STEWART, WILLIAM, homme d’affaires, homme politique, officier de milice et fermier, baptisé le 24 juillet 1803 à Carbost, près du loch Harport, île de Skye, Écosse, fils de Ranald Stewart et d’Isabella McLeod ; le 16 avril 1838, il épousa Catherine Stewart de Cuidrach, île de Skye, et ils eurent quatre fils et cinq filles ; décédé le 21 mars 1856 à Toronto.

William Stewart arriva à Québec en 1816, à l’âge de 13 ans, avec ses neuf frères et sœurs, sa mère veuve, sa grand-mère maternelle et son oncle. La famille se rendit dans le Haut-Canada et s’établit dans le canton de Lancaster, qui faisait partie du comté de Glengarry, où William termina ses études sous la tutelle du médecin militaire Roderick Macleod. Il obtint son premier emploi chez un marchand montréalais qu’il représenta à la vente des trains de flottage à Québec, en 1825. Puis, il passa les deux années suivantes à Longueuil avant de s’installer, en mars 1827, à Bytown (Ottawa) qui était alors un chantier de construction. En société avec John G. McIntosh, Stewart y fit l’acquisition d’un terrain voisin du tracé prévu pour le canal Rideau et ouvrit un magasin où il vendit des marchandises sèches et des provisions pour les chantiers du haut de la rivière des Outaouais. Bien qu’il ait été partisan de l’abstinence totale, il ajouta un débit de boissons à ce magasin, dont il devint l’unique propriétaire en 1830, après le décès de son associé. Homme doué d’un sens communautaire, Stewart fut l’un des premiers membres élus du conseil municipal de Bytown, en 1828. Durant les épidémies de choléra de 1832 et de 1834, il fit des enquêtes à domicile pour le bureau de santé et, plus tard, il fut un des fondateurs du County of Carleton General Protestant Hospital. Il contribua à la formation de la Bytown Association for the Preservation of the Peace, pendant les émeutes des Shiners [V. Peter Aylen*], et prit une part active dans la milice locale.

Au milieu des années 1830, Stewart, qui possédait des chantiers en haut de la rivière des Outaouais et sur ses affluents, les pourvut en personnel, les dirigea et les équipa ; il vendit en outre des trains de pin rouge et de pin blanc à Québec. Comme courtier, il trouva aussi des fonds pour des petits entrepreneurs et vendit du bois d’œuvre en leur nom. Stewart, qui parlait couramment l’anglais et le gaélique, et avait des connaissances de base en français, fut membre fondateur de l’Ottawa Lumber Association et devint rapidement un des porte-parole des bûcherons qui travaillaient en amont de Bytown, en particulier pour démontrer qu’il était nécessaire de nommer des mesureurs de bois indépendants des acheteurs et des vendeurs. Au cours d’un séjour à Londres en 1835, il présenta au gouvernement britannique un mémoire de la part des marchands de Montréal et des habitants de Bytown demandant qu’on améliore la navigation sur la rivière des Outaouais. Lorsqu’il retourna à Londres en 1838, une commission de la chambre des Communes l’interrogea sur la possibilité de réaliser une idée de Charles Shirreff*, qui proposait une voie navigable passant par la rivière des Outaouais pour atteindre le lac Huron. Plus tard cette année-là, il eut une entrevue sur cette même affaire avec lord Durham [Lambton*], à Québec. En 1839, à titre de représentant de Louis-Théodore Besserer*, il vendit des lots dans ce qui est aujourd’hui le quartier de Sandy Hill (connu aussi sous le nom de Côte-de-Sable), à Ottawa.

Lors de l’union des deux Canadas, en 1841, Stewart se présenta comme candidat dans la circonscription de Bytown, contre Stewart Derbishire*. Il semble qu’à la suite de la suggestion du gouverneur en chef lord Sydenham [Thomson*], qui appuyait Derbishire, James Johnston*, Alexander James Christie* et Robert Shirreff retirèrent leur candidature, mais Stewart refusa de le faire. Il fut défait, mais n’en conserva aucune rancune et collabora avec Derbishire au progrès régional. En 1843, lors d’une élection partielle, Stewart fut élu dans la circonscription avoisinante de Russell ; au cours de cette campagne colorée, un corps de pompiers volontaires en uniforme l’escorta à partir de Bytown. Profondément loyal envers la couronne, Stewart remporta les élections générales de 1844 dans Bytown en s’engageant à soutenir « la voie poursuivie par l’illustre personnage placé à la tête du gouvernement », sir Charles Theophilus Metcalfe*.

Pendant son mandat à l’Assemblée législative (1843–1847), Stewart parraina un projet de loi réglementant la classification et le mesurage du bois et déposa une résolution demandant qu’on amorce le projet qu’on appellerait par la suite le chenal de navigation de la baie Géorgienne, entreprise que son fils McLeod Stewart mettra plus tard de l’avant, mais sans succès. En 1845, Stewart présida la commission qui obtint la restitution, par le Board of Ordnance, de terres appartenant à Nicholas Sparks*, puis, l’année suivante, il rédigea le projet de loi sur l’érection de Bytown en municipalité. Dans ce projet, sa ferme n’était pas comprise dans les limites de la ville et était donc assujettie à un taux d’imposition plus bas ; Stewart soutint plus tard que ce tracé représentait celui que lord Sydenham avait approuvé en 1841. On accusa aussi Stewart d’avoir découpé les circonscriptions électorales de Bytown en vue de favoriser les conservateurs. Aux élections générales de 1847–1848, les conservateurs de Bytown, pour des raisons inconnues, remplacèrent « Sweet William » (comme le surnommait le Packet, journal réformiste de Bytown) par John Bower Lewis*. Mais John Alexander Macdonald* avait gardé confiance en Stewart et, au printemps de 1849, il le pressa de s’« organiser immédiatement pour [se présenter dans] Bytown, Russell, Prescott et Carleton », au cas où lord Elgin [Bruce*] déclencherait des élections surprises pendant la crise qu’entraîna l’adoption du projet de loi pour l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion. Stewart devint le candidat de la British American League [V. George Moffat*] dans Bytown, mais les élections suivantes n’eurent lieu qu’en 1851, et son adversaire réformiste, Daniel McLachlin*, l’emporta. En 1854, il se présenta une dernière fois, dans Russell, mais en vain.

À la fin des années 1840, Stewart avait subi des revers financiers. En 1846, il était censé valoir £20 000 et il avait fortement investi dans des opérations forestières, mais ses pertes, à la suite d’un encombrement du marché et d’un resserrement du crédit en 1847–1848, l’obligèrent à vendre ses permis de coupe de la couronne à John Egan et à abandonner son entreprise forestière. En 1850, il avait délaissé son magasin, et il se consacra par la suite à sa tâche de surintendant des écoles publiques de Bytown et à sa ferme. Celle-ci s’étendait à l’ouest de la rivière Rideau sur une distance de deux milles et touchait au lopin de terre que possédaient dans Bytown les héritiers du lieutenant-colonel John By*. Stewart remporta des prix pour ses chevaux de selle et ses récoltes ; il se servit aussi des tribunes électorales pour donner aux fermiers des conférences sur les méthodes de fertilisation. En mars 1856, tandis qu’il représentait la ville d’Ottawa à titre d’agent spécial à Toronto, où se trouvait alors le siège du gouvernement, il tomba soudainement malade et mourut quelques jours plus tard. Robert Bell* et John Sandfield Macdonald* étaient présents pendant ses derniers moments. Macdonald rédigea son testament.

William Stewart a surtout retenu l’attention par sa large participation aux activités communautaires : il fut membre fondateur de l’église presbytérienne St Andrew, vice-président de la Highland Society of Canada, membre du conseil d’administration de la Bytown Emigration Society, président de l’Agricultural Society du comté de Carleton, membre du premier bureau de commerce de Bytown et membre du conseil d’administration de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique. Homme d’affaires plein d’ambition, Stewart se porta acquéreur de nombreuses propriétés dans Bytown et dans les comtés de Carleton et de Renfrew, même s’il se plaignit constamment de difficultés financières. Sa correspondance révèle ce qu’il était : profondément religieux, philanthrope, intolérant à l’égard des défauts des autres, mais aussi un homme vers qui ses amis se tournaient pour demander conseil. Pour le poète William Pittman Lett, Stewart fut « un homme parmi les hommes du vieux Bytown ».

R. Forbes Hirsch

AO, MU 1729.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 224 : 754 ; MG 24, D101 ; 19, 19, 22 ; MG 55/24, no 304.— BLHU, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 13 : 247.— Ottawa, Hist. Soc., Bytown Museum Arch. (Ottawa), AMIS, no 6.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux, 1843–1847 ; Statuts, 1843–1847.— Bytown Gazette, and Ottawa and Rideau Advertiser (Bytown [Ottawa]), 1836–1854, particulièrement 10 oct. 1844.— Ottawa Citizen, 1854.— Ottawa Tribune, 1854.— Packet, 1844–1851, particulièrement 27 nov. 1847.— M. S. Cross, « The dark druidical groves : the lumber community and the commercial frontier in British North America, to 1854 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1968).— W. P. Lett, Recollections of old Bytown, Edwin Welch, édit. (Ottawa, 1979).— Michael Newton, Lower Town, Ottawa (2 vol., Canada, Commission de la capitale nationale, Manuscript report, nos 104 ; 106, Ottawa, 1979–1981).

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R. Forbes Hirsch, « STEWART, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stewart_william_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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