STEINER, NEWMAN LEOPOLD (il signa son acte de mariage Neuman Leo), artisan, homme d’affaires, juge de paix et homme politique, né le 10 décembre 1829 ou 1832 à Dachau (république fédérale d’Allemagne), fils de Wolfgang Steiner et de Francisca Rothshild ; le 22 février 1876, il épousa à New York Bertha Sternberger, et ils eurent quatre fils, dont l’un mourut au berceau, et deux filles ; décédé le 5 janvier 1903 à Toronto.
Newman Leopold Steiner naquit dans une famille juive de Bavière ; il était le onzième des 14 enfants d’un fournisseur du gouvernement. En 1848, au cours de ses études à Vienne, il se joignit aux révolutionnaires hongrois rassemblés sous le commandement de Lajos Kossuth. Au cours de ses huit mois de service, il fut blessé et incarcéré par le gouvernement autrichien. Après l’échec de la révolution, il passa en Amérique. Pendant trois ans, il s’initia à New York au métier de sculpteur sur pierre, et le 6 octobre 1852, s’établit à Toronto.
De son arrivée jusqu’au moment de sa retraite, en 1886, Steiner exploita une entreprise appelée N. L. Steiner Marble Works. Pendant cette période, il fournit le marbre qui entra dans la construction de bon nombre d’immeubles à Toronto ainsi que celui de pierres tombales de toute la région. Lui-même accomplissait le travail d’un maître artisan. Par exemple, pendant la construction du University College, de 1856 à 1859, il cisela l’écusson officiel qui allait orner l’entrée principale. En outre, il exécutait les inscriptions des monuments fabriqués par son entreprise. La plupart étaient signées de ses initiales, et on en a trouvé sur des pierres tombales et des plaques funéraires dans les cimetières des églises Little Trinity et St Andrew à Toronto, St George à Sibbalds Point et St Mark à Niagara-on-the-Lake.
En 1870, Steiner fut nommé juge de paix ; il était le deuxième Juif d’Ontario à recevoir cet honneur, le premier ayant été, en 1857, George Benjamin*, de Belleville. Dix ans plus tard, au cours d’un scrutin où il recueillit le plus grand nombre de suffrages jamais obtenu à Toronto par un candidat à l’échevinat, il fut élu représentant du quartier St James. Réélu en 1881, il ne se présenta pas l’année suivante mais remporta la victoire haut la main en 1883, 1884, 1885 et 1886. En 1884, il fit fonction de maître de cérémonie aux célébrations du cinquantenaire de la ville. Bien que, apparemment, il n’ait pas souvent participé aux débats du conseil, il intervint en 1886 au sujet d’un projet de réduction du nombre des permis d’alcool. Jusque-là, il avait été du côté du maire réformiste William Holmes Howland*, mais en affirmant, non sans raison, que cette diminution ne ferait que multiplier les infractions et les débits illégaux, il mit abruptement fin à cette alliance. Défait en 1889, il revint sur la scène publique dix ans plus tard en tant qu’échevin du quartier no 3. Pendant sa carrière municipale, on le considérait comme le « père du conseil ».
Même si l’on se souvient de Steiner comme du premier échevin juif de Toronto, il fut surtout lié à la St John’s Lodge de l’ordre maçonnique, où il officia en tant que maître un certain temps, et à la German Benevolent Society, qu’il fonda au début des années 1870 et dont il fut le premier président.
À ce qu’il semble, Steiner était en froid avec la petite communauté juive de Toronto dès le début de 1877. En février 1876, il avait épousé au cours d’une cérémonie judaïque Bertha Sternberger, fille d’un chantre réputé d’une synagogue de New York. Il y a lieu de croire qu’il avait des liens avec la congrégation Holy Blossom de Toronto : son nom figure sur une liste datée de juillet 1877, avec ceux d’autres membres « désireux de créer une société de bienfaisance ». Cependant, en janvier de cette année-là, lorsque le premier né des Steiner, Walter L., mourut, à l’âge de 13 jours à peine (peut-être avant d’avoir été circoncis, rite que l’on observait normalement quand l’enfant était âgé de 8 jours), ses parents décidèrent de l’inhumer au cimetière public Necropolis plutôt qu’au cimetière Holy Blossom, dans l’avenue Pape. Il y avait sans doute conflit entre le traditionalisme de la congrégation Holy Blossom et les antécédents réformistes de Bertha Steiner. Celle-ci avait été partisane du rabbin David Einhorn, le leader de l’aile ultra-radicale des congrégations juives des États-Unis. À l’été de 1882, les Steiner avaient rompu avec le judaïsme, car ils achetèrent un lot au Mount Pleasant Cemetery, qui était non confessionnel, et y firent transférer la dépouille de leur enfant. Au cours des années suivantes, des membres de la famille se joignirent à la congrégation unitarienne de Toronto, mais non Steiner lui-même.
Newman Leopold Steiner mourut en 1903. Il laissait dans le deuil sa femme et cinq enfants. Ses funérailles furent célébrées par sa loge maçonnique et par le révérend Jabez Thomas Sunderland de l’église unitarienne Jarvis Street.
AO, RG 53, Ser. 21, 1er, 3 août 1877.— Arch. privées, Florence Blackwell (Toronto), dossiers de la famille Steiner.— Holy Blossom Temple Arch. (Toronto), « List of persons desirous of establishing a charitable society, Toronto, July, 1877 ».— Mount Pleasant Cemetery (Toronto), Burial records and tombstone inscription, triangle 8.— New York City, Dept. of Records and Information Services, Div. of Municipal Arch., Geneal. coll., Vital records, Certificate and return of marriage, 22 févr. 1867.— S. J. Birnbaum, « The history of the Jews in Toronto », Canadian Jewish Times (Montréal), 10 janv. 1913 : 12.— Daily Mail and Empire, 6 janv. 1903.— Globe, 7 janv. 1903 : 12.— Toronto Daily Star, 7 janv. 1903 : 6.— Hist. of Toronto, 2 : 154.— W. J. Loudon, Studies of student life (8 vol., [Toronto], 1923–[1924 ?]), 5 : 226–227.— Desmond Morton, Mayor Howland : the citizens’ candidate (Toronto, 1973).— S. A. Speisman, The Jews of Toronto : a history to 1937 (Toronto, 1979).— Toronto, City Council, Minutes of proc., 1880, app. : 5 ; 1881, app. : 15 ; 1883, app. : 11 ; 1884, app. : 8 ; 1885, app. : 13 ; 1886, app. : 11 ; 1889, app. 30 ; 1899, app., election returns for Ward 3 ; 1902 : 226.
Sheldon J. Godfrey, « STEINER, NEWMAN LEOPOLD (Neuman Leo) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/steiner_newman_leopold_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
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