SPARROW, JOHN BOLINGBROKE (baptisé John), marchand, directeur de théâtre et imprésario, né le 12 avril 1852 à St Catharines, Haut-Canada, fils de George Sparrow, entrepreneur, et de Catharine Edwards ; le 6 août 1877, il épousa à Montréal Elizabeth Cater, fille mineure de James Cater, hôtelier, et de Philomene Scott, et ils eurent une fille et trois fils ; décédé le 26 février 1914 à Sainte-Agathe-des-Monts, Québec, et inhumé le lendemain à Montréal, au cimetière du Mont-Royal.

John Bolingbroke Sparrow quitte sa ville natale vers 1876 pour s’établir à Montréal comme marchand de fruits rue de Bleury et de La Gauchetière, à côté d’une entreprise de production d’affiches appartenant à son futur beau-père. L’année suivante, il s’associe à James Cater tout en conservant son magasin de fruits jusqu’en 1880. Sa carrière dans l’affichage le met en contact avec plusieurs hommes de théâtre anglais, américains et canadiens, ce qui l’incite à devenir entrepreneur de spectacles à son tour. Dès la saison 1879–1880, il succède à Kate M. Buckland [Horn*] à la direction du Theatre Royal de la rue Côté.

L’ascension de Sparrow dans le monde du spectacle se fait rapidement, surtout à partir de son association en 1884 à l’imprésario américain Henry R. Jacobs. La Sparrow and Jacobs transforme le Royal en Mecque du mélodrame et du vaudeville à bon marché, où se produisent les Antonio (Tony) Pastor, Maggie Cline ainsi que Joseph Morris (Joe) Weber et Lew Fields. Après la brève expérience du Royal Museum Pavilion de 1883 à 1885, les deux associés exploitent, outre le Royal, le Queen’s Theatre à partir de 1891 et l’Académie de musique à compter de 1896.

En 1897, cette association fructueuse cesse pourtant. Sparrow récupère les intérêts canadiens de la firme. Il adhère ensuite au fameux trust du théâtre américain, mieux connu sous le nom de Syndicate, qui impose progressivement son emprise sur la majorité des théâtres américains et canadiens. S’inspirant de cette puissante organisation, Sparrow monopolise bientôt les principales salles montréalaises. En 1904, il a la main haute non seulement sur le Royal et l’Académie, mais encore sur le Théâtre français et le Théâtre de Sa Majesté. Son empire s’étend jusqu’à Toronto, Ottawa, Boston et même New York. La même année, il réorganise sa compagnie sous la raison sociale de J. B. Sparrow Theatrical and Amusement Company et abandonne définitivement la direction de la Montreal Bill Posting Company qu’il assumait depuis 1881.

L’affiliation de Sparrow au Syndicate ne va pas sans problèmes. En 1908, accusé d’avoir concurrencé l’Eastern Circuit Association à Boston, il voit son directeur William A. Edwards expulsé de cette association pendant que plusieurs troupes américaines annulent leurs tournées dans ses théâtres montréalais en guise de représailles. Sparrow poursuit l’Eastern Circuit Association en vertu de la loi antitrust américaine devant la Cour suprême de l’État, district de la ville de New York, et obtient réparation. Ces déboires ne nuisent visiblement pas à sa prospérité puisque sa compagnie déclare un capital de 339 000 $ en 1910.

Amateur de chasse et de pêche, l’imprésario montréalais oublie ses tracas dans sa résidence secondaire de Sainte-Agathe-des-Monts, où il passe la plus grande partie de l’année à partir de 1913 quand sa santé s’altère. C’est là qu’en février 1914 l’hydropisie, compliquée d’une crise cardiaque, l’emporte et que, selon ses vœux, ses obsèques se déroulent dans la plus grande simplicité.

Redoutable sans doute en affaires, John Bolingbroke Sparrow se montrait charmant en société, tenant table ouverte à Sainte-Agathe-des-Monts, ou encore recevant gens de théâtre et journalistes à l’hôtel Péloquin de Sault-au-Récollet (Montréal-Nord) en banlieue de Montréal, où il était toujours « le boute-en-train ». Le monopole exercé par les entreprises de Sparrow et leurs liens avec le Syndicate new-yorkais ont fortement contribué à faire de Montréal une vitrine de Broadway. En effet, la ville a servi de banc d’essai à plusieurs productions offertes ultérieurement dans la métropole américaine. Les genres les plus divers et la plupart des vedettes américaines de l’heure ont tenu l’affiche dans ses salles de spectacle. Il faut souligner particulièrement le rôle de Sparrow dans l’implantation de la comédie musicale américaine à Montréal. Une intuition infaillible, un sens aigu de la mise en marché et une grande faculté d’adaptation en ont fait l’un des marchands de spectacle les plus influents de sa génération.

Mireille Barrière

AC, Montréal, Minutiers, Emmanuel L’Archevêque, 5 août 1877 ; Terrebonne (Saint-Jérôme), État civil, Anglicans, Holy Trinity Church (Sainte-Agathe-des-Monts), 27 févr. 1914.— ANQ-M, CE1-66, 6 août 1877.— St George’s Anglican Church (St Catharines, Ontario), Reg. of baptisms, 9 mai 1852.— Montreal Daily Star, 26 févr. 1914.— Annuaire, Montréal, 1875–1915.— Mireille Barrière, « la Société canadienne-française et le Théâtre lyrique à Montréal entre 1840 et 1913 » (thèse de ph.d., univ. Laval, 1990), 91, 142–155, 334, 420.— Sylvie Dufresne, « le Theatre Royal de la rue Coté : 1851–1913 », dans Groupe de recherche en art populaire, Travaux et conférences, 1975–1979 (Montréal, 1979), 67–171.— Franklin Graham, Histrionic Montreal ; annals of the Montreal stage [...] (2e éd., Montréal, 1902 ; réimpr., New York et Londres, 1969).— The Oxford companion to American theatre, Gerald Bordman, édit. (New York, 1984), 151, 560.

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Mireille Barrière, « SPARROW, JOHN BOLINGBROKE (baptisé John) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sparrow_john_bolingbroke_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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