SIMONET (Simmonet) DABERGEMONT, JACQUES, maître de forges et associé dans les forges du Saint-Maurice, né à Dompierre, dans le diocèse de Langres, France, fils de Jean-Baptiste Simonet et d’Élisabeth Bériault ; il épousa d’abord, en France, Marie Foissey, puis, à Trois-Rivières, Geneviève, fille de Lambert Boucher* de Grandpré et veuve de Charles Hertel de Chambly ; inhumé à Trois-Rivières le 21 mai 1742.

On ne sait rien de précis sur les activités de Jacques Simonet d’Abergemont en France avant son arrivée dans la colonie en 1736. Au xviiie siècle, l’industrie du fer était assez populaire dans sa région natale en Champagne, où les membres de la petite noblesse et, des services administratifs étaient souvent sérieusement engagés dans cette industrie.

C’est surtout Maurepas, le ministre de la Marine, et Gilles Hocquart*, l’intendant de la colonie, qui s’occupèrent de recruter Simonet pour aider à l’établissement des forges du Saint-Maurice. Tous deux prétendaient que la venue d’un second maître de forges qui viendrait prêter main-forte à Pierre-François Olivier* de Vézin, le maître de forge, français arrivé en 1735, accélérerait la mise sur pied de cette industrie. En acceptant de s’établir en Nouvelle-France, Simonet posa comme condition d’être associé dans la compagnie qui allait être formée ; il devint partenaire de Vézin et des Canadiens François-Étienne Cugnet, Ignace Gamelin*, fils, et Thomas-Jacques Taschereau. En plus d’être associé, il allait, comme Vézin, toucher un salaire annuel qui serait porté aux dépenses de la compagnie plutôt que d’être pris à même les profits. Il n’agit comme maître de forges qu’en l’absence de Vézin ; sa fonction était surtout de recruter de la main-d’œuvre qualifiée en France, tâche dont il s’acquitta si bien que les maîtres de forges français se plaignirent à Maurepas qu’il leur enlevait leurs ouvriers, dont certains avaient contracté de lourdes dettes avec leurs anciens employeurs.

À l’instar de Vézin, Simonet ne se faisait pas faute de profiter de sa situation : en 1739, il emmena dans la colonie, aux frais du gouvernement, son fils Jean-Baptiste, né de son premier mariage, et l’embaucha aux forges. Il semble toutefois que le père et le fils aient joui de l’estime des autorités locales.

En 1739–1740, comme Vézin se trouvait en France, Simonet devint de facto maître de forges, quoique avec des pouvoirs réduits ; en fait, l’approvisionnement des fournitures pour les forges aux fins de construction et d’entretien des ouvriers fut confié à un sous-entrepreneur. Durant l’absence de Vézin, on tenta à plusieurs reprises de mettre de l’ordre dans les affaires de la compagnie, dont la situation financière était source de grande inquiétude. Simonet et Vézin furent rémunérés à la pièce, pour une somme ne dépassant pas leur ancien salaire annuel ; pour Simonet, celui-ci consistait en un montant annuel de 1 500#, auquel s’ajoutaient logement et pension d’un coût assez élevé.

Les disputes entre associés étaient fréquentes vers la fin de 1741 ; la compagnie fit faillite la même année. Simonet prit la défense de Vézin, son collègue de la métropole, accusé d’avoir été trop entreprenant avec les ressources dont il disposait, mais contrairement à celui-ci, il ne souffrit jamais des invectives de ses associés canadiens. Au plus fort des difficultés, Simonet offrit sérieusement à Maurepas de prendre l’industrie à son propre compte ; ayant été incapable de prouver qu’il possédait le capital nécessaire, il se vit refuser une demande pourtant bien intentionnée. Il mourut peu de temps après. En 1743, les forges durent passer des mains de particuliers au Domaine du roi ; c’est à cette époque que la dette de Simonet et de ses partenaires envers la couronne fut annulée.

Jouissant d’une bonne réputation, Jean-Baptiste Simonet avait remplacé Vézin comme maître de forges en 1741, au moment où Hocquart nommait un subdélégué, Guillaume Estèbe*, pour administrer les forges. La confiance d’Hocquart et de Maurepas fut vite mise à l’épreuve : Jean-Baptiste se servit à même les fonds et les produits. Hocquart fit des démarches pour qu’il retourne en France en 1742.

On ne peut évidemment pas tenir Jacques Simonet responsable de la conduite de son fils. Même s’il était plus honnête que son fils, il n’était pas sans rechercher lui aussi ses propres intérêts. Après la débâcle de la faillite, il se montra intransigeant envers ses ex-associés. Il avait envisagé d’aider Louis Lepage de Sainte-Claire à établir des forges sur les propriétés de ce dernier situées à Terrebonne, pendant qu’il était associé dans les forges du Saint-Maurice. À l’instar de plusieurs autres qui vinrent dans la colonie avec des connaissances spécialisées, il tenta, bien qu’avec peu de succès, d’obtenir tout ce qu’il put, illustrant ainsi le type du métropolitain voire, doit-on ajouter, du citoyen de la Nouvelle-France.

Cameron Nish et Claude Richard

ANQ, NF, Coll. de pièces jud. et not., 1 176.— RAC, 1904, app. K, passim.— Dictionnaire national des Canadiens français (1608–1760) (2 vol., Montréal, 1958), II.— Tanguay, Dictionnaire.— Sulte, Mélanges historiques (Malchelosse), VI.— Albert Tessier, Les forges Saint-Maurice, 1729–1883 (Trois-Rivières, 1952).

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Cameron Nish et Claude Richard, « SIMONET (Simmonet) D’ABERGEMONT, JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/simonet_d_abergemont_jacques_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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