SOUBRAS, PIERRE-AUGUSTE DE, commissaire-ordonnateur, subdélégué de l’intendant de la Nouvelle-France et premier conseiller au Conseil supérieur de l’île Royale (île du Cap-Breton), décédé le 9 avril 1725 à Bordeaux. Il n’existe pas de documents indiquant qu’il se soit marié.
Soubras commença sa carrière comme commis à la Marine, en février 1703. Il servit à Rochefort d’abord puis à Dunkerque, d’avril 1705 à mars 1714 ; il fut alors nommé commissaire-ordonnateur de l’île Royale. Il s’embarqua pour Louisbourg à bord de la Charente, au cours de l’été de 1714.
En sa qualité de chef de l’administration civile de l’île Royale, Soubras déploya une grande activité pour stimuler la mise en valeur de la colonie. Dès son arrivée, il constata cependant une absence totale de discipline dans la garnison, un relâchement des mœurs chez les officiers, et dans toute la population un esprit d’insubordination qui avait d’ailleurs été la plaie de cette colonie depuis sa fondation et qui subsistera jusqu’à sa chute. Malgré l’opposition qu’il rencontra, il s’employa énergiquement à établir un certain contrôle sur la vente de l’eau-de-vie, car il estimait que l’eau-de-vie était la principale cause de désordre dans la colonie. Au début de 1715, il tenta de lever un impôt qui servirait à l’établissement d’un hôpital. Cette mesure ayant soulevé une violente opposition de la part des puissants intérêts de l’industrie de la pêche, tant dans la colonie qu’en France, il dut se résigner à abandonner son projet de taxation. Le gouvernement devait toutefois en venir à financer la construction d’un hôpital de dimensions imposantes.
Soubras encouragea vivement l’exploitation des ressources naturelles de l’île Royale. Il apporta son aide aux particuliers qui voulurent ouvrir des moulins à scie ou construire des vaisseaux destinés au commerce côtier. Il tenta d’attirer dans l’île des fermiers acadiens sur qui il comptait pour l’implantation d’une agriculture viable, mais il connut peu de succès. Dans l’espoir de trouver un marché, il expédia en France des échantillons du charbon de l’île Royale. En outre, c’est en grande partie grâce à ses efforts qu’on établit un four à briques à Port-Toulouse (St. Peters) en 1716, malgré la qualité inférieure de la brique, on l’utilisa jusqu’en 1725 pour les fortifications de Louisbourg. Soubras encouragea l’étude et l’emploi des matériaux utilisables dans la construction locale, par exemple, la chaux et l’ardoise. Il a aussi jeté les bases du commerce avec le Canada et c’est là sans doute sa plus importante contribution à la mise en valeur de l’île. Les échanges commerciaux prirent par la suite une telle expansion que Louisbourg devint bientôt une sorte de chambre de compensation pour une grande partie du commerce qui se faisait entre la France, le Canada, les Antilles, la Nouvelle-Écosse, sans oublier la Nouvelle-Angleterre.
Comme il arrivait fréquemment dans l’administration coloniale française, en voulant exercer un certain contrôle sur les dépenses, Soubras entra souvent en conflit avec les gouverneurs Pastour de Costebelle et Saint-Ovide de Brouillan [Monbeton*] et l’ingénieur Verville. Vers la fin de 1716, il était tellement dégoûté qu’il demanda au Conseil de Marine l’autorisation de rentrer en France. Bien que le conseil l’eût assuré, en juillet 1717, qu’il était tout à fait satisfait de son administration, il fut nommé, en avril 1718, commissaire-ordonnateur à Calais. Cette nomination souleva dans la colonie des protestations unanimes et le conseil fut saisi, en novembre 1718, d’une pétition demandant que, pour le bien de la colonie, Soubras demeure à l’île Royale, car il avait « jusqu’icy dignement remply [son poste] ». Il aurait dû quitter l’île à l’automne de 1718, mais son successeur, Le Normant* de Mézy n’arriva pas avant l’année suivante, de sorte que l’année 1719 touchait à sa fin lorsque Soubras s’embarqua pour la France ; il avait auparavant perdu tous ses effets personnels dans un incendie. En France, Soubras fut assigné à Calais. Puis à partir de 1721, il remplit la fonction de commissaire-ordonnateur à Rochefort d’abord, puis à Bordeaux en 1724. C’est là qu’il mourut le 9 avril 1725.
AN, Col., B, 37, 38 ; Col., C11B, 1, 2, 3 ; Col., D2D, 222.— Documents relatifs à la monnaie sous le Régime français (Shortt).— La Morandière, Hist. de la pêche française de la morue.— McLennan, Louisbourg.
En collaboration, « SOUBRAS, PIERRE-AUGUSTE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/soubras_pierre_auguste_de_2F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |