SMITH, JOSEPH, explorateur de la Hudson’s Bay Company, décéda en juin 1765, alors qu’il se rendait au fort York (York Factory, Man.), après avoir quitté la région de la Saskatchewan.

À mesure que Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye ainsi que sa famille et ses successeurs développaient le commerce français dans l’Ouest, la Hudson’s Bay Company se sentait de plus en plus menacée par les « colporteurs » qui voyageaient à l’intérieur des terres. James Isham tenta de faire face à ce défi en envoyant des hommes vers l’intérieur à partir du fort York. Anthony Henday partit le premier en 1754. En 1756, Joseph Smith, qui se trouvait à la baie d’Hudson comme ouvrier depuis trois ans, et Joseph Waggoner, fils métis de Rowland Waggoner*, reçurent les instructions d’accompagner Washiabitt, capitaine des Esturgeons (une bande de Cris), vers le territoire de ce dernier. Le 23 août 1756, ceux qu’Isham appelait « les deux Joseph » quittèrent York avec l’ordre de distribuer des présents aux Indiens qu’ils rencontreraient, dans l’espoir de les encourager à venir faire la traite au fort York. Les voyageurs devaient résister à toute tentative d’opposition de la part des trafiquants français, sans toutefois susciter de troubles.

Le 31 octobre, après avoir suivi les rivières Hayes et Fox jusqu’au lac Cross et remonté la rivière Nelson jusqu’aux lacs Little Playgreen et Ouinipigon (lac Winnipeg), ils atteignirent le lac Bourbon (lac des Cèdres), où ils apprirent que le poste français du fort Bourbon (le second à porter ce nom) était inoccupé. S’étant parfaitement adaptés à la façon de voyager et au mode de vie des Indiens, ils se laissèrent descendre vers le sud, passèrent les monts Porcupine et le mont Duck et traversèrent la rivière Assiniboine pour arriver au territoire qui forme aujourd’hui le sud-ouest du Manitoba et de la Saskatchewan, où ils chassèrent le bison. À plusieurs reprises durant l’hiver, ils croisèrent des groupes de traiteurs français qui hivernaient également chez les Indiens.

En mars 1757, Smith, Waggoner et leurs compagnons partirent au nord, vers le territoire des Indiens situé non loin de la rivière Swan. Après s’être construit des canots, ils s’acheminèrent vers le fort Bourbon ; ils y trouvèrent les Français installés et s’adonnant au commerce. Les explorateurs retournèrent au fort York en passant par le lac Little Playgreen, la rivière Echimamish et les lacs Oxford et du Genou (Knee) ; ils étaient les premiers Anglais à emprunter cette route qui devint par la suite la voie régulière du fort York vers l’intérieur. Ils rapportèrent à Isham qu’ils avaient rencontré 20 traiteurs français et qu’ils avaient trouvé une nourriture abondante dans la région des prairies. Après un séjour de moins d’une semaine au fort York, ils reprirent la route avec les mêmes Indiens, le 30 juin 1757, et passèrent de nouveau l’hiver à proximité de la rivière Assiniboine. Au printemps suivant, ils descendirent à la baie d’Hudson avec 57 canots.

En 1759, Smith et Anthony Henday pénétrèrent dans le pays de la Saskatchewan et revinrent avec une flottille de 61 canots. Waggoner y voyagea l’année suivante et, en 1763, Smith fit le voyage avec un chef indien nommé Meesinkeeshick, empruntant la rivière Grass. Il trouva les postes français abandonnés et le fort Saint-Louis (près du Fort-à-la-Corne, Sask.) incendié. En 1764, il repartit pour la Saskatchewan, accompagné pendant une partie du voyage par Isaac Batt*. Smith mourut durant le voyage de retour et l’Indienne avec laquelle il avait voyagé porta ses effets personnels et leur enfant au commandant du fort York, Ferdinand Jacobs*.

Smith effectua en tout cinq voyages vers l’intérieur et Waggoner, trois. Smith tint un journal de ses voyages de 1756, 1757 et 1763, mais comme ses descriptions sont sommaires et laconiques, il est difficile de retracer ses itinéraires. Les deux explorateurs furent certainement les premiers Anglais à pénétrer dans la région de la rivière Assiniboine et les premiers à décrire un parc à bisons. Malheureusement pour la compagnie, leurs découvertes ne menèrent pas immédiatement à la construction d’un poste sur le lac Little Playgreen ou sur la rivière Paskoya (Saskatchewan). Les commandants du fort York, considérant que la chute de la Nouvelle-France mettait fin à la menace montréalaise, jugèrent qu’il devenait inutile de promouvoir avec vigueur les voyages à l’intérieur des terres, comme ils l’avaient fait depuis 1754. Les randonnées de Henday, de Smith, de Waggoner et de Batt augmentèrent considérablement les recettes immédiates de la vente des fourrures à York, mais des « colporteurs » anglais de Montréal allaient bientôt mettre sur pied un commerce rival plus important et mieux organisé que ne l’avait été celui des Français. S’il eût existé un poste à l’intérieur des terres, la compagnie aurait été mieux préparée à faire face à la compétition acharnée de ses nouveaux rivaux anglais.

George E. Thorman

HBC Arch. A.5/1, ff.57d, 65d, 73d ; A.11/114, ff.109d, 149d, 156d, 159, 197d ; A.11/115, ff.2–3d, 7–8, 16, 23d, 37, 52d, 61–61d, 67d, 85, 87d, 97d, 101d.— Morton, History of the Canadian west.— E. E. Rich, The fur trade and the northwest to 1857 (Toronto, 1967) ; History of the HBC, I.

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George E. Thorman, « SMITH, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smith_joseph_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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