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SHEARER, JAMES, charpentier et fabricant de bois d’œuvre, né le 31 juillet 1822 à Rosegill, près de Dunnett, Écosse, fils de Traill Shearer et de Christian Simpson ; le 23 juin 1848, il épousa Eliza Graham, de Montréal, et ils eurent cinq filles et trois fils ; décédé le 13 septembre 1906 à Montréal.
James Shearer naquit dans le nord-est de l’Écosse. Après des études élémentaires, il fut apprenti chez un charpentier et constructeur de moulins de sa localité, puis travailla pour un constructeur à Wick. Comme nombre de ses compatriotes et contemporains, il décida d’émigrer dans l’espoir de se faire une place au soleil. En mai 1843, il partit pour Montréal, où il avait déjà de la parenté.
Shearer occupa d’abord, durant trois ans, un emploi chez Edward J. Maxwell, charpentier, constructeur et marchand de bois. Ensuite, il travailla à Québec, à la construction d’un hôpital à l’épreuve des bombes à la citadelle. De retour à Montréal en 1850, il exécuta des travaux de menuiserie pour les cabines et l’intérieur de beaucoup des navires à vapeur qui se construisaient alors, dont ceux d’Augustin Cantin*. C’est ce qui l’amena à louer en 1853 un lot avec installation hydraulique à l’écluse Saint-Gabriel, sur le canal Lachine, et à ouvrir une manufacture de portes, châssis et moulures. Le travail du bois était mécanisé depuis le début du xixe siècle, mais il ne le fut pas sur une grande échelle avant les années 1850. Shearer fut un pionnier dans la fabrication en série de produits en bois. Dès 1856, il employait 55 ouvriers et avait 32 machines à moteur.
Au début des années 1860, Shearer résolut de se lancer dans le secteur primaire. Avec le teneur de livres Jonathan Brown, il fonda la Shearer and Brown Company, qui exploitait une scierie à vapeur au sud de l’écluse Saint-Gabriel. Ainsi, Shearer était en mesure de produire aussi bien pour le secteur primaire que le secteur secondaire, ce qui fut la clef de sa réussite. En 1871, la manufacture de portes et. châssis comptait 80 employés et sa production était évaluée à 71 000 $ ; l’usine de sciage et de rabotage employait 26 personnes et produisait pour 40 800 $ de bois d’œuvre. La crise des années 1870 interrompit leur croissance, mais en 1887, la fabrique de portes et châssis, appelée la James Shearer Company, employait 125 ouvriers. L’année suivante, Shearer associa ses deux fils aînés à l’entreprise. Trois ans avant sa mort, la manufacture et la scierie fusionnèrent et prirent le nom de Shearer, Brown, and Wills Limited. En 1912, après la mort des associés fondateurs, l’entreprise allait être rebaptisée la James Shearer Company Limited.
Shearer était un novateur. On dit que, pour faire échec aux rigueurs de l’hiver canadien, il mit au point un toit concave à système d’égouttement. Ce toit était pourvu en son centre d’un tuyau d’évacuation ; l’eau descendait ainsi par l’intérieur du bâtiment, ce qui la protégeait du gel. Apparemment, le premier immeuble à être doté de ce genre de toit fut l’hôtel Windsor de Montréal, en 1877. Shearer conçut aussi un ambitieux plan de réaménagement du port de Montréal. En 1882, il proposa de construire, depuis le pied du pont Victoria jusqu’à l’île Sainte-Hélène, une immense digue sur laquelle passeraient un chemin de fer et une route, et de relier l’île à la rive sud du Saint-Laurent par un pont suspendu. Comme le « plan Shearer » aurait exigé d’importantes modifications aux installations du Grand Tronc, de la Commission du havre de Montréal et de divers transporteurs maritimes, il suscita une forte opposition. En mars 1883, le comité des chemins de fer et télégraphes des Communes rejeta donc le projet de loi constituant juridiquement la Compagnie du pont et de manufacture du Saint-Laurent, qui aurait mis le plan en œuvre.
Artisan chevronné, James Shearer mit ses compétences à profit au Canada. Il bâtit une entreprise florissante en alliant deux activités complémentaires, le sciage et la production de boiseries intérieures. Il manifesta aussi son esprit novateur en se lançant l’un des premiers dans la fabrication en série de produits en bois, en mettant au point un toit à système d’égouttement et en proposant un plan d’aménagement du port de Montréal.
AN, MG 28, III 102 ; RG 31, C1, 1871, Montréal, quartier Sainte-Anne.— ANQ-M, CE1-115, 15 sept. 1906 ; CE1-121, 23 juin 1848.— Montreal Daily Star, 14 sept. 1906.— An encyclopaedia of Canadian biography, containing brief sketches and steel engravings of Canada’s prominent men (3 vol., Montréal et Toronto, 1904–1907).— Annuaire, Montréal, 1850–1890.— F. F. Bateman, Reply to the Montreal Harbour engineer’s report on the St. Lawrence Bridge and Manufacturing scheme ([Montréal ?, 1882 ?]) ; St. Lawrence Bridge and Manufacturing scheme : engineer’s report 18th January, 1882 (Montréal, 1882).— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer.— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1856, app. 31.— Canadian annual rev. (Hopkins), 1906.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth).— John Kennedy, Report on the St. Lawrence Bridge & Manufacturing scheme (Montréal, 1882).— Montreal in 1856 : a sketch prepared for the celebration of the opening of the Grand Trunk Railway of Canada (Montréal, 1856).
Larry S. McNally, « SHEARER, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/shearer_james_13F.html.
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Auteur de l'article: | Larry S. McNally |
Titre de l'article: | SHEARER, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |