STEWART, JAMES GREEN, trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company et explorateur de l’Arctique, né le 21 septembre 1825 à Québec, fils de John Stewart*, membre du Conseil exécutif du Bas-Canada, et d’Eliza Maria Green ; en 1854, il épousa Margaret Mowat et ils eurent au moins cinq fils ; décédé le 1er septembre 1881 près d’Edmonton.

James Green Stewart entra à la Hudson’s Bay Company en 1844 à titre de commis débutant parce que sir George Simpson* jugeait qu’il serait « grandement souhaitable d’avoir dans la compagnie quelques jeunes gentlemen issus de familles respectables de ce pays [Canada] ». Après avoir passé un an près du lac Supérieur, il fut affecté dans le district du fleuve Mackenzie, d’abord au fort Liard (Territoires du Nord-Ouest) puis au lac Frances (Territoire du Yukon). De 1848 à 1852, il agit à titre d’adjoint de Robert Campbell* dans la fondation et l’approvisionnement du fort Selkirk (Selkirk) au confluent de la rivière Pelly et du fleuve Yukon. Ce poste marquait la limite du plan d’expansion de Simpson ; au mieux, il fallait attendre sept ans avant d’obtenir les bénéfices d’un placement à cause de la difficulté d’atteindre le fort. Les courageux voyageurs du district du Mackenzie avaient, selon James Anderson*, une « profonde horreur » du trajet pour remonter la rivière Liard ; il fallait affronter alors la pire suite de portages en Amérique du Nord, faite d’au moins 60 milles de chemin à pied à travers les montagnes avant d’arriver à la rivière Pelly. Stewart devint volontiers le spécialiste de cette route, ce qui lui valut rapidement la gratitude de Campbell : « Je ne pourrais pas être secondé plus habilement même si je pouvais choisir parmi tous les gens de la Hudson’s Bay. » La confiance de Campbell était fondée. En 1849, les approvisionnements annuels indispensables en provenance du fort Simpson (Fort Simpson, Territoires du Nord-Ouest) n’étant pas parvenus au lac Frances le 1er novembre, Stewart, qui avait quitté le fort Selkirk et s’était rendu au lac Frances pour se porter à leur rencontre, faillit perdre la vie pendant le voyage de retour. Il se porta tout de même volontaire en avril 1850 pour faire le voyage de 1 100 milles jusqu’au fort Simpson afin d’aller chercher les provisions si nécessaires. En cours de route, il porta secours au survivant du poste de la rivière Pelly qui avait été victime du feu et de cannibalisme. Au fort Simpson, John Rae* lui donna une embarcation à moitié chargée d’approvisionnements qu’il devait transporter en haut de la rivière Liard. Le voyage fut mené à bonne fin. Simpson remarqua que « les efforts de Stewart dans ce cas de grande nécessité [étaient] au-dessus de tout éloge. » James Anderson, qui dirigea à compter de 1851 le district du fleuve Mackenzie, fut impressionné par le conseil de Stewart de déplacer le fort Selkirk plus bas sur le Yukon ; il déclara que « Stewart, doué d’une intrépidité et d’une hardiesse égales [à celles de Campbell], a[vait] une meilleure éducation et un jugement beaucoup plus sûr ».

Cependant, les débuts prometteurs de la carrière de Stewart n’eurent pas de suite. À l’été de 1851, il demeura au fort Selkirk, ce qui permit à Campbell de terminer l’exploration du cours inférieur du Yukon jusqu’au fort Yukon (Fort Yukon, Alaska) à l’embouchure de la Porcupine. Les rôles furent renversés en 1852 lorsque Stewart se trouva chargé de descendre le fleuve jusqu’au fort Yukon pour aller chercher une vache pendant que Campbell demeurait au fort Selkirk. Durant l’absence de Stewart, les Chilkats, qui craignaient que leur rôle d’intermédiaires dans le commerce ne soit menacé par l’établissement des postes de la Hudson’s Bay Company dans la région, attaquèrent le fort ; ils maîtrisèrent Campbell et pillèrent le poste. Après son retour au fort Selkirk, Stewart transporta au fort Yukon ce qui pouvait être récupéré ; pendant ce temps, Campbell partit pour le fort Simpson et Lachine, Bas-Canada, pour faire approuver la reconstruction du poste. À cause des frais élevés et des profits lents à venir, Simpson refusa la proposition, annihilant ainsi presque 20 ans d’efforts sur le cours supérieur des rivières Liard et Pelly.

Comme surnuméraire, Stewart prit pendant quelque temps, et d’une façon plutôt inadéquate, la direction du fort McPherson (Fort McPherson, Territoires du Nord-Ouest) en 1854. Il contraria Anderson en lui disant que le lac Frances pouvait être abandonné et en affirmant le contraire à Simpson. Il désobéit aussi à des ordres en visitant la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). Nommé pendant quelque temps au fort Carlton (Fort Carlton, Saskatchewan), Stewart reçut ensuite l’ordre de se rendre de nouveau au nord, au fort Resolution (Fort Resolution, Territoires du Nord-Ouest). Il devait agir à titre de commandant en second sous Anderson lors d’une expédition que le gouvernement britannique avait demandé à la Hudson’s Bay Company d’entreprendre, avec mission de descendre la rivière Back jusqu’à l’Arctique ; en effet, on voulait vérifier les dires des Inuit qu’avait recueillis Rae et selon lesquels une partie de l’expédition de sir John Franklin* avait péri dans les îles Montréal. Anderson arriva au fort Resolution le 22 juin 1855, congédia les guides choisis par Stewart et décida d’emprunter une autre route. Il se plaignit aussi de ce que, dans un « empressement inutile », Stewart avait utilisé de l’écorce de mauvaise qualité pour les canots raccourcis spéciaux recommandés par Rae pour les voyages dans cette région. Privés des interprètes promis, les membres de l’expédition ne purent interroger convenablement les Inuit qu’ils rencontrèrent. Les recherches sur les îles Montréal firent découvrir quelques débris épars des bateaux de Franklin. Cependant, l’expédition s’arrêta avant d’atteindre l’endroit reconnu plus tard comme le lieu de la tragédie (l’anse Starvation, sur le continent) parce que leurs frêles embarcations, deux canots fragiles et un bateau Halkett gonflable, ne pouvaient affronter les glaces inhabituellement dangereuses pour la saison. De plus, les canots se brisèrent sans cesse pendant le voyage de retour, en remontant les 84 rapides de la rivière Back. La discorde subsista entre Anderson et Stewart durant cette partie du voyage et, après l’expédition, Anderson reprocha à Stewart de n’avoir fait preuve d’aucune initiative. Il protesta aussi officiellement auprès du conseil du département de Northern lorsque Stewart retarda le courrier en détournant la diligence sur Norway House (Manitoba) pour y prendre sa femme et il donna une version haute en couleur de l’expédition à des journaux de Montréal. Simpson répondit à Anderson : « Stewart a des faiblesses regrettables pour lesquelles il a reçu de ma part, à la demande du conseil, une réprimande sévère cette saison. »

Immédiatement avant l’expédition dans l’Arctique, James Green Stewart avait été promu chef de poste ; plus tard, le gouvernement britannique lui accorda £280 pour ses services. Après avoir fourni des efforts dans deux entreprises de grande envergure mais relativement infructueuses de la Hudson’s Bay Company, il fit du service à Cumberland House (Saskatchewan) de 1856 à 1862, à Oxford House (Manitoba) de 1865 à 1867, et finalement à Norway House de 1867 à 1871. Il devint agent principal le 1er juin 1869, mais le nouveau Deed Poll de 1871 n’inscrivit pas son nom, malgré sa demande. Après s’être fixé à Clover Bar près d’Edmonton en 1878, il joua le rôle d’agent des Affaires indiennes pendant un an. Il mourut d’une maladie de cœur le 1er septembre 1881. Ses meilleures réalisations ont été accomplies au Yukon où la rivière Stewart fut ainsi nommée en son honneur par Robert Campbell.

C. S. Mackinnon

PABC, James Anderson papers.— PAM, HBCA, A.12/2 ; D.4/76a : 831 ; D.5/25 : 590.— Provincial Arch. of Alberta (Edmonton), James Green Stewart papers.— James Anderson, « Chief Factor James Anderson’s Back River journal of 1855 », C. H. D. Clarke, édit., Canadian Field-Naturalist (Ottawa), 54 (1940) : 63–67, 84–89, 107–109, 125s., 134–136 ; 55 (1941) : 9–11, 21–26, 38–44.— Clifford Wilson, Campbell of the Yukon (Toronto, 1970).— E. J. Holmgren, « The diary of J. G. Stewart, 1855, describing his overland journey in search of the Franklin expedition », Beaver, outfit 310 (printemps 1980) : 12–17.

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C. S. Mackinnon, « STEWART, JAMES GREEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stewart_james_green_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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