SMITH, JAMES, instituteur, agriculteur et écrivain, né à Caraquet, Nouveau-Brunswick, le 5 septembre 1820 ; il épousa Flavie Fournier ; décédé à Matapédia, Québec, le 18 mai 1888.

Bien que nous connaissions peu de chose de la vie de James Smith, ce que nous en savons révèle une existence assez mouvementée. Après des études au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, au Bas-Canada, il serait entré au grand séminaire de Québec qu’il quitta peu de temps après pour exercer ce qui fut sans doute sa principale occupation : l’enseignement. Se personnifiant sous les traits de Pierre, dans son volume les Soirées de la Baie-des-Chaleurs [...], publié en 1883, il nous apprend que « l’instituteur qui s’appelait Pierre, avait enseigné longtemps dans la province de Québec et dans le Nouveau-Brunswick, où il fonda une école en opposition à la loi athée ». Et il ajoute : « Plus tard, il passa aux États-Unis, travailla à y fonder des écoles catholiques pour les Canadiens et eut le bonheur de voir cette œuvre grandir, se propager et devenir le premier et le principal objet dont s’occupent aujourd’hui nos frères expatriés. » En 1856, Smith fut professeur d’anglais et de mathématiques au nouveau collège industriel de Rimouski, au Bas-Canada, et, de 1862 à 1865, il enseigna l’agriculture au nouveau collège de Rimouski.

Smith fut toujours un homme profondément religieux. En tant que père de François-Xavier-Louis-Théodule, premier prêtre ordonné dans le diocèse de Rimouski, il bénéficia des attentions et des faveurs de l’autorité diocésaine envers laquelle il manifesta toujours la plus grande déférence. En 1878, une circonstance particulière aurait pu troubler cette attitude de soumission et de respect. Smith s’était choisi, dans le premier rang du canton de Causapscal, le long du chemin Matapédia dont il avait dirigé lui-même une partie des travaux, un lot de colonisation. Or, après en avoir fait don aux autorités religieuses en vue de l’érection d’un temple paroissial, Smith voulut le reprendre lorsque Mgr Jean Langevin* décida de construire l’église sur un site plus conforme à la répartition géographique de la population croissante de Causapscal et accorda la jouissance de ce fameux lot 29 à un certain Ferdinand Hepel. Les deux cultivateurs firent valoir leurs droits avec vigueur auprès de l’autorité diocésaine de Rimouski. Dans une lettre au vicaire général Edmond Langevin, Hepel trace ce portrait de Smith : « Toute sa vie n’a été qu’un projet continuel qui n’a obtenu aucun bon résultat. Il a tout essayé, instruction, mécanisme, commerce, navigation et culture et il n’est jamais arrivé à aucun but, adoptant un genre de culture contraire au bon sens des cultivateurs aisés. Il n’a jamais réussi à vivre de sa culture avec ses enfants néanmoins capables de l’aider, semant hors de saison, terminant ses semences au temps où on est ordinairement près des récoltes. » L’animosité de Hepel envers Smith explique sans doute les exagérations de ce texte, qui constitue néanmoins un témoignage instructif sur les nombreux métiers exercés par Smith.

C’est toutefois comme écrivain que Smith a laissé les témoignages les plus directs sur sa personnalité et sur les valeurs qui l’animaient. Sa collaboration occasionnelle au Canadien et à la Vérité, deux journaux de Québec, et au Moniteur acadien de Shédiac, au Nouveau-Brunswick, reprend, en les circonstanciant, les thèmes développés dans trois modestes publications. La dernière, les Soirées de la Baie-des-Chaleurs, publiée en 1883, constitue une sorte de traité sur l’éducation. Les idées de Smith sur ce sujet s’inspirent directement de celles, de Mgr Jean-Joseph Gaume : « C’est l’éducation qui fait l’homme. » L’éducation religieuse, voilà le seul moyen de vaincre les maux de l’époque inspirés par la franc-maçonnerie : le libéralisme catholique, l’irréligion, la séparation de l’Église et de l’État, l’irrespect de l’autorité dont le principal dépositaire est le prêtre.

Dans un autre domaine, Smith se situe dans la lignée des nombreux auteurs qui, pendant la période qui va de 1830 à 1870 environ, ont beaucoup écrit sur l’agriculture. Dans son deuxième ouvrage, un petit traité intitulé les Éléments de l’agriculture [...], publié en 1862, il veut démontrer que l’agriculture est « le premier, le plus utile et conséquemment le plus noble des arts. À sa suite marchent la prospérité et la richesse des nations. » La diversité des intérêts de Smith s’était aussi manifestée six ans plus tôt dans une brochure, Havre de refuge [...], traitant des problèmes de transport dans le bas Saint-Laurent.

L’œuvre écrite de Smith révèle un homme qui, se situant dans le grand courant conservateur et ultramontain de la seconde moitié du xixe siècle, a œuvré avec sincérité et ardeur à la promotion de l’agriculture, de l’éducation et de la foi catholique.

Noël Bélanger

James Smith est l’auteur de : Havre de refuge ; Rimouski vs. Bic et chemin de fer des Trois Pistoles (Québec, 1856) ; les Éléments de l’agriculture à l’usage de la jeunesse canadienne (Québec, 1862) ; et les Soirées de la Baie-des-Chaleurs, ou entretiens sur l’éducation de l’enfance (Montréal, 1883).

AP, Saint-Laurent (Matapédia), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 18 mai 1888.— Arch. de l’archevêché de Rimouski (Rimouski, Québec), 355.146.— Wallace, Macmillan dict.— Charles Guay, Chronique de Rimouski (2 vol., Québec, 1873–1874), II : 274.— Lareau, Hist. de la littérature canadienne, 362.— « Les disparus » , BRH, 34 (1928) :640.

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Noël Bélanger, « SMITH, JAMES (1820-1888) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smith_james_1820_1888_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    1 décembre 2024