SMITH, ANDREW MURRAY, pépiniériste et auteur, né le 24 septembre 1832 à Brandon, Vermont, fils d’Abel Smith et de sa femme Elizabeth ; le 28 janvier 1862, il épousa à Lockport, New York, Annie J. Gibbs, et ils eurent six enfants, puis une prénommée Matilda, et ils eurent un fils et deux filles ; décédé le 19 octobre 1910 à St Catharines, Ontario.

Andrew Murray Smith vécut dans une ferme de Brandon jusqu’à l’âge de 12 ans. Cette période de sa vie prit fin lorsque son père perdit sa terre à la suite de la faillite d’une société pour laquelle il s’était engagé à produire du charbon de bois. Avec leurs six enfants, Abel et Elizabeth Smith partirent pour l’ouest de l’État de New York où, vers 1846, ils achetèrent une ferme à Hartland. Pendant les mois d’hiver, Andrew Murray fréquentait l’école du district ; à 20 ans, il passerait six semaines à la Yates Academy de Yates, non loin de là. Dans le courant de l’été de 1852, il devint apprenti chez un pépiniériste et producteur de pêches de Lockport, E. Moody.

Au cours de l’automne, la foudre blessa si gravement Smith qu’il fut incapable de travailler durant deux ans. Il avait des dettes envers son médecin, qui lui laissait peu d’espoir de prendre vraiment du mieux. Résolu pourtant « à ne pas abandonner », il se fit représentant de commerce. Pendant les deux années suivantes, dans les périodes où il se sentait assez bien, il « sillonna le pays », vendant entre autres de l’assurance, des livres et des arbres, et, peu à peu, il se rétablit.

Au cours de ces années, Smith visita Grimsby, dans la péninsule haut-canadienne de Niagara, et comprit que cette région, où l’on cultivait déjà des fruits pour la consommation locale, serait « un bon endroit pour exploiter des vergers et des pépinières ». De retour en 1856, il s’associa à Charles Edward Woolverton pour produire et distribuer des fruits et de jeunes plants. Ils aménagèrent sur une partie de la ferme de Woolverton, rappela par la suite Smith, « un verger d’environ 600 pêchers ainsi qu’une pépinière d’environ 6 000 jeunes pommiers et quelques poiriers, pruniers, cerisiers etc., soit en tout huit ou dix mille arbres ». Bien que Chauncey et Delos White Beadle aient exploité une plus grosse pépinière à St Catharines, le verger commercial de pêchers de Woolverton et Smith était alors le plus grand de la péninsule.

À l’encontre de ce que prédisaient les anciens de l’endroit, à savoir que Woolverton et Smith ne vendraient jamais de grandes quantités de pêches et d’arbres fruitiers, leur entreprise connut beaucoup de succès. Au début, Smith bâtit une clientèle en vendant des pêches importées du verger de Moody à Lockport. Quand les arbres de l’entreprise commencèrent à produire, il convainquit une compagnie d’exprès d’ouvrir un bureau à Grimsby. Comme la ville se trouvait sur le trajet du Great Western Railway, Woolverton et Smith pouvaient expédier des fruits dans des centres approvisionnés auparavant par les États-Unis. En outre, Smith persuada plusieurs négociants américains de fruits, dont la Curtis and Company de Boston, d’acheter des pommes de Grimsby, et il trouva des débouchés en Grande-Bretagne pour les pommes du Canada.

Une fois que les fermiers de Grimsby et des cantons voisins eurent constaté que la culture fruitière pouvait être de meilleur rapport que la polyculture, la production grimpa. Pour acheminer rapidement au marché les pêches, fruits à la chair tendre, on mit en service des wagons spéciaux. La région devint le « jardin de pêches du Canada ». La culture et l’exportation des fruits contribuaient de façon importante au redressement de l’économie agricole de la péninsule, qui était basée sur les céréales, mais selon Smith, un des grands avantages de ces activités était qu’elles attiraient des immigrants en leur donnant la preuve que le climat était doux. En 1859, Smith, Woolverton, Delos White Beadle et 15 autres arboriculteurs fondèrent la Fruit Growers’ Association of Upper Canada (la Fruit Growers’ Association of Ontario à compter de 1868). Smith allait en être président en 1890 et faire partie du conseil d’administration durant toutes les années 1890.

Vers 1870, Woolverton et Smith mirent fin à leur association et Woolverton céda sa terre à son fils Linus*. Smith, qui avait acheté une terre dans le canton de Grimsby, continua son négoce sous son propre nom et sous la raison sociale de Dominion Nurseries, entreprise qui aurait par la suite des succursales à Drummondville (Niagara Falls), Lockport et St Catharines. Il s’était établi à Lockport en 1869, mais revint bientôt dans la péninsule. Résident de Drummondville de 1872 à 1880, il vécut un moment à Port Dalhousie au début des années 1900, mais, autrement, il passa le reste de sa vie à St Catharines. Sous le nom de A. M. Smith and Company, il continua de produire et de vendre des fruits et des plants d’arbres fruitiers, parfois avec des associés, dont Dennis Vanduzer au début des années 1880, Dymore Kerman à la fin des années 1880, H. C. Kerman au début des années 1890 et Edwin L. Reed de 1899 à 1908 au moins. Au fil des ans, il annonça des « prix adaptés à l’époque », et expliqua qu’il n’employait pas de voyageurs de commerce et n’avait jamais « vanté ni vendu une variété qui, à [son] avis, n’[était] pas vraiment bonne ».

En 1880, avec quatre autres personnes, Smith fonda la Niagara District Fruit Growers’ Joint Stock Company Limited. Société d’entraide vouée à la coordination de la distribution et de la mise en marché, c’était aussi la première coopérative fruitière en Ontario. Toujours pour encourager la production de fruits de qualité, il appartint au bureau de contrôle des Ontario Fruit Experiment Stations à compter de la première réunion de l’organisme, en 1894, jusqu’en 1906 au moins. Composé des dirigeants et des administrateurs de la Fruit Growers’ Association of Ontario, ainsi que de représentants de l’Ontario Agricultural College and Experimental Farm et du département provincial de l’Agriculture, le bureau guidait la sélection des cultivars à soumettre à des tests et supervisait la publication des résultats.

Sans être avant tout un auteur, Smith écrivit sur l’horticulture et l’agriculture au Canada. Il remporta un prix pour un exposé rédigé en 1873 sur les « supercheries des malhonnêtes colporteurs d’arbres », commerçants qui mettaient en péril la réputation des pépiniéristes honnêtes en vendant de porte en porte des plants de piètre qualité. Pendant plusieurs décennies, il présenta des communications aux réunions de la Fruit Growers’ Association, qui les publiait dans ses rapports annuels. Pour le mensuel de l’association, le Canadian Horticulturist, il écrivit par exemple, en 1897, un rapport sur la prune du Japon. Les producteurs de la zone propice à la culture de la pêche pouvaient, disait-il, « planter généreusement », mais ceux des régions plus froides feraient mieux d’attendre les tests de rusticité en cours dans les stations expérimentales. Bien que ses textes’ aient paru à l’occasion dans la presse agricole, il écrivait surtout pour les producteurs spécialisés. Même en 1908, on le trouvait parmi les « collaborateurs spéciaux » du Weekly Fruit Grower, Market Gardener & Poultryman de Grimsby.

Smith reçut à plusieurs reprises des distinctions de ses collègues. En 1888, la Fruit Growers’ Association of Grimsby reconnut qu’il avait énormément encouragé « la culture des gros et petits fruits » dans la péninsule. La Fruit Growers’ Association of Ontario le nomma membre à vie en 1900 et administrateur honoraire l’année suivante. Elle lui rendit à nouveau hommage quand elle célébra, en 1909, le cinquantenaire de sa fondation ; il était alors, de tous les membres fondateurs, le seul survivant.

Au moment de la mort d’Andrew Murray Smith, en 1910, la production fruitière était « la plus connue et la plus lucrative de toutes les industries de la péninsule de Niagara ». On trouvait 90 % des pêchers du Canada se trouvaient en Ontario, et de ce nombre, 95 % étaient dans la péninsule. De l’avis général, Smith avait, plus que quiconque, compris et mis en valeur le potentiel de la région du fait de son climat, de ses sols et de son emplacement stratégique.

Pleasance Crawford

Andrew Murray Smith a publié plusieurs articles sur l’horticulture dans Annual report de la Fruit Growers’ Assoc. of Ontario (Toronto) : « Prize essay on impositions of dishonest tree pedlars », 1873 : 38s. ; « Farmers’ gardens and lawns », 1883 : 44s. ; « Fruit growing in the Niagara district », 1889 : 110–113 ; « Fruit growing in Ontario and how to make it pay », 1893 : 16s. ; « Frauds in fruits at fairs », 1898 : 3s. ; et « Fifty years’ peach culture in Ontario », 1909 : 40–43. Le dernier a paru ensuite sous le titre de « Fifty years of peach culture in Ontario », dans Niagara Hist. Soc., [Pub.] (Niagara [Niagara-on-the-Lake], Ontario), no 36 (1924) : 3–8. Smith a rédigé les articles suivants pour Canadian Horticulturist (Toronto et Grimsby, Ontario) : « Horticulture and the young », 11 (1888) : 75s. ; « About Japan plums–are they hardy ? », Canadian Horticulturist (Toronto), 20 (1897) : 180 ; et « Fruit growing in the early days », 26 (1903) : 19–21. Smith a aussi écrit « Overstocking the fruit market », Canada Farmer (Toronto), 9 (1872) : 146 ; « Experimenting with new fruits », Farmer’s Advocate and Home Magazine, 15 févr. 1893 : 69 ; et « Planting and caring for fruit trees », Farming, 14 : 490–493.

On trouve de la réclame pour les pépinières de Smith dans Semi-Weekly Post (St Catharines, [Ontario]), 4 mai 1860 et numéros suivants ; Canada Farmer, 2 (1865), 1er–15 mars ; 5 (1868), 15 févr.–2 mars ; 6 (1869), 15 mars ; et Welland Tribune and Thorold Mercury (Welland, Ontario), 25 août 1876, etc. Deux de ses catalogues sont conservés dans la collection privée de John Burtniak, de St Catharines : A. M. Smith & Co’s catalogue of small fruit plants, grape vines, &c. grown at the Dominion Fruit Gardens, St. Catharines, Ontario, and fruit and ornamental trees, grown at the Dominion Nurseries, Grimsby, Ontario (St Catharines, s.d. [publié dans les années 1880]) et Price list, spring and fall 1908 ; Dominion Nurseries, established 1860 ; the Smith & Reed Co., St. Catharines, Ontario ([St Catharines, 1908]).

AO, RG 22, Ser. 235, n° 3304 ; RG 55, partnership records, Niagara North County, declarations, nos 279, 389, 434, 586.— Daily Standard (St Catharines), 19 oct. 1910 : 4.— Farmer’s Advocate and Home Magazine, 27 oct. 1910.— Canadian Horticulturist, 33 (1910) : 265.— Pleasance Crawford, « Some early Niagara peninsula nurserymen », Agriculture and farm life in the Niagara peninsula : proceedings, fifth annual Niagara peninsula history conference, Brock University, 16–17 April 1983, John Burtniak et W. B. Turner, édit. (St Catharines, 1985), 63–90.— Daryll Crewson et Ralph Matthews, « Class interests in the emergence of fruit-growing cooperation in Lincoln County, Ontario, 1880–1914 », Canadian papers in rural history, D. H. Akenson, édit. (8 vol. parus, Gananoque, Ontario, 1978–  ), 5 : 23–19.— Standard cyclopedia of horticulture [...], L. H. Bailey, édit. (6 vol., New York, 1914–1917), 3 : 1596s. (l’entrée sur Smith est de Linus Woolverton).— C. E. Woolverton, « Horticultural reminiscences », Canadian Horticulturist, 20 : 52–54.— [Linus Woolverton ?], « Some prominent Canadian horticulturists – III : A. M. Smith, the vice-president of the Fruit Growers’ Association of Ontario », Canadian Horticulturist, 11 : 74s.

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Pleasance Crawford, « SMITH, ANDREW MURRAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smith_andrew_murray_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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