SMITH, JOHN, marchand et homme politique, né vers 1819 aux États-Unis, de parents allemands ; probablement vers 1849, il épousa une dénommée Mary, et ils eurent au moins dix enfants ; décédé le 29 septembre 1881 à Toronto.
John Smith ne possédait aucun capital, dit-on, lorsqu’il arriva en 1841 à Toronto, en provenance des États-Unis. Il se lança dans le commerce de l’épicerie au détail et, à la fin des années 1850, il était devenu épicier grossiste et marchand-commissionnaire ; il avait déjà amassé une assez jolie fortune. En 1860, il se joignit à la nouvelle firme d’épicerie en gros d’Alexander Mortimer Smith, dans laquelle il investit environ $60 000. L’A. M. Smith Company mena un vaste et profitable commerce avec Halifax et les diverses régions de l’Ontario. John et Alexander Mortimer Smith furent également mêlés au prospère commerce du bois en Ontario et ils collaborèrent probablement avec le frère d’Alexander Mortimer, John B., qui avait des intérêts dans un moulin à scier et des concessions forestières situées dans le comté de Simcoe, et dans un atelier de rabotage et une fabrique de châssis et de fenêtres à Toronto. Le succès financier de l’A. M. Smith Company ne nous est pas connu dans tous les détails, mais une évaluation faite par la R. G. Dun and Company de New York (firme déterminant la cote de crédit des compagnies) en 1863 nous apprend que l’entreprise était « prudente, économique et sûre ». Lorsqu’en 1865 Alexander Mortimer Smith quitta les affaires, John Smith se porta acquéreur de la compagnie et lui donna son nom. Il conclut de nouvelles associations en 1867 et 1868, puis il abandonna complètement le commerce de l’épicerie, semble-t-il, à la fin de la décennie.
Au début des années 1870, Smith plaça ses capitaux dans des biens immeubles et des valeurs de banque, et dans la Sessions, Turner and Cooper Wholesale Boot and Shoe Company, la plus grosse fabrique de chaussures à Toronto. Fondée au milieu des années 1860 par J. D. Sessions, John Turner et James Cooper, cette compagnie avait connu une expansion rapide et, une première fois en 1870, elle ouvrit de nouveaux ateliers munis d’un équipement moderne, puis de nouveau en 1872, grâce à un investissement de $50 000 que fit Smith dans l’entreprise, dans laquelle il fit entrer son fils, John C., en qualité d’associé. Quand Turner prit sa retraite en 1874, la compagnie adopta le nom de Sessions, Cooper and Smith. Employant plus de 500 hommes et femmes, elle fit un énorme chiffre d’affaires jusqu’à la fin des années 1870, mais ses marges de profit diminuèrent à cause d’une concurrence très vive dans ce secteur de l’industrie, qui souffrait en outre de surproduction. Les capitaux de Smith étaient essentiels à l’entreprise, comme le firent observer à plusieurs reprises les perspicaces rapports d’évaluation de la R. G. Dun and Company durant la dépression des années 1870. Affirmant qu’il était « trop engagé avec eux pour se retirer aisément », Smith avança à ses associés une somme additionnelle dépassant $50 000 avant la fin de la décennie.
Dans les années 1850, Smith avait acquis de vastes propriétés rue Isabella, juste au sud de la rue Bloor, endroit qui était, à cette époque, bien au nord du centre de la ville. Il se construisit une vaste maison en brique de trois étages, et, à mesure que la ville s’étendit, il aménagea le secteur avoisinant. En 1880, il possédait huit autres grandes maisons dans la même rue. De plus, il faisait partie du conseil d’administration de l’Imperial Bank, de la Compagnie d’assurance de l’Amérique britannique et de la Freehold Loan and Savings Company. En 1877, Smith se lança dans la politique municipale et il fut élu, à trois reprises, échevin du quartier St James ; il s’abstint de se porter candidat en 1880. Réformiste en politique, il était considéré à l’hôtel de ville comme un homme prudent qui était « un champion de l’honnêteté et de l’économie ». Franc-maçon, il se montra particulièrement actif dans les années 1860.
Smith mourut accidentellement sous les roues d’un tramway à Toronto. On estima que ses biens atteignaient presque la somme de $350 000. Sa fortune avait grandi avec l’expansion de la ville. Il avait mené une carrière typique de celle d’un marchand torontois, à ceci près qu’il se targuait d’être passé de la pauvreté à la richesse et qu’il avait épousé une catholique même s’il était de confession presbytérienne.
APC, RG 31, A1, 1861, 1871, Toronto, St James’ Ward (mfm aux AO).— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 26.— CTA, Toronto assessment rolls, St James’ Ward, Isabella Street, 1861, 1871.— York County Surrogate Court (Toronto), no 4 374, testament de John Smith, 12 oct. 1881 (mfm aux AO).— Toronto City Council, Minutes of proc. (Toronto), 1877–1880.— Evening News (Toronto), 30 sept. 1881.— Evening Telegram (Toronto), 30 sept. 1881.— Globe, 18 nov. 1870, 30 sept. 1881.— Toronto World, 30 sept., 1er, 2, 4 oct. 1881.— Toronto directory, 1846–1883.— G. S. Kealey, « The working class response to industrial capitalism in Toronto, 1867–1892 » (thèse de ph.d., Univ. of Rochester, N.Y., 1977) ; « Artisans respond to industrialism : shoemakers, shoe factories and the Knights of St. Crispin in Toronto », SHC Communications hist., 1973 : 137–157.
Gregory S. Kealey, « SMITH, JOHN (mort en 1881) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smith_john_1881_11F.html.
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Auteur de l'article: | Gregory S. Kealey |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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