrégularités dans le scrutin. L’Assemblée invalida l’élection de Williston et décida de nouvelles élections pour janvier 1843. Street et Williston se lancèrent dans une campagne de discours violents. À Newcastle et Chatham, il y eut des batailles, impliquant de 500 à 1 000 hommes, où l’on vit des groupes rivaux qui tentaient d’éloigner leurs adversaires des bureaux de scrutin. Street avait pressé le lieutenant-gouverneur, sir William MacBean George Colebrooke, de dépêcher des troupes pour maintenir l’ordre, et soutint que sa vie était menacée. C’est seulement après qu’un homme eut trouvé la mort par suite de ces bagarres que les troupes furent dépêchées, et on rapporta que des gens sans liens avec l’une ou l’autre des factions furent dans l’impossibilité de voyager en sûreté entre Newcastle et Chatham. Dans des lettres adressées au Gleaner and Northumberland Schediasma et à Colebrooke, Street attribua ces bagarres au fait que ce dernier n’intervint pas plus tôt ; Colebrooke accusa Street de prononcer des discours provocateurs. Une enquête sur les bagarres et les agissements des magistrats locaux pendant les élections, conduite par John Allen, John M. Robinson et William Wright*, se termina en août 1843, et Street fut proclamé élu. Deux ans plus tard, il quitta Newcastle pour Fredericton. Cependant, grâce à l’influence de Rankin, il continua de représenter le comté de Northumberland et fut réélu en 1846 et 1850.

Conservateur en politique pendant plusieurs années, Street s’opposa au gouvernement responsable jusqu’à son avènement. Il fut l’un de ceux qui, en 1845, attaquèrent l’administration de King’s College, alléguant qu’au lieu de dispenser une éducation libérale, le collège n’enseignait que « les langues mortes ». Il vota pour amender sa charte de façon à réduire l’influence de l’Église d’Angleterre dans l’administration du collège [V. Edwin Jacob]. La même année, Street présenta sans succès un projet de loi demandant l’enregistrement des votants aux élections. Il s’opposa aussi à la nomination d’Alfred Reade, gendre du gouverneur Colebrooke, au poste de secrétaire provincial. Street déclara que « le plus tôt il plaira à Sa Très Gracieuse Majesté de rappeler Son Excellence du gouvernement de cette province, le mieux ce sera pour les intérêts du pays ». En 1846, il mena l’attaque contre l’utilisation, par Colebrooke, des £3 000 prises à même les fonds publics pour l’arpentage des terres de la couronne dans le Madawaska sans l’autorisation de l’Assemblée.

Entre 1848 et 1850, Street critiqua amèrement le gouvernement pour son inaction à la suite du rapport du professeur James Finlay Weir Johnston* sur les possibilités qu’offrait l’agriculture dans la province, du rapport de John Wilkinson* sur le chemin de fer de Saint-Jean à Shediac, ainsi que du rapport de Moses Henry Perley sur les pêcheries. Il reprocha aussi au gouvernement son incurie dans le développement des charbonnages de la province et dans l’adoption d’une nouvelle loi scolaire. C’est pourquoi on fut grandement surpris quand, en 1851, Street entra au Conseil exécutif pour remplacer Lemuel Allan Wilmot* à titre de procureur général. Le lieutenant-gouverneur, sir Edmund Walker Head, suivant les conseils de John Richard Partelow et d’Edward Barron Chandler, avait choisi Street pour diriger le gouvernement. On avait besoin d’un orateur habile et d’un nouveau leadership. Street se trouvait maintenant à la tête d’un gouvernement composé de plusieurs des hommes qu’il avait récemment attaqués.

Street présenta un nombre considérable de nouveaux projets de loi : l’Assemblée adopta une loi prévoyant un Conseil législatif élu, mais elle fut rejetée par ce dernier en 1851 ; après plusieurs amendements, en 1852, on adopta une loi sur l’érection des municipalités ; des mesures législatives furent adoptées en 1852 concernant la construction du Saint John-Shediac Railway et du St Andrews and Québec Railway. La même année, on passa une loi scolaire et on mit sur pied une commission chargée de la réforme des lois, qui prépara un recueil en trois volumes de toutes lés lois provinciales encore en vigueur (publié en 1854) [V. William Boyd Kinnear]. En 1852, Street présenta des résolutions appuyant la construction du chemin de fer Intercolonial par les trois provinces Maritimes. Les résolutions furent votées par l’Assemblée, mais on s’y opposa dans le comté de Northumberland, et plusieurs électeurs réclamèrent la démission de Street. Il choisit d’ignorer les protestations, et sa conduite fut approuvée lors de sa réélection en 1854.

Depuis 1851, Street avait dirigé le gouvernement en défendant la méthode de nomination du juge en chef et en s’opposant aux tentatives de réduire les traitements des juges et des fonctionnaires, lesquels, d’après lui, devaient être convenablement rémunérés pour leurs services. Comme porte-parole de ceux qui résistaient aux changements, il s’attira l’ire des libéraux qui réclamaient des réformes. En octobre 1854, le gouvernement fut forcé de démissionner à la suite de sa défaite à l’Assemblée. C’était la première fois dans l’histoire du Nouveau-Brunswick qu’un gouvernement démissionnait pour cette raison [V. Charles Fisher*]. Le gouvernement responsable était né au Nouveau-Brunswick.

Street continua de siéger comme député jusqu’à sa défaite aux élections de 1856. Il fut de nouveau candidat en 1857, mais se retira avant le jour du scrutin. En 1861 et en 1865, il se présenta sans succès dans le comté d’York. Avant sa mort en 1865, il était devenu partisan de la confédération.

W. A. Spray

N.B. Muséum, Street family papers.— PANB, J. C. et H. B. Graves, New Brunswick political biography, XI : 80 ; REX/le/1-g, Manners-Sutton, letterbooks, 1854–1858 ; REX/mi/ex, duplicate minutes, 4, p.29 ; 5, pp.56, 99s. ; REX/pa/Register of appointments and commissions, 1785–1840, p.59 ; 1840–1857, p.3 ; REX/px, 20, pp.1922–1925 ; 115, p.201 ; 123, pp.48–59 ; RLE/S56/Pe/15, 55–60, 115, 140, 222 ; RLE/S56/re/6 (Report of the committee investigating the north county elections, 24 mars 1843) ; RPS, letterbook, 1842–1845, p.359 ; 1847–1850, p.290.— Fenety, Political notes and observations, 96, 98s., 107s., 123, 128, 135s., 141–144, 167,177s.,186–189, 214, 247, 256s., 277, 309, 333, 347s., 364–476.— N.-B., House of Assembly, Journals, 1851–1854 ; 1868, 58.— Gleaner (Chatham, N.-B.), 6 mai 1865.— Head Quarters, 10 mai 1865.— Hannay, History of N.B., II : 12, 144s.— MacNutt, New Brunswick, 343s., 354–356, 369.

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W. A. Spray, « STREET, JOHN AMBROSE SHARMAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/street_john_ambrose_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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