Titre original :  Photograph Francis Peabody Sharp saving apple seeds, Woodstock, NB, 1901 Edwin Tappan Adney 1901, 20th century Silver salts on glass - Gelatin dry plate process 16 x 21 cm MP-1979.111.108 © McCord Museum Keywords:  outdoor (47) , Photograph (77678) , portrait (53878)

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SHARP (Sharpe), FRANCIS PEABODY, arboriculteur, pomologue et homme d’affaires, né le 3 septembre 1823 à Northampton, Nouveau-Brunswick, fils d’Adam Boyle Sharp et de Maria Peabody ; le 31 décembre 1853, il épousa Maria Shaw, de Lower Wakefield, Nouveau-Brunswick, et ils eurent huit enfants dont quatre moururent avant lui ; décédé le 12 décembre 1903 à Woodstock, Nouveau-Brunswick.

Francis Peabody Sharp fut baptisé en l’honneur de son grand-père paternel, le capitaine Francis Alexander Sharp, qui avait servi dans la garnison britannique à Québec, et de son arrière-grand-père maternel, le capitaine Francis Peabody, qui avait combattu avec les troupes du Massachusetts pendant la guerre de Sept Ans et fondé Maugerville, sur la rivière Saint-Jean. Mais il n’est pas impossible qu’il ait tenu ses deux prénoms de son grand-oncle Francis Peabody*, fondateur de Chatham au Nouveau-Brunswick. Son père était entrepreneur forestier, marchand et magistrat rémunéré.

Sharp fît ses études à la grammar school du comté de Carleton. C’est pendant qu’il était commis et teneur de livres au magasin de son père, à Woodstock, que naquit sa passion pour la culture et la multiplication des arbres fruitiers. Il se lança dans l’exploitation d’une pépinière en 1846. Le carnet minuscule relié à la main dans lequel il tint minutieusement son journal de 1846 à 1850 indique à quelles expériences se livrait cet homme industrieux et obstiné. Pour réaliser des greffes, il importait des scions d’Angleterre ou en obtenait chez des arboriculteurs du Nouveau-Brunswick et du Maine. Il greffait des drageons et des greffons, et multipliait des arbres par semis. Ses plants étaient répartis dans des rangées et des carrés de terrain dont il notait soigneusement les numéros.

Sharp cultivait bon nombre de variétés connues de pommes, de prunes et d’autres fruits et légumes, mais il doit surtout sa réputation aux variétés et hybrides de pomme qu’il mit lui-même au point. La plus connue, obtenue par greffage de scions d’une essence originaire du Maine, était la pomme New Brunswick, appelée aussi New Brunswicker. À l’occasion d’un concours où étaient inscrites des pommes de tout l’est des États-Unis, il remporta, pour cette variété, le prix du meilleur baril ; dès lors, le succès en fut assuré. Sharp réalisa quelque 2 000 expériences d’hybridation à l’aide de la New Brunswick afin de produire d’autres variétés.

Alors que, avant 1850, on ne cultivait guère la pomme au Nouveau-Brunswick, la famille Sharp, à elle seule, en exporta 18 000 barils en 1890 à partir du comté de Carleton. Chaque année, elle en expédiait six ou sept wagons à Boston, à Portland et à New York, et des grossistes d’autres régions du Canada venaient s’approvisionner directement à Woodstock. Cependant, le tarif McKinley de 1890 rendit l’accès au marché américain beaucoup plus difficile.

Grâce à la productivité des vergers de Sharp, la région de Woodstock vit naître des industries connexes : tonnellerie, conserverie, emballage. Dans sa propre entreprise, rien ne se perdait. Sa fille aînée, Minnie Bell*, a décrit une énorme presse qu’il avait conçue pour la fabrication du vinaigre et qui fonctionnait nuit et jour : « Une équipe de dix à vingt hommes munis de broyeurs de pommes et de tout l’équipement nécessaire, disait-elle, étaient maintenus activement occupés. »

Sharp suivait les publications scientifiques et communiquait avec des spécialistes d’Ottawa et de l’Iowa Agricultural College, mais il était critique à l’endroit des méthodes de culture des fruits qu’ils prônaient. Ses propres techniques témoignaient de son sens de l’observation, car il constata qu’il pouvait obtenir un rapport optimum par acre en le cultivant avec soin, en épandant de l’engrais en abondance, en plantant des arbres nains à peu de distance les uns des autres et en veillant à ce que la croissance des racines et de la tête soit équilibrée. Tout désireux qu’il ait été de partager son savoir, il n’oubliait pas les besoins de sa famille. Ainsi, il écrivit à Minnie Bell, en parlant d’un article qu’il avait remis en 1896 à la Provincial Farmers’ and Dairymen’s Association of New Brunswick : « Tu verras qu’il est remarquable par ce qui est omis. [...] Bon nombre de mes découvertes feraient tellement baisser le coût de production des pommes que notre chiffre d’affaires s’en ressentirait. »

Doué pour la conversation, mélomane et bibliophile, généreux à l’excès, Sharp était dépourvu, semble-t-il, de plusieurs des qualités essentielles pour réussir en affaires. Durant de nombreuses années, il eut comme associé son beau-frère William Sperry Shea, qui fournissait le capital et, probablement, les compétences d’administrateur. Après la mort de Shea en 1876, le fils aîné de Sharp, Franklin, prit une place importante dans l’entreprise, et en 1887, Sharp lui céda la pépinière de Woodstock. En 1892, ils furent victimes d’un terrible incendie ; Franklin mourut la même année, et la propriété passa à ses jeunes sœurs.

Francis Peabody Sharp était très attaché à sa fille Minnie Bell, musicienne et organisatrice accomplie, et à son mari, non moins remarquable, l’artiste, naturaliste et ethnologue Edwin Tappan Adney*. Dans ses dernières années, c’est avec eux qu’il tenta de se refaire une situation.

C. Mary Young

On trouve un portrait à l’huile de Francis Peabody Sharp, exécuté par Edwin Tappan Adney, dans le Old Arts Building de la Univ. of N.B., Fredericton.

Les papiers de Sharp comprennent son journal personnel, 1846–1850, ainsi qu’une copie dactylographiée, et sa correspondance échangée avec Minnie Bell et d’autres ; ils sont conservés au Musée du N.-B., dans les papiers E. T. Adney. On y trouve aussi de la documentation sur la culture de la pomme, des notes biographiques concernant Sharp et rassemblées par Adney, ainsi que des documents et des coupures de journaux qui concernent la famille. Une partie de cette documentation sur microfiches est déposée aux APNB, sous la cote RS 184, A, dossier Adney.

APNB, RS62, 1876, W. S. Shea ; 1892, Franklin Sharp.— Carleton Sentinel (Woodstock, N.-B.), 18 déc. 1903 : 8.— Dispatch (Woodstock), 16 déc. 1903 : 1, 4.— David Folster, « Apple blossom time and the man who made Eden », Daily Gleaner, 23 mai 1984 : 16.— Press (Woodstock), 4 janv. 1904 : 4.— M. B. [Sharp] Adney, « Minnie Bell Adney, an autobiography », Carleton Sentinel, 10 oct. 1919 : 1, 8.— Bill Turney, « Adney game management area set up near Woodstock », Daily Gleaner, 20 mars 1965 (coupure de l’article déposée au Musée du N.-B., dans les papiers E. T. Adney).— E. B. DeMerchant, From humble beginnings : the story of agriculture in New Brunswick (Fredericton, 198[4]), 43s.

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C. Mary Young, « SHARP (Sharpe), FRANCIS PEABODY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sharp_francis_peabody_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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