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STEVENSON, FREDERICK JOSEPH, officier d’aviation et pilote de brousse, né le 2 décembre 1896 à Parry Sound, Ontario, quatrième des cinq enfants d’Annie Laurie Quinn et de Joseph Stevenson ; décédé célibataire le 5 janvier 1928 à The Pas, Manitoba.
Frederick Joseph Stevenson était encore petit lorsque son père, surintendant de la construction de ponts ferroviaires, fut muté en Saskatchewan. Bon élève, amateur de baseball, le garçon, que l’on surnommait Steve, passa de nombreux étés à camper avec son père tandis que celui-ci inspectait des ponts dans divers coins de la province. Il prit goût à la vie au grand air et acquit des techniques de survie qui lui seraient très utiles en tant que pilote de brousse. Au sortir de l’école secondaire, il travailla pour la Bank of Hamilton dans une succursale en Saskatchewan, probablement à Vonda, puis à Winnipeg, où il s’inscrivit en 1916 au Wesley College. Peu après, il s’enrôla dans le 196th Battalion et partit pour Seaford, en Angleterre. Blessé pendant qu’il était dans l’infanterie, il se retrouva près d’un endroit où étaient postés des aéronefs du Royal Flying Corps. Ces appareils exerçaient un tel attrait sur lui que, au cours de l’été de 1917, il se joignit à ce corps d’aviation. Affecté à la 79 Squadron, il pilotait des chasseurs Sopwith Dolphin. La croix de Service distingué dans l’aviation lui fut décernée le 3 juin 1919, mais on ne précise pas pour laquelle des actions inscrites à son palmarès, à savoir la destruction de 3 ballons d’observation et de 18 avions ennemis. On rapporte aussi qu’il reçut les croix de Guerre française et belge et eut droit à des citations. À la fin de la guerre, il détenait le grade de capitaine.
Contrairement à la plupart des pilotes de guerre, Stevenson trouva un emploi de pilote une fois les hostilités terminées. D’abord, au sein de la Royal Air Force, il transporta des délégués et des dépêches entre Londres et Paris pendant la conférence de paix de Paris en 1919. Ensuite, il donna des leçons de vol à des Russes blancs en Crimée, ce qui lui valut d’être décoré de l’ordre de Saint-Stanislas. En 1920, il fut employé par la Canadian Aircraft Company de Winnipeg, fit des démonstrations d’acrobatie aérienne, transporta des passagers et sillonna le Manitoba. De 1924 à 1926, pour le compte d’un nouvel organisme, l’Ontario Provincial Air Service, il effectua des patrouilles forestières à partir de Sault-Sainte-Marie, de Sioux Lookout et de Sudbury. En 1927, il fut engagé par la Western Canada Airways de James Armstrong Richardson*. Parmi les nombreux voyages qu’il fit pour cette jeune entreprise, trois opérations sont entrées dans la légende et lui ont donné droit au titre de meilleur pilote commercial du Canada.
La première de ces opérations, exécutée par Stevenson et un autre pilote, eut lieu en mars et avril 1927. Elle consistait en une série de vols entre le lac Cache, au Manitoba, à la fin de la voie ferrée, et le fort Churchill. Stevenson fit 27 aller-retour en 30 jours, parcourut 6 093 milles et transporta 17 894 livres de matériel et 14 hommes afin que le forage exploratoire du port du fort Churchill puisse commencer cette année-là. Ces vols constituaient le premier pont aérien d’envergure au Canada, et ce fut grâce à eux que le fort Churchill fut choisi comme terminus océanique du Hudson Bay Railway. La deuxième opération se déroula d’août à octobre 1927. Stevenson franchit 12 542 milles en 28 jours et transporta 23 tonnes d’équipement minier du lac Cormorant à Cold Lake (au nord-est de Flin Flon). Jamais encore un tel volume de marchandises n’avait été transporté par avion en Amérique du Nord. Plus encore, l’opération prouva à l’industrie minière qu’expédier de l’équipement par voie aérienne coûtait moins cher que de payer des hommes pour le transporter en pleine forêt. Pendant le troisième voyage, en décembre 1927, Stevenson revint de The Pas au lac du Caribou, ce qui représentait une distance de 600 milles. Bien que les archives de la compagnie ne fournissent aucun détail, l’importance de ce vol tenait probablement à sa longueur et à l’époque de l’année.
Les expéditions de Stevenson contribuèrent à démontrer que l’avion pouvait servir en temps de paix et en région éloignée. Pour la plupart des Canadiens, à la fin de la Première Guerre mondiale, voler était une activité militaire ou un passe-temps futile ; ils n’en voyaient pas l’utilité en dehors des périodes d’hostilités. En partie grâce à Stevenson, ils comprirent que l’avion pouvait favoriser le développement du Nord puisqu’il permettait de transporter des marchandises lourdes et volumineuses à des endroits lointains et généralement inaccessibles. Sous la bannière de la Western Canada Airways, Stevenson fut un pionnier du fret aérien. Ses vols se déroulaient dans des conditions primitives : souvent sans terrain d’atterrissage ni balises lumineuses, sans aides à la navigation ni liaisons radio, sans hangar pour les réparations et avec des cartes géographiques rudimentaires. Les aéronefs n’étaient pas construits pour résister à un froid extrême et tombaient souvent en panne loin de la base. En plus, le pilote était assis dans un cockpit ouvert.
Toutefois, Stevenson était d’un naturel accommodant. Travailler dans un contexte où il n’y avait pas de règle établie et où chaque vol avait un caractère expérimental lui convenait tout à fait. Qualités tout aussi importantes, il aimait le risque et avait des idées novatrices : par exemple, il fixait des toboggans aux roues de son aéronef afin de pouvoir se poser sur la neige.
Le 5 janvier 1928, Frederick Joseph Stevenson testa son Fokker Universal, le G-CAGE, qui venait d’être réparé. L’appareil fonctionnait bien, mais il s’écrasa au moment d’atterrir, à cause d’une erreur de pilotage. Stevenson mourut sur le coup. Ses brillantes performances et sa contribution au progrès de l’aviation furent bientôt reconnues. En 1928, il reçut à titre posthume, pour l’année précédente, le trophée Harmon pour le Canada. Toujours en 1928, Winnipeg baptisa Stevenson Aerodrome son terrain d’atterrissage municipal. En janvier, la Western Canada Airways avait présenté sans succès la candidature de Stevenson au plus prestigieux trophée canadien d’aviation, le trophée McKee. Sept mois plus tard, le gouvernement du Manitoba donna son nom à un lac du nord et à une rivière. En 1964, la St James–Winnipeg Airport Commission érigea sur un piédestal, à l’aéroport, un buste en bronze de lui, œuvre du sculpteur Cecil Richardson. En 1973, une école de Winnipeg fut baptisée en son honneur. Toutes les médailles de Stevenson sont exposées au Winnipeg International Airport.
AM, MG 11, A34 ; P 3361.— Musée de l’aviation de l’ouest du Canada (Winnipeg), F. J. Stevenson file.— Winnipeg Free Press, 19 oct. 1936, 13 juill. 1970.— Winnipeg Tribune, 16 déc. 1972.— Peter Corley-Smith, Barnstorming to bush flying : British Columbia’s aviation pioneers, 1910–1930 (Victoria, 1989).— F. H. Ellis, Canada’s flying heritage (Toronto, 1954 ; éd. rév., 1961).— G. A. Fuller et al., 125 years of Canadian aeronautics : a chronology, 1840–1965 (Willowdale, Ontario, 1983).— K. M. Molson, Pioneering in Canadian air transport ([Winnipeg], 1974).— D. F. Parrott, Harold Farrington, pioneer bush pilot (Thunder Bay, Ontario, 1982).— S. L. Render, « Canadian Airways Limited » (mémoire de m.a., Univ. of Manitoba, Winnipeg, 1984).— A. G. Sutherland, Canada’s aviation pioneers : 50 years of McKee Trophy winners (Toronto, 1978).— Bruce West, The firebirds ([Toronto], 1974).
Shirley Render, « STEVENSON, FREDERICK JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stevenson_frederick_joseph_15F.html.
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Auteur de l'article: | Shirley Render |
Titre de l'article: | STEVENSON, FREDERICK JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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