STERLING, ALICE JANE (Johnson), réformatrice sociale, née le 13 décembre 1839 à Newport, Nouvelle-Écosse, fille de John Sterling ; avant 1862, elle épousa, probablement en Nouvelle-Écosse, Richard Johnson*, et ils eurent deux filles et deux fils ; décédée le 2 février 1921 à Charlottetown.

On sait peu de chose sur la vie d’Alice Jane Sterling avant son mariage. Son père, né en Angleterre, s’était établi dans la région de Windsor, en Nouvelle-Écosse, où il aurait été un homme passablement influent. Il ne subsiste aucun registre indiquant où et quand Alice Jane a fait ses études, mais sa participation à différents organismes laisse présumer qu’elle avait un niveau de scolarité élevé. Alice Jane aurait rencontré son futur mari en 1860, année où il devint ministre méthodiste à Windsor. En 1862, elle donna naissance à leur premier enfant. Richard Johnson avait auparavant commencé des études en médecine à la Harvard University et y retourna en 1864 pour les terminer ; il obtint son diplôme l’année suivante. La famille s’établit alors à Charlottetown, où Richard commença à pratiquer la médecine et ouvrit un dispensaire.

Comme bon nombre de femmes de son rang, Alice Jane Sterling Johnson s’intéressait activement au bien-être de ses concitoyens. Elle fut l’une des fondatrices et la première présidente de la Ladies’ Hospital Aid Society, établie peu de temps après la constitution juridique, en 1884, du Prince Edward Island Hospital. La société recueillait des contributions volontaires, unique soutien de l’hôpital à ses débuts, rendait visite aux malades toutes les semaines, organisait des conférences, des concerts, des soirées musicales, ainsi que des fêtes où le patin était à l’honneur dans le but d’amasser des fonds pour l’achat de matériel et de fournitures. En 1897–1898, Mme Johnson n’assumait plus la présidence de la société.

Bien que son engagement témoigne de son appui à l’œuvre de son mari – un des fondateurs et médecins de l’hôpital –, Mme Johnson joua aussi un rôle au sein d’autres organismes, en particulier la Woman’s Christian Temperance Union. Le premier groupe de cette société au Canada avait été créé en Ontario en 1874 [V. Letitia Creighton*] et des regroupements locaux s’étaient formés à Saint-Jean, en 1877, et à Halifax, vers 1878. Les femmes de l’Île-du-Prince-Édouard, toutefois, ne se regroupèrent pas avant 1890. À l’époque, plusieurs regroupements locaux se constituèrent et s’affilièrent à la Woman’s Christian Temperance Union des Maritimes. Mme Johnson contribua de près à l’organisation des sociétés locales de Charlottetown et de Summerside. C’est néanmoins à la société de Charlottetown qu’elle consacra le plus de son temps. Elle en fut la présidente fondatrice et occupa ce poste au moins jusqu’à 1895. En partie grâce à ses efforts et à ceux de la Woman’s Christian Temperance Union, l’opinion publique devint favorable à la cause de la tempérance. En 1900, l’Île-du-Prince-Édouard adopta le Prohibition Act et devint la première province à interdire la vente d’alcool.

L’engagement d’Alice Jane Sterling Johnson à l’échelle régionale remonte à peu près au moment de l’affiliation des sociétés locales de l’île à la Woman’s Christian Temperance Union des Maritimes. Au congrès annuel en 1890 à Halifax, où elle était déléguée de Charlottetown, elle fut élue vice-présidente pour l’Île-du-Prince-Édouard, et nommée membre du comité des motions, avec trois autres femmes, ainsi que la déléguée de l’île pour assister au congrès national qui aurait lieu à Saint-Jean en 1891. Réélue au poste de vice-présidente au congrès des Maritimes tenu en 1891 à Summerside, elle fut nommée déléguée pour participer au congrès mondial de la Woman’s Christian Temperance Union, qui eut lieu à Boston plus tard au cours de l’année. En trois ans, elle cumula les postes de vice-présidente, de secrétaire aux archives du comité des publications de la Woman’s Christian Temperance Union des Maritimes, et devint surintendante de sa section de la moralité dans la littérature, les arts et la mode. La participation de Mme Johnson à la Woman’s Christian Temperance Union des Maritimes prit fin en 1895, lorsqu’une motion fut adoptée à l’assemblée annuelle en vue de dissoudre la société et de permettre aux trois regroupements provinciaux de fonctionner indépendamment au sein de la société nationale.

Quelque temps avant 1889, le fils d’Alice Jane Sterling Johnson, William Arthur, avait commencé à travailler à la pharmacie de son père à la maison familiale de la rue Kent. Son frère Richard McKay, pharmacien diplômé, vint l’y rejoindre en 1893. Un an plus tard, Richard Johnson fit construire une maison moderne dans la rue Prince, où vécut Mme Johnson après la mort de son mari survenue en 1903. Au cours des 20 dernières années de sa vie, elle consacra une grande partie de ses énergies à la First Methodist Church, dont elle était membre. De 1902 à 1920, elle enseigna à l’école du dimanche ; elle fut vice-présidente de la Woman’s Missionary Society pendant un bon moment entre 1901 et 1911, et présidente de la Dorcas Society de 1901 à 1917, sauf pendant quelques intervalles entre 1908 et 1911 et en 1915. Lorsque sa santé commença à décliner, Mme Johnson assuma un rôle moins exigeant et devint, en 1918, présidente honoraire de la Dorcas Society. Elle mourut en février 1921, à l’âge de 81 ans, après une maladie de deux ans, au Prince Edward Island Hospital. Elle laissa dans le deuil son fils William Arthur, qui vivait alors en Alabama.

Tout au long de sa vie, Alice Jane Sterling Johnson fit preuve de vaillance morale et d’engagement envers les œuvres de bienfaisance, caractéristique qu’elle avait en commun avec beaucoup de femmes protestantes de la haute bourgeoisie de l’époque. Jusqu’à sa mort, peut-on lire dans le Charlottetown Guardian, elle « conserva un intérêt marqué pour [les œuvres] caritatives et chrétiennes auxquelles elle avait consacré son énergie et ses années de jeunesse » ; elle laissait le souvenir « d’une travailleuse acharnée au service de toute cause visant le mieux-être de la collectivité et du monde ».

Jill MacMicken Wilson

AO, F 834, MU 7278.— NSARM, MG 20, 357, item 1 ; 359, item 3 ; 360, item 22.— Charlottetown Guardian, 3–4 févr. 1921.— Patriot (Charlottetown), 3 juill. 1895, 3 févr. 1921.— Pioneer (Summerside, Î.-P.-É.), 21 sept. 1891.— First Methodist Church, Annual report (Charlottetown), 1897, 1901–1921 (mfm aux PARO, Acc. 3295M-4).— A history of the Prince Edward Island Hospital School of Nursing, 1891–1971, [C. J. Callbeck, édit.] (Charlottetown, 1974).— Wendy Mitchinson, « The WCTU : “For God, home and native land” ; a study in nineteenth-century feminism », dans A not unreasonable claim : women and reform in Canada, 1880s–1920s, Linda Kealey, édit. (Toronto, 1979), 151–167.— Past and present of Prince Edward Island [...], D. A. MacKinnon et A. B. Warburton, édit. (Charlottetown, [1906]).— Prince Edward Island Hospital, Annual report (Charlottetown), 1892–1910 (exemplaire aux PARO, Acc. 2594/A).— I. L. Rogers, Charlottetown : the life in its buildings (Charlottetown, 1983).— J. E. Veer, « Feminist forebears : the Woman’s Christian Temperance Union in Canada’s Maritime provinces, 1875–1900 » (thèse de ph.d., Univ. of N.B., Fredericton, 1994.)

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Jill MacMicken Wilson, « STERLING, ALICE JANE (Johnson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sterling_alice_jane_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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