Titre original :  David Alexander Stewart (1874-1937)

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STEWART, David Alexander, missionnaire, journaliste, médecin, directeur de sanatorium, professeur d’université, conférencier, auteur et historien, né le 15 février 1874 à Fletcher, Ontario, fils de Francis Beattie Stewart et d’Elizabeth Farquharson ; le 2 juin 1915, il épousa à Winnipeg Ida Kate Bradshaw (décédée en 1936), et ils eurent un fils ; décédé le 16 février 1937 au même endroit.

En 1891, David Alexander Stewart s’installa avec ses parents au Manitoba, où ces derniers exercèrent la fonction de missionnaires laïques presbytériens. Il termina ses études à l’école normale de Winnipeg en 1892, puis enseigna pendant deux ans à Morden avant de s’inscrire au collège de Manitoba. Après avoir obtenu un baccalauréat en 1899, il s’orienta vers la théologie. En 1902, peut-être attiré par l’idée de devenir missionnaire-médecin, il délaissa la théologie pour étudier la médecine au collège médical de Manitoba. Sa sœur cadette, Isabel Maitland Stewart, serait l’une des infirmières enseignantes renommées en Amérique du Nord.

Sa famille ne pouvant pas payer ses études, Stewart dut subvenir à ses propres besoins. Au début, il gagna sa vie principalement en œuvrant comme missionnaire, mais entre 1903 et 1906 il travailla comme journaliste pour le Manitoba Free Press, où il devint le protégé du rédacteur en chef John Wesley Dafoe*, qui resterait son ami toute sa vie. Stewart collaborerait régulièrement au journal jusqu’à sa mort.

Après avoir obtenu son diplôme en 1906, Stewart occupa le poste de premier interne supérieur en médecine à l’Hôpital Général de Winnipeg, où il se spécialisa dans les maladies contagieuses. En 1908, il fut nommé directeur général de la Manitoba Tuberculosis Society, fondée pour promouvoir la création d’un sanatorium provincial. Il demeura à ce poste pendant deux ans, voyageant beaucoup et écrivant abondamment. En 1909, il contracta la tuberculose et fut soigné à l’Adirondack Cottage Sanitarium, établi par le médecin américain Edward Livingston Trudeau à Saranac Lake, dans l’État de New York. À cette occasion, il acquit une expérience personnelle du traitement par le repos, la saine alimentation, l’air frais, le soleil et les loisirs, qui serait prescrit au sanatorium créé peu après au Manitoba.

En 1910, l’objectif de doter la province d’un sanatorium se réalisa avec l’ouverture, le 24 mai, d’un centre comprenant 65 lits, près de Ninette, dans le sud-ouest du Manitoba. Stewart, toujours en convalescence dans l’État de New York, fut nommé surintendant médical, poste qu’il allait conserver jusqu’à sa mort. Sous sa gouverne, le Manitoba Sanatorium devint un centre réputé pour les soins aux tuberculeux et la recherche sur la tuberculose. On lui attribue l’élaboration d’un programme avancé de chirurgie thoracique ; il sut aussi convaincre les autorités de l’école de médecine de l’université de Manitoba d’en faire, en 1914, la première au Canada à exiger une rotation des étudiants dans le traitement des patients tuberculeux ; enfin, il mit sur pied, après 1926, des cliniques de diagnostic ambulantes pour atteindre les collectivités éloignées. Défenseur passionné des soins en sanatorium, il persuada le gouvernement provincial d’en assumer le coût pour les patients indigents. Cette mesure permit à plus de malades de demeurer au sanatorium jusqu’à ce qu’ils soient guéris et non contagieux, et ainsi de ralentir la propagation de la pathologie. De plus, il transmit son savoir à une autre génération de médecins ; l’université de Manitoba l’engagea comme maître de conférences en médecine en 1918, professeur adjoint en 1920, puis professeur agrégé en 1921.

Stewart insistait à la fois sur le traitement et sur la prévention par l’éducation. Auteur d’un nombre prodigieux d’articles scientifiques, il vulgarisa ses travaux dans des journaux, des revues et des brochures, ainsi que dans des conférences et des interventions radiophoniques. Il considérait l’éducation comme vitale non seulement pour éradiquer la tuberculose, mais aussi dans une perspective plus vaste d’élévation sociale. Dès le début, les patients du sanatorium de Ninette durent suivre des cours de nutrition et de prévention de la maladie. De plus, Stewart conçut des programmes permettant aux patients adultes d’étudier les matières des écoles secondaires et d’acquérir une formation professionnelle durant leur convalescence. Au cours des années suivantes, il devint un partisan important du mouvement pour l’éducation des adultes [V. Alfred Fitzpatrick] et contribua à la création de la Société d’enseignement postscolaire du Manitoba, en 1931.

En 1916, Stewart et sa femme, Ida Kate, s’installèrent à Ninette, où naquit leur fils. Deux ans plus tard, Ida Kate contracta une infection tuberculeuse grave. Tous les autres traitements s’étant révélés infructueux, elle subit une thoracoplastie, opération radicale impliquant l’ablation de côtes. L’intervention fut un succès et l’expérience renforça la confiance de Stewart à l’égard des traitements énergiques. Toutefois, Ida Kate resta invalide, souvent confinée à la maison et alitée. Ce résultat plongea Stewart dans une réflexion sur le sens de la maladie et de l’invalidité. Par la suite, il écrirait abondamment sur ce qu’il appelait « la philosophie de l’homme malade ». De même, il réfléchit aux obligations du médecin ; l’un de ses derniers projets consista à réviser le code de déontologie de la Canadian Medical Association.

Stewart était un moraliste ; dans un discours adressé en 1926 à des infirmières, il résuma en « quatre maîtres-mots » son approche de la vie : savoir, travail, conscience et charité. Il promouvait ardemment l’acquisition de connaissances comme but en soi et estimait que s’adonner à des loisirs éducatifs et à des passe-temps était essentiel au développement personnel. Historien amateur passionné, particulièrement intéressé à la traite des fourrures dans l’Ouest, il joua un rôle central dans la relance, en 1926, de la Société historique et scientifique de Manitoba, inactive depuis 1910, qu’il présida de 1929 à 1934. Il voyait l’organisation comme un moyen de diffuser la connaissance de l’histoire locale auprès du grand public et, en particulier, s’engagea activement dans la désignation de lieux historiques et la mise en place de plaques commémoratives. À partir du début des années 1930, il fut également un internationaliste et un pacifiste dont on réimprima à grande échelle les discours du jour du Souvenir au sanatorium, même si Ida Kate, qui écrivit beaucoup sur la paix et le désarmement, était la plus connue en tant qu’activiste.

David Alexander Stewart reçut de nombreuses distinctions au cours de sa vie. Il assuma la présidence de la Manitoba Medical Association en 1926 et la vice-présidence de la National Tuberculosis Association des États-Unis la même année. En 1927, l’université de Manitoba lui remit un doctorat honorifique en droit. Dans son allocution de présentation de Stewart, Frederick W. Clark, ancien professeur du collège de Manitoba, affirma que le sanatorium était « le monument de Stewart ». Au décès de Stewart, des suites d’une infection postopératoire, l’établissement était passé de 65 à 300 lits et le taux de mortalité lié à la tuberculose dans la province avait diminué des quatre cinquièmes. La province était à l’avant-garde du traitement de la tuberculose au Canada, et « Stewart du Manitoba » était reconnu dans le monde entier pour ses contributions à l’éducation professionnelle, à la médecine préventive et à la campagne internationale contre la tuberculose.

Chris Dooley

Le DBC conserve une liste de plus de 130 articles, discours, opuscules et rapports qu’a écrits David Alexander Stewart sur des sujets médicaux, notamment la tuberculose et la santé publique, ainsi que sur l’histoire de l’Ouest canadien, la philosophie et l’histoire naturelle.

AM, MG9, A54 (David Alexander Stewart fonds).— Eva Calverley, And so... Ninette, 1879–1919 ([Brandon, Manitoba], s.d.).— F. W. Clark, « Doctor David A. Stewart », Univ. of Manitoba Quarterly (Winnipeg), 2 (1927–1928) : 43–44.— Dedication and unveiling of Dr. David A. Stewart memorial, Manitoba Sanatorium, Ninette, Canada, July 24, 1940 (s.l., [1940 ?]).— R. G. Ferguson, « David A. Stewart Memorial Lecture : changes in the epidemiological conception of tuberculosis », Univ. of Manitoba Medical Journal (Winnipeg), 13 (1941–1942) : 62–68.— C. S. Houston, « D. A. Stewart, 1874–1937 : western tuberculosis pioneer », Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, Annales (Ottawa), 25 (1992) : 36–38 ; « R. G. Ferguson and D. A. Stewart : leaders in the crusade against tuberculosis : fifth DAS Lecture, 13 November 1989 » (travail non publié, 1989 ; copie en possession de l’auteur).— Manitoba, Dept. of Cultural Affairs and Hist. Resources, Hist. resources branch, Dr. David Alexander Stewart, M.D. ([Winnipeg ?], 1982).— R. B. Mitchell, « Life piled on life : the second annual Doctor David A. Stewart Memorial Lecture, February 12, 1941 », Manitoba Medical Rev. (Winnipeg), 21 (mai 1941) : 85–89.— E. W. Montgomery, « The Dr. David A. Stewart Memorial Lecture », Manitoba Medical Rev., 20 (avril 1940) : 73–79.— D. B. Stewart, Holy ground : the story of the Manitoba Sanatorium at Ninette (Killarney, Manitoba, 1999).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Chris Dooley, « STEWART, DAVID ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stewart_david_alexander_16F.html.

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Auteur de l'article:    Chris Dooley
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2017
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