SKIRVING, CATHERINE SEATON (Ewart), philanthrope, née le 10 mars 1818 à Musselburgh, Écosse, quatrième fille de Margaret Wardlaw et de John Skirving, fermier, ingénieur et évaluateur foncier ; le 1er septembre 1846, elle épousa à Toronto Thomas Ewart ; décédée le 7 mai 1897.

Quelques mois seulement après son arrivée dans le Haut-Canada avec sa famille en 1833, John Skirving fut emporté par une brève maladie. Laissées sans ressources, sa veuve et ses filles déménagèrent plusieurs fois et essayèrent de se tirer d’affaire par divers moyens avant de s’établir à Toronto, en 1840, où elles fondèrent une « école de jeunes filles ». Six ans plus tard, Catherine Seaton Skirving épousait Thomas Ewart, barrister torontois d’avenir qui s’associa par la suite à Oliver Mowat*, époux de sa sœur Jane et futur premier ministre de l’Ontario. Atteint de phtisie, Ewart mourut en 1851 ; trois ans plus tard, Catherine partit avec ses trois enfants pour l’Écosse, où elle vécut jusqu’en 1859. De retour à Toronto, elle s’engagea dans des activités bénévoles et philanthropiques qui allaient occuper toute sa vie. À compter de 1863 et durant nombre d’années, elle fut secrétaire du Toronto Magdalen Asylum and Industrial House of Refuge, établissement qui deviendrait en 1884 le Toronto Industrial Refuge and Aged Woman’s Home et dont elle serait présidente de 1891 à 1895. L’organisme auquel elle consacra la plus grande partie de son énergie fut toutefois la Woman’s Foreign Missionary Society, qui relevait de l’Église presbytérienne en Canada (division de l’Ouest).

Membre fondatrice de cette société en mars 1876, Catherine Skirving en devint présidente en 1881, poste qu’elle occuperait jusqu’à sa mort. Sous sa direction, la société missionnaire recruta plus de 16 000 femmes et acquit dans l’Église presbytérienne la réputation de mener ses affaires avec « méthode et discipline ». Section auxiliaire du Foreign Mission Committee, entièrement composé d’hommes, la Woman’s Foreign Missionary Society n’en devint pas moins une organisation puissante : elle assurait presque toute la publicité des missions administrées par le Foreign Mission Committee et fournissait entre le tiers et la moitié de l’argent qui leur était destiné. Outre le soutien accordé aux activités missionnaires des femmes célibataires qui œuvraient dans le centre de l’Inde et l’Extrême-Orient, la Woman’s Foreign Missionary Society finançait le travail des missionnaires tant masculins que féminins qui vivaient parmi les Indiens de la Colombie-Britannique et du Nord-Ouest canadien (que l’Église de l’époque désignait comme territoires étrangers).

Lorsque la présidente du nouveau Conseil national des femmes du Canada, lady Aberdeen [Marjoribanks*], lui demanda personnellement en 1894 que la Woman’s Foreign Missionary Society s’affilie au conseil, Catherine Skirving refusa : une telle affiliation lui paraissait inopportune puisque la société était un groupe auxiliaire et devait accorder la primauté à ses obligations à l’étranger. De même, sous sa direction, la société évita les liens officiels avec d’autres organismes non missionnaires comme la Woman’s Christian Temperance Union (quoique ses membres aient été actives, à titre personnel, dans des groupes de ce genre), et refusa de se charger des missions au Canada. Au cours des années 1890, Catherine Skirving joua un rôle de premier plan dans les démarches entreprises par la société en vue de fonder un institut de formation pour les femmes qui souhaitaient devenir missionnaires. En octobre 1897, soit cinq mois environ après sa mort, on inaugura dans son ancienne résidence le Ewart Missionary Training Home. Elle avait laissé 2 000 $ pour aider les étudiantes nécessiteuses qui souhaitaient fréquenter ce foyer et pour régler d’autres dépenses spéciales non prévues au budget.

Le seul fils de Catherine Seaton Skirving, John Skirving Ewart*, avocat bien connu et autorité en matière constitutionnelle, rejeta le presbytérianisme loyal de sa mère et l’attitude impérialiste dont se doublait généralement l’enthousiasme des protestants du Canada envers les missions étrangères. Cependant, ses deux filles, Louise E. et Jane Emily, collaborèrent avec le même zèle que leur mère aux œuvres de l’Église presbytérienne et à ses entreprises missionnaires à l’étranger. Elles firent toutes deux partie de la direction de la Woman’s Foreign Missionary Society, et Jane Emily en devint présidente en 1911.

Ruth Compton Brouwer

UCC-C, Presbyterian Church in Canada (Western Division), Woman’s Foreign Missionary Soc., Board of Managers, minutes, 6 (1889–1890), 1er oct. 1889 ; 10 (1893–1894), 20 févr. 1894 ; 12 (1896–1897), 3 nov. 1896, 18 mai 1897. « The late Mrs. Ewart », Canada Presbyterian (Toronto), 26 mai 1897 : 336–337.— Presbyterian Church in Canada (Western Division), Woman’s Foreign Missionary Soc., Annual report (Toronto), 1877–1897/1898, 1910–1911, 1913–1914.— A. F. Robinson, A quarter of a century (1876–1901) ; sketch of the Woman’s Foreign Missionary Society of the Presbyterian Church in Canada (W.D.) (Toronto, 1901).— « The theological and missionary training of women », Westminster (Toronto), [2e] sér., 3 (juill.–déc. 1897) : 295–296.— D. L. Cole, « The better patriot : John S. Ewart and the Canadian nation » (thèse de ph.d., Univ. of Wash., Seattle, 1968).

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Ruth Compton Brouwer, « SKIRVING, CATHERINE SEATON (Ewart) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/skirving_catherine_seaton_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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