STEWART, WILLIAM SNODGRASS, avocat, juge et homme politique, né le 13 février 1855 à Marshfield, Île-du-Prince-Édouard, fils d’Alexander Stewart et de Flora MacLean, fermiers ; le 27 septembre 1892, il épousa à Charlottetown Annie Augusta Beer (décédée le 13 novembre 1941), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 11 février 1938 à Charlottetown.
William Snodgrass Stewart naquit au sein d’une famille nombreuse composée de 10 garçons et de 4 filles. Les Stewart avaient sans doute prénommé leur fils d’après William Snodgrass*, ecclésiastique presbytérien notoire de l’Île-du-Prince-Édouard en 1855, ce qui suggère qu’ils avaient des aspirations et jouissaient d’un certain rang social dans leur collectivité, même s’ils n’étaient pas riches et que la mère était illettrée. Le père de William Snodgrass possédait une propriété de dimension moyenne, de 149 acres, sur le lot 34, lorsqu’il mourut intestat, en 1873. Trois de ses filles ne se marièrent jamais et la plupart des garçons devinrent fermiers ou commerçants. Deux d’entre eux réussirent particulièrement bien : Alexander Bannerman comme fabricant et William Snodgrass en tant qu’avocat et juge.
William Snodgrass étudia à l’école de district de Marshfield et au Prince of Wales College de Charlottetown. Il fréquenta la Dalhousie University à Halifax pendant un semestre avant de s’inscrire au McGill College à Montréal, où il obtint, en avril 1878, une licence ès arts et la médaille Henry Chapman en lettres classiques. En juin, il commença des études de droit à Charlottetown auprès de Frederick Peters, éminent avocat, puis il fut admis au barreau en 1882. À cette époque, il côtoyait déjà des gens importants. Ses origines plutôt modestes prêtent à bien des hypothèses sur les ressources pécuniaires et les relations qui permirent son ascension. Une explication partielle à cela se trouve peut-être du côté de son frère Alexandre Bannerman qui avait repris en 1870, avec Michael Hickey, une usine de tabac déjà bien établie qui les fit tous deux prospérer. Les frères semblent avoir été proches, et suite au décès de sa femme en 1882, Alexandre Bannerman fit de William Snodgrass son principal légataire. Son décès, peu de temps après, laissa William Snodgrass dans une situation financière confortable.
Stewart commença sa carrière en droit à Summerside, dans un bureau associé à la firme Peters. Il fut admis comme barrister à la Cour suprême de la province en 1883 ; il y était inscrit en tant que commissaire aux serments en 1884. Moins de trois ans plus tard, il était de retour à Charlottetown, où il ouvrit son propre cabinet. Il épousa la fille de l’ancien maire Henry Beer, ce qui consolida sa position sociale. Le titre de conseiller de la reine qu’il obtint un peu avant 1894 fut une preuve de son succès professionnel. En 1911, sa femme et lui achetèrent Hillsborough House, l’élégante résidence du défunt juge Edward Jarvis Hodgson, rue Richmond. Stewart fut président du Bureau de commerce de Charlottetown en 1914. Membre de la St John’s Lodge No. 1 depuis 1892, il fut grand maître des francs-maçons de l’île en 1920–1921.
En tant qu’avocat, Stewart prit part à une série d’affaires criminelles importantes qui lui valurent des éloges. On dit qu’il était « l’un des meilleurs plaideurs dans les cours de justice de la province ». Grâce à sa solide réputation et à sa nombreuse clientèle, il fut nommé juge de la Cour du comté de Queens le 22 juillet 1914. À cela s’ajoutèrent en juillet 1917 les responsabilités de juge de district de l’amirauté à la Cour de l’échiquier du Canada. Stewart était connu pour son zèle et sa capacité de cerner rapidement les principaux éléments des cas qu’il jugeait. Il prit sa retraite à l’âge de 75 ans, comme l’exigeait la cour de comté, et il dut abandonner ses fonctions de juge de l’amirauté en 1935, après qu’une nouvelle loi eut établi des règles sur la retraite obligatoire.
Conservateur depuis toujours, Stewart était un activiste, mais il avait peu d’influence au delà de la scène locale. Il se lança en politique pendant les élections générales provinciales de 1893. Il se présenta, sans succès, dans la circonscription de 3rd Queens. Aux élections fédérales de 1900, il disputa la circonscription de Queens West à sir Louis Henry Davies* et il fut défait. Il fit une autre tentative infructueuse aux élections provinciales de 1908, dans la circonscription de 2nd Queens, mais il obtint la victoire dans la circonscription de 5th Queens (Charlottetown) en 1912. Sous le gouvernement de John Alexander Mathieson*, il fut ministre sans portefeuille de décembre 1911 jusqu’à sa nomination à la magistrature en 1914. Bien que sa carrière en politique provinciale ait été peu remarquable, Stewart accompagna Mathieson à Ottawa, au début de 1914, pour faire avancer la cause de l’île qui, devant le déclin de sa population, réclamait un nombre minimal de sièges à la Chambre des communes.
Vers la fin de sa carrière judiciaire, Stewart commença à s’occuper de politique municipale à Charlottetown. En 1930 tout d’abord, il préconisa une discipline financière pour faire face à la grande dépression, puis il se présenta aux élections municipales de 1932. Malgré son inexpérience dans le domaine et malgré le fait que le mandat de maire revenait traditionnellement à un homme politique qui montrait des années de service fidèle, Stewart remporta une victoire écrasante. Il s’engagea à mettre un terme au gaspillage, aux cotisations d’impôt inéquitables et au financement déficitaire. Une fois en fonction, il tenta de restreindre les paiements d’assurance-chômage et s’attaqua à ce qu’il croyait être des dépenses peu judicieuses pour la promotion du tourisme. Sa proposition d’engager un gestionnaire municipal reçut une opposition vigoureuse de la part de plusieurs conseillers. Une vérification spéciale des finances de la ville fut menée au nom du comité des finances, mais Stewart en dénonça les conclusions et défendit les pratiques comptables déjà en place, ainsi que la compétence du greffier municipal, George P. Nicholson, à superviser la comptabilité. En plus des divergences en matière de politiques entre Stewart et certains conseillers, son attitude conflictuelle ne facilitait pas les relations de travail. Des impairs, comme son plan mal calculé d’adhésion au projet d’union des Maritimes en 1933, mirent en évidence son imprévisibilité. Pendant son mandat, la rancœur se développa en même temps que s’alourdissaient les dettes de la ville. Sa campagne de réélection, en 1934, se termina par une défaite décisive. Ironiquement, une vérification effectuée en 1939 révéla que nombre des problèmes dont il s’était plaint, mais qu’il n’avait pas réglés, étaient le résultat d’erreurs commises par le greffier et de l’inobservation des recommandations faites à la suite d’une vérification antérieure.
À cette époque, William Snodgrass Stewart était déjà mort. Il avait passé ses derniers jours à s’exprimer ouvertement sur des événements d’actualité et à écrire à la presse des lettres, parfois virulentes, au sujet des agissements de ses successeurs au poste de maire. Les nécrologies signalèrent son esprit vif, sa connaissance des classiques, sa contribution au droit et à la vie publique et son service au sein de la franc-maçonnerie. Les portes de la réussite dans la société insulaire n’étaient pas fermées aux gens d’origine modeste, pour autant qu’ils avaient du talent et des relations bienveillantes. Malheureusement, le succès de Stewart fut limité par la médiocrité de ses compétences interpersonnelles et par son manque de jugement politique.
Les dossiers de succession (files 236 S et 73 S) de la Cour suprême de l’Î.-P.-É., Estates div. (Charlottetown), et les archives généalogiques des PARO (P.E.I. Geneal. Soc. coll., family files, Stewart file) fournissent de l’information sur William Snodgrass Stewart et ses relations. Aux PARO, les documents de la Cour suprême, RG 6.1, renseignent sur sa carrière en droit, et le fonds Charles Winfield Matheson, Acc. 3043/504, contient un résumé de sa vie, ainsi que le commentaire sur son talent de plaideur qui est cité dans cette biographie. L’Annuaire de Charlottetown de 1887 indique l’année où il retourna à Charlottetown. L’ouvrage du Marshfield Women’s Institute History of Marshfield (s.l., 1972 ; exemplaire à la Univ. of P.E.I., Robertson Library, Univ. Arch. and Special Coll., Prince Edward Island Coll.) donne des renseignements sur Alexander Stewart et sa famille, y compris William Snodgrass. Des biographies sommaires de celui-ci figurent dans Minding the house : a biographical guide to Prince Edward Island MLAs, 1873–1993, sous la dir. de Blair Weeks (Charlottetown, 2002) et Canadian who’s who, 1936–1937.
On trouve des renseignements sur la carrière de Stewart en politique municipale aux PARO, RG 20, City of Charlottetown records, surtout dans les procès-verbaux du conseil municipal (1A). Dans RG 20, on peut aussi consulter les volumes reliés des rapports de la ville de Charlottetown, en particulier le rapport du maire et d’autres sur les comptes de la ville pour les années 1932 et 1933. Le rapport du maire et celui du comité des finances de 1939 fournissent des détails sur la gestion financière. Les comptes rendus de l’actualité publiés dans le Charlottetown Guardian et le Patriot (Charlottetown) sont essentiels à une bonne compréhension de l’époque où Stewart était maire. Son élection et sa défaite sont racontées dans les éditions datées du 4 janvier au 22 février 1932 et du 26 janvier au 15 février 1934. Du 30 janvier au 7 février 1933, les deux journaux ont relaté la controverse au sujet de l’union des Maritimes. Des reportages sur le différend à propos de l’état des finances municipales ont paru entre le 11 juillet et le 12 septembre 1939. Stewart a écrit des lettres aux deux journaux, mais il semble avoir eu une préférence pour le Patriot. Les deux ont publié sa nécrologie le 12 février 1938.
Plusieurs collections de premiers ministres à BAC contiennent de l’information sur Stewart : le fonds Sir John A. Macdonald (R14424-0-3), le fonds sir Robert Borden (R6113-0-X), le fonds Arthur Meighen (R14423-0-6) et le fonds R. B. Bennett (R11336-0-7) (mfm). Celle de Bennett est la meilleure source ; elle renseigne sur la campagne menée par Stewart pour éviter de prendre sa retraite du tribunal maritime, puis pour empêcher que quelqu’un lui succède et, enfin, pour obtenir une pension.
Peter E. Rider, « STEWART, WILLIAM SNODGRASS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stewart_william_snodgrass_16F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2014 |
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